Cet appartement n'était pas si mal. Il était encore mieux avec Eric à l'intérieur. Il faudrait peut être songer à construire un caveau à moins qu'il n'y ait déjà pensé avant elle. Dire qu'elle avait hésité à l'inviter, elle se serait ennuyée sans lui. Heureusement, elle avait enfin ouvert les yeux. Maintenant, le plus dur serait de le laisser partir. Avait-elle le droit de le retenir en otage ?
C'est ce qu'elle s'était dit en croisant le regard du viking, un sourire malicieux venant éclairer son visage comme si elle comptait vraiment le kidnapper.
Qu'est-ce qu'elle faisait debout ? C'était une excellente question. Elle préférait de loin rester au lit avec lui plutôt que de se promener seule dans cet appartement. Lançant un rapide coup d'oeil à la chambre, elle avait semblé se demander pourquoi elle s'était levée finalement. Haussant les épaules, sa seule réponse avait été de retourner auprès d'Eric.
L'un comme l'autre semblait parfaitement à l'aise avec sa nudité et Eden n'y voyait d'ailleurs rien de choquant. On aurait pourtant pu y trouver à redire si elle nous avait répondu qu'elle était son humaine après tout. Mais puisqu'il n'y avait personne pour poser des questions bien inutiles, il ne servait à rien de fournir des réponses incompréhensibles pour la plupart.

- Figure toi que je me suis posée la même question.

Autrement dit : elle ne comptait plus se lever de si tôt.
Est-ce qu'ils pouvaient vivre ici ? Passer tout leur temps au lit à faire l'amour autant qu'ils en auraient envie ? Elle n'avait aucune famille pour désaprouver et il devait bien s'en moquer aussi. A son âge, il avait bien le droit de faire ce qu'il voulait après tout.
Ne semblant pas gênée par la température anormalement froide des doigts du vampire, elle avait laissé son regard posé sur son visage qu'elle trouvait si parfait tandis que sa propre main semblait profiter d'un torse qui n'avait rien à changer lui non plus :

- Excuse moi, je trouverai bien un moyen de me faire pardonner. Ou toi de me punir si tu préfères.

Quoi ? Il n'y avait plus de moment parfait pour être pervers non ? Tout comme le temps ne semblait plus avoir ses limites.
De toute manière, elle s'en moquait bien. Elle avait l'impression de pouvoir faire tout ce dont elle avait envie sans se soucier du reste, et c'était plutôt agréable. Ici, seul Eric semblait avoir de l'importance. Pourquoi avait-elle mis tant de temps à s'en rendre compte ? C'est ce qu'il attendait qu'elle lui dise visiblement.
Affichant un air hésitant pour jouer, les baisers d'Eric semblaient avoir eu raison d'elle pour qu'elle finisse par répondre :

- Je t'ai desiré à la seconde où je t'ai vu.

Ce qui n'était pas vraiment une réponse à la question et ce qui aurait pu étonner n'importe qui. Elle avait ajouté quelques secondes plus tard :

- J'ai du en avoir assez d'être sage.

Pour céder au charme du vilain vampire ?
Le vilain vampire n'avait pas l'air si vilain que ça en ce moment. Finalement, elle ne se souvenait même plus pourquoi elle avait résisté à cette attirance un jour. Il lui avait toujours plu alors pourquoi se priver ?
Il y avait eu des réponses à cette question un jour ?
Ne cherchant même pas à trouver le pourquoi du comment, elle avait préféré se blottir contre lui, posant son visage contre la poids froide de son torse :

- On peut rester ici pour toujours ?

Toujours, ça ne fait pas un peu long pour un vampire millénaire ?
Appuyant son menton sur le dessus de sa main, elle avait fixé le visage d'Eric avec l'expression d'une gamine capricieuse sur le visage.

