Franchement, c'est nul d'aller à l'école. A la garderie, on a le droit de faire ce qu'on veut et on doit juste pas renverser les choses et pas taper les autres. L'école, ils nous demandent de faire des choses et si on aime pas, on doit les faire quand même. Je sais pas pourquoi on va à l'école, c'est nul l'école. J'ai pas besoin d'un professeur, j'ai mon papa et j'ai Saphira et j'ai toutes les baby-sitters que j'ai et ça me suffit. Je veux pas une professeure et je veux pas un professeur. Ils sont trop nuls, ils posent toujours des questions débiles. En tout cas, aujourd'hui, c'était sortie à l'école primaire. Moi j'ai que 3 ans, et pourtant, je dois aller voir, pour m'habituer, qu'ils disent. Pas envie. J'ai eu beau bouder, la dame elle m'a mise dans le bus et elle m'a attaché ma ceinture et on est parti. J'ai pas regardé le paysage, je parlais avec une fille dans le bus. Et, vu que, la fille, elle a une maison à elle, et elle a un papa et une maman, elle m'a dit que j'étais bizarre de pas avoir une maman. Que mon papa il devait être bizarre de pas avoir de maman pour s'occuper de moi. Et que moi, je devais pas être normale parce que si on n'a pas de maman, on n'est pas normale. J'ai ignoré les remarques. On est arrivé à l'école, et je suis descendue en traînant des pieds. J'ai pas envie moi d'aller voir l'école. Je voulais rester dans mon lit avec ma barbie. Et en plus, il fait froid. Et j'ai pas envie d'être dehors quand il fait froid. Et j'ai fait un rêve de vampire et c'était pas rigolo, et il y avait un monstre, et il y avait des loups, et je veux les bras de mon papa. Mon papa, il est parti au travail après m'avoir laissée à la garderie. Il m'a redonné un papier avec son numéro de téléphone, et je l'ai dans mon sac à dos, dans la petite poche devant. Mais j'ai pas de téléphone. Et, de toute façon, je sais qu'il partira pas du travail. Il travaille toujours. C'est nul qu'il travaille.

La dame de la garderie elle nous amène jusque dans le hall et je la suis en regardant mes pieds. Je vois pas que la fille du bus elle s'est arrêtée devant moi, et je lui rentre dedans en me cognant la tête. Elle se retourne et me tape le bras. Je la re-tape. La dame de la garderie nous sépare en disant qu'on doit rester calmes, mais j'ai pas envie d'être calme. Elle dit que mon papa il est bizarre, et mon papa, il est PAS bizarre. Il travaille pour Eric et c'est le meilleur Eric. Même si le monsieur au musée il a dit qu'on devait pas toucher les trucs très vieux, alors vu qu'Eric il est très vieux, ça veut dire qu'on peut pas le toucher ? Alors je sais pas ce qu'il fait mon papa. Mais mon papa il est PAS bizarre. Je la garde en tête, la fille, parce qu'elle est bête. Puis, la dame nous amène dans une salle où y a un monsieur qui est assis devant un tableau, et je vais me mettre dans le coin, près de la fenêtre. Je veux pas écouter un monsieur blond parler, je veux rentrer et j'ai pas envie d'écouter l'autre fille qui se moque de mon papa. Elle se met à côté de moi avec sa copine, et elle commence à dire que les familles où y a pas de maman, les enfants ils deviennent bizarres, elle a vu ça à la télévision. Je laisse mon sac à dos sur la chaise et je m'approche d'elle à quatre pattes. « C'est vrai, ma maman elle m'a dit que s'il n'y a pas de maman, les enfants ils grandissent bizarrement. » Je me retrouve juste derrière elle, et j'écoute plus ce qu'il dit le monsieur. Je m'assieds, et j'attends que la dame de la garderie elle sorte. Puis, je me lève – la seule blonde qui se lève alors que les autres ils sont assis – et je ferme le poing comme il fait papa, et je l'envoie dans l'oreille de la fille. « Mon papa il est PAS bizarre ! Et je suis pas bizarre! » Je ferme les yeux en me prenant le poing – ça fait mal de taper comme ça, je sais pas comment il fait papa pour pas avoir mal. Et, la fille, elle commence à crier en se tenant l'oreille, alors j'attrape ses cheveux et je lui tire ses cheveux noués en queue de cheval.

« Mon papa il est fort et il est plus fort que le tien ! » J'aurais aussi dit qu'il avait fait de la prison et que ma maman et lui ils sont divorcés et que ça renforce, mais j'ai pas le temps que les autres enfants commencent à parler et je suis obligée de lui lâcher les cheveux. Mais, j'en profite pour lui envoyer une gifle. « Mon papa il travaille pour un vampire, même ! » La fille se tient la tête, et elle se tient l'oreille, et elle pleure, et moi aussi je commence à pleurer, et je cours vers la table qu'il y a pas loin, là où il y a des chaises, et je rampe dessous la table en me cognant à la poubelle et je me recroqueville.

« Je suis pas bizarre. Mon papa est pas bizarre. C'est toi qui est bizarre. » Et je recommence à pleurer. Je veux pas qu'elle dise que je suis bizarre. Je suis pas bizarre. Maman est pas bizarre, papa est pas bizarre. C'est elle qui est bizarre. Elle a déjà vu son papa à travers une vitre où tu peux pas le toucher mais que tu dois lui parler par un combiné pendant qu'il est dans une combinaison orange ? Elle a déjà vu sa maman amener des monsieurs bizarres dans la chambre, qui repartent après et qui reviennent jamais mais qui laissent un billet sur la table... ? Je suis pas bizarre. C'est elle qui est bizarre. C'est pas moi qui suis bizarre. Je le jure. Je cache mes yeux contre mes poings fermés, et je me frotte les yeux. Quand je pleure, ça me gratte les yeux...

Qu’est-ce qu’il y avait de mieux que jouer et chanter des chansons avec des enfants toute la journée? Hum, un million de dollars. Une femme sexy dans son lit. La reine des italiennes comme voiture. Assister au superbowl. Faire du saut en parachute. Le surf. La mère l’Irlande! De la bière!! … Ouais bon ça va =.= Mais peu importe, ce n’était pas ce qui arrêtait Sean aujourd’hui ni les jours suivants car il l’aimait sa marmaille è.é et ce qu’il y avait de bien avec cette marmaille, c’est qu’elle ne grandissait jamais. Quand elle atteignait le point culminant de la puberté, pwiout! Elle disparaissait pour changer d’école et se faire remplacer par de la jeune marmaille. Celle qui était encore marante et qui préférait jouer à des jeux plutôt de se faire des petits copains et changer toutes les semaines pour faire cool. Ouais, la puberté, c’était horrible! Dieu merci pour blondie, il avait intérieurement décidé d’arrêter de grandir à l’âge de huit ans. Jeremy Stumper pouvait aller se rhabiller, le vrai Peter Pan, c’était Sean Keenan è.é … Ok, il ne volait pas, mais il était un sorcier! Il y avait sûrement une formule pour palier à ce petit problème.
Nous ne voulons en aucun cas te voir essayer ça è.é
… M’ouais, nous non plus é.è

Enfin bref, Sean était aussi excité qu’un écolier à son premier jour de classe. Les enfants de cinq ans étaient si précoces de nos jours =.= Aujourd’hui il allait en voir des plus jeunes *0* Et non, vous pouvez laisser la protection de l’enfance en dehors de tout ça, ça n’avait aucune connotation impure è.é Il était juste content de voir de nouveaux petits visages tout mignon et il avait même bichonné Garry pour l’occasion! Bon flatter sa guitare dans la salle des enseignants était certes étrange, mais même si le prof d’éducation physique le regardait avec un drôle d’air et que celle d’art plastique avait des étoiles charmées dans les yeux, ça n’empêcha pas l’irlandais de n’avoir d’yeux que pour son Garry et ses accords qui caressaient les tympans.

▬ Tu vas faire un malheur mon Garry.

Et quand l’heure approcha, blondie boy quitta la salle de repos pour se rendre dans sa classe où l’institutrice des gamins devait passée durant sa visite. Un troupeau d’enfants de trois quatre ans, de quoi ravir le musicien qui leur fit à tous des petits coucous avec son sourire de bien heureux. Si le proviseur n’était pas certain que de passer voir Sean dans son antre était une si bonne chose – qui sait, il pourrait les traumatiser avant même leur arrivée officielle à l’école – ce n’était peut-être pas une mauvaise chose non plus. L’école, ça pouvait faire peur à des enfants de cet âge. Quoi de mieux que de rencontrer un adulte qui a tout sauf l’air d’un vrai adulte et de se dire : il travaille ici? Lorsque les enfants furent installés, Sean se leva de son siège d’un bon, se mettant à marcher en largeur de la classe, observant un peu tous les visages d’un œil qui se voulait suspicieux.