Dire qu’il y a encore quelques jours, elle lui reprochait des choses qui lui semblaient ce soir si insignifiantes. Ils étaient peut être différents, mais ça n’empêchait rien. Peu importe qu’ils ne soient pas du même monde, qu’ils ne se choquent pas devant les mêmes choses, tout ce qu’elle voulait elle pouvait l’avoir. Et ce tout n’était que pour lui. Tant qu’elle l’avait lui, le reste n’avait aucune importance. Finalement, elle avait perdu du temps en se posant des questions inutiles. Maintenant, il fallait rattraper ce qu’elle avait perdu par idiotie. Elle l’avait pour elle et elle ne voulait jamais le quitter. Elle ne doutait pas une seule seconde que la lassitude ne se ferait jamais sentir. Pas un instant elle ne pourrait se lasser de le regarder. Elle pouvait passer toutes ses nuits avec lui, le sommeil semblait si inutile quand elle se trouvait dans ses bras.
Comment avait-elle fait pour tenir si longtemps sans eux ?

- Tu pourrais, j’ai été si vilaine.

L’air coquin sur son visage rendait inutile tout ajout supplémentaire.
Oui elle était une môme capricieuse et insatiable, mais c’était de sa faute, il n’avait qu’à ne pas être un amant si parfait.
Dire qu’elle n’était pas du genre à prôner l’exclusivité il y a encore quelques semaines. Maintenant, du point de vue pervers, n’importe quel autre l’aurait déçu en comparaison avec le viking.
Quand elle avait décidé de lui céder, elle ne faisait pas les choses à moitié.

Si quelques jours plus tôt, ils se chamaillaient pour d’autres raisons, la tape qu’il s’était effectivement reçu sur le torse était du registre des taquineries de couple que les célibataires enviaient souvent quand ils les voyaient.
Si on se basait sur les quelques fois où ils s’étaient vus, cette scène semblait tout droit sortie d’un film de science fiction. Le viking était plutôt doué pour faire oublier fierté et principes de base à la brune. L’attirance avait toujours été trop forte, fallait bien céder un jour. Seulement, elle n’avait jamais pensé que ce serait à ce point et pourtant tout lui semblait parfaitement naturel ce soir. Comme si les choses devaient obligatoirement finir ainsi.

Un sourire satisfait s’était dessiné sur ses lèvres alors qu’elle venait d’obtenir ce qu’elle voulait. Et s’il avait refusé ? Elle aurait probablement usé d’autres arguments pour le faire rester. Il était absolument hors de question de le laisser partir maintenant qu’elle l’avait pour elle toute seule. Au jeu du kidnapping, il y avait plusieurs techniques infaillibles.
Un doux baiser plus tard et elle affichait toujours cette expression malicieuse pour lui répondre :

- Vraiment tout ce que je veux ?

Qu’on ne la blâme pas, au jeu de la tentation, il était terrible. Un charmeur hors pair auquel elle ne pourrait jamais résister bien longtemps. Tant pis, il était clairement plus agréable de céder de toute manière.
Lui adressant un regard de reproches qui montrait sans aucun doute son impatience, elle s’était redressée légèrement pour pouvoir lui donner un baiser plus appuyé et couper court à son petit jeu. Petit jeu qu’elle avait pourtant eu l’initiative de reprendre en lui mordillant la lèvre inférieure, ne s’arrêtant que pour placer un seul mot dans un souffle:

- Toi…

Et tandis qu’elle ne quittait plus ses lèvres, sa main était descendue lentement le long de son torse dans tout le sadisme dont elle pouvait faire prevue. Et malgré son impatience non cachée, c’est avec autant de lenteur qu’elle s’était mise à masser son sexe.

- Tu pourrais m’en laisser un peu. Je l’ai vu avant toi.

Quittant les lèvres d’Eric, elle avait détourné les yeux vers un rouquin bien connu, barmaid au fangtasia :

- Je suis à Eric.
- C’est faux, je suis son humaine.

Posant ses yeux sur Eric, elle avait cherché confirmation de ses dires. La présence de Scott sur une chaise ne l’avait pas fait stopper le sadisme. Après tout, s’il lui fallait un argument pour être d’accord avec elle, autant ne pas arrêter.
Et elle ne trouvait pas étrange que Scott se tape l’incruste avec pour seul vêtement un tablier rose ridicule ?

- Je suis toujours là.