▬ Dans ma classe, il y a trois règles importantes soldats.

… Sean, inutile de chercher à avoir l’air d’un mec autoritaire… ça marche pas =.=
Dicter des règles de vie, c’est important!

▬ Règle numéro un, pas de monsieur è.é Je suis encore jeune, je veux qu’on m’appelle Sean. Règle numéro deux, la musique c’est amusant, alors ici il faut s’amuser. Règle numéro trois…

Blondie boy s’arrêta devant un petit garçon au visage caractéristique du petit diable et se pencha légèrement sur lui, les mains jointes dans le dos.

▬ Respecte Garry mon garçon et Garry te respectera. Des questions?
▬ ... C’est qui Garry monsieur?

Les yeux de l’irlandais se plissèrent sur le petit bonhomme. Pif, ces cheveux noirs, il fallait toujours qu’ils violent les règles les premiers et qu’ils volent les auditions des autres!
Sean, ne recommence pas avec cette histoire de pub l’oréal que tu n’as pas décrochée =.=

▬ Garry c’est…

Pas suffisamment important pour susciter l’attention de tout le monde on dirait. Aux cris, aux pleures, bref à la catastrophe qu’on ne veut surtout pas devoir gérée, Sean se redressa et rejoignit vit fait les deux gamines responsables de cette interruption. La blondinette ne tarda pas à fuir pour aller se cacher sous une table alors que l’autre continuait de pleurer en pointant la première comme étant la responsable. Chic comme première impression! Mais n’y avait-il pas mieux pour torturer un homme que des pleures d’enfants? Il n’y avait pas mieux pour ne plus trop savoir quoi faire. Sean était doué avec les gamins heureux qui voulaient s’amuser. Les gens en pleures… oui bon, il était pas trop mal pour les consoler, mais entre serrer une Sugar dans ses bras et gérer les pleures de deux gamines et toute une classe de marmot… ouais, un peu trop pour Sean. Il appela donc l’institutrice des gamins à l’aide et la classe se vida tranquillement pour ne laisser que la petite blondinette sous sa table. Quand tous les autres furent sorti, Sean leur indiqua la direction des arts plastiques et ferma la porte en assurant à la responsable qu’il les rejoindrait avec la petite quand elle serait calmée. Un seul enfant en pleure, ça c’était dans les cordes de blondie boy *0*

Marchant jusqu’à cette table, l’irlandais vint s’asseoir par terre, jambes croisées et garda le silence. Il commença plutôt par sortir une sucette de la petite poche avant de sa chemise et la déballa pour se la mettre en bouche. Il prit plusieurs secondes avant de la sortir de là, un petit sourire en coin dansant sur ses lèvres alors qu’il agitait la sucette en direction de l’enfant.

▬ Tu sais, je me suis souvent fait dire que j’étais bizarre moi aussi.

Et ne serait-ce que par sa personnalité, nous voulons bien le croire! Mais il y avait plus que ça. Il y avait cette tendance à tout faire cramer sans que ça ne soit voulu. Combien de choses avaient pris feu à l’école? Combien de fois les autres enfants avaient deviné qu’il était le responsable et que ça faisait de lui un garçon très bizarre? Non, quand il était enfant, Sean n’était pas aussi charismatique et était loin de captiver les gens de manière positive. Il était l’enfant étrangement pas comme les autres qu’il fallait rejeter.

▬ Et j’ai découvert un secret. Être bizarre, c’est chouette parce que ça fait de toi quelqu’un de spécial.

Ce disant, le blond extirpa une autre sucette de sa poche de chemise et la tendit à la petite toujours sous la table.

▬ Je te pari une sucette que toi, t’es une petite fille très spéciale. J’ai pas raison?