Il y a quelque secondes, elle aurait peut être pris la peine de répondre au rouquin. Ou au minimum, elle se serait tournée pour lui lancer un regard de reproches et le faire taire une bonne fois pour toute. Mais ce qui voulait dire également quitter les lèvres d’Eric. Mieux valait le laisser parler. Après tout, s’il n’était pas trop bête, il trouverait sa réponse tout seul. Il était clair qu’il n’avait pas sa part à avoir.
Oui elle était possessive. Mais plus honnête qu’avant, elle assumait pleinement. De toute manière, Scott pouvait bien se trouver quelqu’un d’autre. Après tout, il n’avait jamais fait de réservation clairement et il n’était qu’un employé comme un autre du fangtasia, un qui se droguait en plus.
Ne cherchons pas, elle était prête à sortir les armes contre son ami s’il le fallait. Ami dont la présence aurait dû lui paraître étrange. Pourtant, aucun air étonné n’était passé sur son visage quand elle avait constaté sa présence dans la pièce.
Mais ce soir, il était clair que tout était normal. Y compris le fait de ne plus voir qu’Eric présentement et de l’embrasser de manière si passionnée.

Plus personne que lui ? Elle était entièrement d’accord avec cette condition bien qu’on ne lui ait pas laissé le temps de le signaler par la parole. C’était, de toute manière, suffisamment clair par ses gestes.
Sans se soucier de la présence de Scott, sans sembler gênée une seule seconde par cette situation étrange, Eden avait laissé échapper un cri témoin de son plaisir. Ses mains s’étaient agrippées avec force aux épaules du viking tandis qu’elle tournait la tête, présentant sa nuque comme une invitation. Eric avait ce droit là parmi tant d’autres.

Brusquement, alors qu’elle s’attendait à sentir les crocs d’Eric dans sa nuque, Eden avait ouvert les yeux sur le plafond d’une pièce sombre, sa chambre. Passant une main sur son front, c’est aussi rapidement qu’elle avait tourné la tête pour constater qu’elle était bel et bien seule dans son lit.
…
Se redressant vivement, un juron était venu tout seul, suivit de près par deux ou trois autres qui semblaient nécessaires.
Elle aurait du être ravie non ? Pas de cauchemars avec des cadavres démembrés ? La soirée du pick up semblait ne pas s’être imposée dans son sommeil cette fois-ci.
Ravie ?
Pourquoi elle faisait des rêves de ce genre sur lui ?

Quittant son lit, Eden avait enfilé rapidement un jean et le haut sur lequel elle avait mis la main en premier.
Combien de temps avait elle mis pour en arriver à la conclusion que ce n’était obligatoirement pas son subconscient qui lui jouait des tours ? Pas plus de cinq minutes probablement. Il n’en fallait pas plus pour accuser intérieurement le vampire d’avoir joué de son don d’hypnose sans qu’elle s’en aperçoive. De même qu’il n’en avait pas fallut plus à la brune pour s’emparer des clés de voiture et filer à l’intérieur de celle-ci en direction du fangtasia.
Oui, pour elle, il était simplement impossible qu’elle fasse des rêves de ce genre. Et le premier qui lui sortait qu’elle avait pourtant ressentit une certaine attirance le premier soir, elle le flinguait sans aucune forme de procès.

A l’allure où elle avait roulé, elle était arrivée rapidement à destination pour se garer dans un dérapage remarqué sur le parking du bar de l’autre avorton.
Avorton ?
Ok, il n’était ni jeune, ni petit, mais il était tout à fait légitime d’exprimer sa colère quand un géant blond se mettait à vous hypnotiser pour que vous rêviez de lui. Oui, même si ce géant en question vous offrait un appartement plutôt confortable. Et oui, même s’il était responsable du fait que vous respiriez toujours.
Claquant sa portière, elle était entrée dans le bar sans attendre et avait constaté l’absence d’Eric dans la salle. Directement, elle avait filé en direction du bureau du « maître » pour en claquer la porte aussi violemment.

- Qu’est-ce que tu m’as fais ?