« Je suis pas bizarre – je suis pas bizarre – je suis pas... » Je vois les gens partir. Tous les autres enfants, ils se lèvent, et j'entends la voix de la dame qui dit qu'ils vont aller en art plastique. Mais je veux pas sortir de sous ma table. Alors, je reste près de la poubelle, et je tape le pied dedans. Même la poubelle elle m'énerve... Je croise les bras et je laisse ma tête reposer contre le mur sous la table. Y a une prise électrique, alors je commence à la tripoter en coinçant mes ongles dans les interstices. Puis, quand les autres ils sont partis, j'entends quelqu'un arriver, et je baisse le regard, et je l'ignore majestueusement en lui tournant l'épaule, puis le dos. Mais, même, je garde un œil sur lui, parce qu'il est pas reparti. Et, en plus, il a sorti une sucette de la poche de sa chemise, alors, du coup, je reste attentive. Peut-être qu'il dira des trucs intéressants. Ou qu'il me filera une sucette. Puis, quand il enlève la sucette de la bouche pour me montrer avec, je me tourne complètement pour qu'il ne voit que mon dos et je sanglote doucement. Pas bizarre. Je suis pas bizarre. Je veux mon papa, il est pas bizarre mon papa. Puis il commence à me dire que lui il était bizarre. Je fronce les sourcils. Non, lui il est pas bizarre. C'est moi qui suis bizarre, c'est pas lui. Lui, il est bien. Il est blond, il est grand, il est prof, il sourit, il a une sucette, il est PAS bizarre. Pourquoi il dit qu'il est bizarre alors, hein ? Je fronce les sourcils encore, jusqu'à ce que ça tire jusque derrière la tête et je m'obstine à lui montrer seulement mon dos.

Puis, il me dit que c'est spécial d'être bizarre. Je me retourne à moitié, plutôt parce que j'ai entendu qu'il a sorti une autre sucette de sa poche. Je le regarde, méfiante, en me collant contre le coin, sous la table, en m'accrochant à la poubelle d'une main. Au cas où il va pour me toucher, je lui balance la poubelle sur la gueule. Puis, il me dit qu'il me donne que la sucette si j'admets que je suis spéciale. Je fronce les sourcil et je crapahute jusqu'à lui à quatre pattes et je tends le bras. « Je suis pas spéciale. » J'essaye d'attraper la sucette quand même, et je me laisse basculer sur les fesses pour affronter le blond. J'ai même pas entendu comment il s'appelait, et je m'en fiche. Je veux la sucette. Parce que elle, au moins, elle s'en fiche si je suis bizarre. C'est comme mon écureuil à la maison, dans le jardin, lui il s'en fiche complètement si je suis bizarre. Mais je reprends la parole.

« Mon papa il travaille pour un vampire, et avant ça, il était en prison, et c'était pas drôle d'être en prison parce qu'il était dans une cage comme un animal au zoo, et, il était en orange et le orange il aime pas, et moi non plus, et ensuite, maman et lui ils ont signé un papier où ça disait que c'était papa qui devait s'occuper de moi, parce que maman elle savait pas s'occuper de moi, parce qu'elle ramenait des monsieurs chez nous et elle me demandait de me cacher pendant qu'ils faisaient des bruits bizarres dans la chambre, et après, elle buvait un truc rouge qu'elle avait dans le frigo, et moi j'ai essayé de l'écouler dans l'évier, et, une fois, elle m'a tapée parce que je l'avais jeté dans les toilettes.. Je suis pas spéciale. »

Je croise les bras et je fais mine d'oublier la sucette et je laisse mes cheveux me tomber devant les yeux, et je veux même plus le regarder. Non, mais, je m'en fiche moi si j'ai pas de maman, et, je m'en fiche si mon papa il a fait de la prison, il l'a fait parce qu'il avait besoin, d'après maman, et il a jamais rien fait de mal mon papa. Et je veux aller retrouver la fille pour qu'elle ravale ses mots. Je relève le regard vers le blond pour voir s'il me regarde encore ou s'il me trouve bizarre, lui aussi. « Toi t'es pas bizarre, et t'es beau, et tu as une guitare, et, d'abord, … T'es pas bizarre toi. » Je ne focalise pas du tout sur le mot bizarre. Spécial, bizarre, étrange, différente. Déjà, hein. D'accord. Puis je me passe la main dans la frange et je regarde la sucette encore une fois. Je veux la sucette. Mais je dois dire que je suis spéciale. Mais je veux pas le dire que je suis spéciale, je suis pas spéciale. Je suis pas spéciale. Je suis pas spéciale. JE SUIS PAS SPÉCIALE ! Je sens les larmes revenir au bord des yeux et je baisse à nouveau le regard avant de retourner sous ma table. Parce que la table, elle est gentille, elle parle pas. Comme un crabe, je suis sortie, j'y retourne. Et je redonne un coup dans la poubelle. Parce que la poubelle est plus intéressante. Mais la poubelle, elle, elle a pas de sucette. Alors j'hésite. Est-ce que je lui dis que je suis spéciale ? Mais je suis pas spéciale. Et papa, il dit qu'on doit pas mentir parce que c'est pas bien de mentir. Alors je veux pas mentir. Même si le monsieur il a l'air gentil. Et il est joli aussi. Et il est blond, et il est petit comparé à mon papa. Et il est drôle. J'ai jamais vu un monsieur sucer une sucette avant. C'était que quand on était au cirque ou quand on était au cinéma que papa il prenait des pop corns ou une sucette... Alors, je sais pas trop. Je laisse les cheveux tomber sur mes yeux et je sens les larmes revenir, alors je recommence à sangloter. Parce que maintenant j'ai le nez bouché et j'arrive pas à respirer par le nez, alors j'inspire avec la bouche et je me frotte les yeux du revers de la main, comme ça, d'abord, et ben, je pourrais au moins ne pas avoir de larme. Même si je suis déjà toute mouillée sur la robe. C'est pas juste que moi je sois mouillée. Et pourquoi il reste là lui, aussi ? Il devait pas aller en arts plastiques aussi ? Je donne un coup dans la poubelle encore une fois.