Mis à part lui sauver la vie ?
Certes, la reconnaissance se perdait de nos jours, mais il ne la méritait pas réellement après la nuit qu’elle venait de passer. Et non, elle ne dirait pas que c’était mieux que le temps des démembrements.
Fixant Eric, une expression ferme sur le visage, le souvenir du scène récente mais qui ne s’était pas réellement produite était revenue à ses pensées. Quoi ? ça ne marchait pas que dans les rêves ?
Et voilà comment faire redoubler sa colère et lui faire faire les quelques pas qui la séparaient du bureau sur lequel elle avait posé ses mains pour fixer le patron de plus près.

- Arrange ça.

Sourcil levé, air sceptique, Eden ne semblait pas satisfaite de la réponse. Visiblement, elle pensait qu’il verrait très bien où elle voulait en venir. Toujours convaincue d’être la victime d’une hypnose qui ne l’amusait pas grandement, elle n’avait pas bougé de sa position, s’attendant peut être à ce qu’il lui donne une réponse plus satisfaisante. Celle-ci ne semblant pas venir, elle avait ajouté :

- Quand je me plaignais pour les cauchemars, je ne demandais pas CE genre d’aide de ta part.

Être plus claire ?
Vous l’imaginez en train de raconter son rêve, détails ou non ? Personnellement, elle préférait rester dans les registres des sous-entendus plutôt que de dire le genre de rêve qu’elle avait eu sur lui cette nuit. Même dire qu’elle avait simplement rêvé de lui était hors de question.
De toute manière, il était parfaitement au courant non ? Pas besoin dans ce cas de détailler le sujet.
Alors qu’il lui demande plus de détails n’avait que le don de l’agacer encore plus. Selon elle, il se foutait clairement d’elle et attendait d’elle qu’elle formule à haute voix le résultat de sa petite blague de vampire.
Elle l’avouait, elle avait pensé lui demander d’effacer les cauchemars en se servant de l’hypnose, mais elle n’avait certainement pas pensé à ce genre d’hypnose.
Rêver de lui de cette manière n’aurait jamais du arriver sans ça, et elle en était absolument convaincue.
Ah oui ? Même si elle l’avait trouvé physiquement attirant à leur rencontre ?
Ce genre de remarques ne pouvait que déclencher un poing ou un coup de pied particulièrement bien placé à la personne qui la prononcerait.
Tâchant de soutenir son regard, elle avait roulé des yeux dans un :

- Tu sais parfaitement de quoi je veux parler

Et il persistait dans le mode héroïsme. Ok, il n’avait pas tort, techniquement, il lui avait sauvé la vie. Mais si on analysait plus la situation, elle ne serait jamais allée au Mamba s’il n’avait pas été là. En résumé, il avait mis sa vie en péril en premier lieu, il était donc normal de lui sauver la vie ensuite.
Qu’il en revienne à ce fait là aurait du lui mettre la puce à l’oreille ? Pas franchement, à part en ayant le cerveau d’une paranoïaque qui partait dans des raisonnements sans queue ni tête. Car pour en venir à la conclusion que du sang de vampire provoquait ce genre de rêves sur celui dont avait bu le sang, il fallait clairement avoir un cerveau qui ne fonctionnait pas comme les autres.
Note pour plus tard : la prochaine fois qu’elle prévoyait de devenir l’humaine d’un vampire, elle se renseignait d’abord sur le sujet histoire de ne pas être larguée sur la question. Qu’on se rassure cependant, elle ne comptait pas revenir à ce genre de liens une seconde fois dans sa vie. Elle ne pouvait déjà rien à celui-là.
Dans un soupir, Eden s’était assise en face de lui pour taper ses doigts sur le bureau d’un geste agacé comme si elle s’attendait à ce qu’il se confesse.

- La prochaine fois que tu décides de m’hypnotiser, je préfère encore faire des rêves de gamine de six ans avec des petits lapins et des arbres qui parlent.

Recentrer le sujet pour avoir des aveux, c’est ce qu’elle avait trouvé de mieux. Au moins, maintenant, s’il y était pour quelque chose, il ne pouvait plus tourner autour du pot.
Si ? Non pas si, c’était certain.
Elle ne fantasmait pas sur lui, elle ne fantasmait pas sur lui, elle ne fantasmait pas sur lui. Et pouvait le repeter autant de fois intérieurement et en être convaincue. Ou être convaincue qu’elle en était convaincue.
Peu importe. Visiblement le fixer n’était pas une idée si grandiose que ça après avoir rêvé de lui de cette manière. Détournant les yeux, un semblant de gêne passant dans le regard, elle avait conclut :

- Alors arrange ça.

Garder son calme, la meilleure solution au problème ?
Mouais, il se moquait d'elle. C'était du moins ce qu'elle avait pensé en écoutant sa réponse. Il était strictement impossible de fantasmer sur lui sans l'intervention d'un truc de ce genre. Oui, vous avez bien entendu fantasmé. Car même en oubliant le rêve, elle était bien forcée d'avouer que l'attirance se retrouvait en étant éveillée. Elle allait le tuer, elle serait la nouvelle Buffy et se vengerait pour l'effet qu'il lui faisait.
Et croyez-nous, rien que de le formuler de cette manière intérieurement, elle avait encore plus envie de le tuer. Pourquoi il l'attirait ? Pourquoi il l'attirait autant serait la question correcte si on se basait sur les débuts. Il était impossible qu'elle soit si faible.
Alors oui, il était clairement en train de mentir et donc de se moquer d'elle. S'il s'imaginait qu'elle allait gober qu'elle rêvait tout simplement de lui parce que son subconscient était branché géant blond viking, il devait probablement croire à des tas de légendes impossibles comme le lapin de pâques ou la petite souris.

Ok, garder son calme semblait manifestement impossible.
Tant pis, elle mènerait un combat perdu d'avance et rejoindrait les autres Jones dans le tombeau familial… qui n'existait pas, mais peu importe.

- C'est moche de ne pas savoir mentir à ton âge.

Oui, sauf qu'il ne mentait pas. Et il fallait l'avouer, elle aurait pourtant aimé. Il était tellement plus commode de se dire qu'on fantasmait sur un viking parce qu'on avait été victime d'hypnose.
Mais parce qu'on avait bu de son sang….
Remarque que ça marchait aussi. Tant qu'elle n'y était pour rien, l'excuse était plutôt pas mal. Ce semblant de réflexion était passé sur son visage et elle avait semblé réfléchir quelques secondes de plus à la véracité ou non des propos.
Pourquoi inventer un truc aussi énorme plutôt que d'admettre l'hypnose ? En y pensait, ça avait l'air plus crédible. On gardait le côté victime innocente et elle pouvait prétendre ne pas fantasmer sur lui naturellement… adjugé vendu pour la thèse du sang.
Cependant méfiante, elle avait tenté de s'adosser davantage au dossier de son siège quand Eric avait décidé de se rapprocher.
Ok… elle n'était pas responsable, mais ça ne changeait en rien les effets

- Ok, ça va j'te crois. Mais note que la prochaine fois que quelqu'un boit ton sang: en général les gens apprécient connaître ce genre de petits détails. Tu sais, histoire de ne pas dormir pendant le temps qu'il faudra.

Ok, honnêtement parlant, c'était sans doute mieux que des cadavres démembrés. Et en fait, peut être que d'autres apprécieraient. Mais n'allons pas complimenter le bougre là où il se comportait de manière déjà assez assuré.
Clairement mal à l'aise à présent, elle avait finit par perdre le flot de ses paroles. Elle se souvenait bien avoir voulu ajouter quelque chose sur la durée estimée du phénomène histoire de savoir pendant combien de temps elle devrait se shooter au café, mais l'assurance était partie brusquement. En fait, il valait sans doute mieux se taire pour éviter un probable bégaiement.
Rien que pour ça, elle avait encore envie de le tuer davantage. Depuis quand était elle du genre à être mal à l'aise ?
Voyons, depuis qu'elle faisait ce genre de rêves sur lui et qu'il était mal de concrétiser ces fantasmes là.
Et celui qui oserait lui demander "mal parce que ?", elle se chargeait de lui en retourner une.
Faisant glisser sur la chaise sur le sol pour remettre une certaine distance, elle avait retrouvé le sens de la parole dans un :

- On va éviter de se voir pendant quelques temps si ça te va. Tu sais, le temps que je retrouve mon pick up et mes cadavres. Ce sera plus correct.

Ou plutôt moins dangereux ?
Ouais, c'était à peu près ça.

- Parfait !

Certes, ils avaient peut être passé l’âge de se conduire comme des gamins. Ok, elle était peut être la pire. Mais elle n’avait pas plus de mille ans contrairement à d’autres.
Pour résumer, il était vexé qu’elle ne soit pas satisfaite de fantasmer sur lui désormais. Et elle était vexée… qu’il lui ait sauvé la vie ou parce qu’elle fantasmait sur lui ? Ne cherchons pas à la comprendre. Finalement, on allait peut être prendre partie pour le géant blond question crédibilité.
Détournant le regard après un simple mot prononcé de manière plutôt sèche, ça l’arrangeait sans doute fallait bien le reconnaître. Après tout, ne pas le regarder était tellement plus facile. Et croyez-le bien, il était encore plus agaçant de ne pas pouvoir le regarder sans se rappeler le rêve de tout à l’heure, ou sans imaginer d’autres choses qui ne figuraient pas dans ce rêve.
Elle était devenue cinglée et complètement perverse. Il lui avait sauvé la vie et maintenant elle déraillait.
Ok, peut être que le côté pervers n’était que développé. Mais venir ici était sans l’ombre d’un doute une belle connerie. Oui, elle se contenait pour ne pas faire une connerie de plus sur laquelle elle ne pourrait pas revenir ou qui ne se ferait pas oublier si facilement. Et non, elle ne comptait pas le dire tout haut. C’était lui donner des armes. Sans rien faire, il était déjà trop doué pour accélerer les battements de son cœur. C’était elle où il faisait chaud dans son bureau ?

Se mordant la lèvre, choisissant vraisemblablement le silence plutôt qu’un retour sur ses paroles histoire de céder. Elle s’était félicitée d’être plutôt forte se connaissant. Normalement, elle était plutôt du genre à faire ce dont elle avait envie.
…
Ne pas faire comme d’habitude, ce n’était pas justement pire ? Résister malgré les effets du sang, ça ne présageait rien de bon. Finalement, sang de vampire ou pas, il ne l’attirait pas un minimum ? Et c’est parce qu’il était détestable selon elle ou plutôt qu’il bousculait sa trop grande fierté qu’elle s’efforçait de résister si bien ?
Assez pour la thérapie improvisée. Remercions plutôt le ciel de l’arrivée du livreur. Qu’il soit bénit des Dieux celui-là… ou pas. Levant les yeux, elle avait croisé son regard et avait ensuite préféré reporter son attention sur le sexy patron de bar.
Sexy ? ll était vraiment temps de prendre des vacances… des vacances avec un patron de bar, non sexy et qu’elle l’imprègne bien, loin du lieu choisi.

Bref, pestant intérieurement sur cette intention qu’elle semblait attirer un peu trop à son goût chez les buveurs de sang, elle avait supporté la vue de celui qui attirait un peu trop la sienne pour les quelques secondes de plus où était le livreur pour ensuite s’entendre dire la phrase de trop. La phrase de trop pour son magnifique jeu d’actrice qui en avait pris un coup la seconde suivante quand elle avait répondu le plus spontanément du monde :

- Certainement pas à choisir….

A choisir quoi ?
Une chance qu’elle ait retenu la suite, alors n’allons pas la dire ensuite.
Combien de temps pouvait faire effet ce truc ? Excellente question. Espérons que ce ne serait pas trop longtemps.
Quelques secondes d’un silence traduisant le malaise plus tard, la brune s’était relevée brusquement dans un :

- Je ferai mieux d’y aller.

Oui, il valait mieux. Encore quelques minutes, et son imagination n’aiderait pas. Affaires en main, elle avait quitté le bureau rapidement, aussi rapidement que le bar. Fuir, c’était peut être la bonne solution pour elle. Mais dans ses rêves, cette nuit, ce ne serait pas si facile que quitter un bureau rapidement car le viking était parti pour les occuper un moment.