Le coup de la sucette, c’était vil, il faut bien le reconnaître. Aucun enfant ne résiste au pouvoir du sucre tout autant que Sean ne saurait résister à une guitare en solde… ou à du sucre aussi =.= Mais peu importe. Sans le savoir, mini-blondie girl avait fait sa petite crise au bon endroit. Quoi de mieux qu’un homme qui savait si bien se mettre dans la peau d’un enfant pour consoler une fillette? Quoi de mieux qu’un maître de l’étrange comme Sean pour consoler une fillette qui était prise pour cible de ce même adjectif? Et surtout, qui de mieux que Sean pour montrer que même l’étrange pouvait être considéré comme étant cent pourcent normal? S’il y avait une seule personne sur terre pour ne pas réagir et pour garder ce sourire de bien heureux, oui, c’était bien le surfeur irlandais!
Arquant un sourcil devant l’affirmation de la petite à ne pas être spéciale, le blond leva le bras et le dirigea à gauche puis à droite pour éviter la petite main de la fillette qui voulait se saisir de la sucette. Cette petite semblait avoir du mordant, mais elle ne l’aurait pas aussi facilement que ça sa sucette.
Fait gaffe à ne pas la faire pleurer pour ça quand même =.=
Laissez l’artiste opéré, gens de peu de foi!

Et face au monologue désastreux de la blondinette? Normalement, les gens seraient choqués et ils appelleraient sans doute la protection de l’enfance. Normalement oui. Mais n’avons-nous pas déjà suffisamment laissé entendre que Sean était l’archétype de l’anormalité? Sean lui s’était contenté de remettre sa sucette dans sa bouche, attentif à ce que la petite disait pour ne pas en perdre le fil. Au final, prenant une seconde ou deux pour retirer la sucette de sa bouche, le surfeur avait un poil l’air du gars prêt à appeler la protection de l’enfance… pour finalement adopté la moue 127, aka la moue de l’homme qui approuve.

▬ C’est vrai que le orange c’est pas cool. Le vert c’est mieux!

Sean, c’est pas le moment de prôner la couleur de ta mère l’Irlande =.=
Tous les moments sont bons pour prôner la Sainte mère è.é

Puis, blondie laissa échapper un petit rire lorsque la gamine affirma qu’il n’était pas bizarre. Que dieu l’entende, mais surtout le diabolique proviseur son patron è.é Mais bizarre ou non, ce n’était pas comme si le jeune homme s’en souciait. Il avait arrêté de s’en faire avec ça il devait avoir dans les douze ans, alors bon x_x Oui, au fond, cette tête en l’air, elle ne venait pas autant de nulle part qu’on voudrait bien le croire. Un simple mécanisme de défense adopté par un enfant avec un secret qu’il ne devait surtout pas révélé, mais qui était – et demeure à ce jour – incontrôlable. Mécanisme qu’il a juste conservé, peut-être par habitude, mais peut-être aussi pour être bien certain que les choses restent comme elles sont.

▬ Bien, on va faire un marché alors!

Se redressant subitement, l’irlandais glissa sa sucette dans sa bouche, mains sur les hanches, jaugeant la petite de haut bien qu’en réalité il ne voyait surtout que la table sous laquelle elle se trouvait encore.

▬ Je suis pas bizarre, si toi tu es spéciale!

Et sur ce, Sean allait quérir son fidèle Garry en plus de passer par l’armoire qui se trouvait dans un coin de la classe. La sainte armoire. Celle qui ne renfermait que des choses que les gamins adoraient, soit la réserve de sucreries du prof ainsi que sa quantité effarante de mini guitares à quatre cordes de toutes les couleurs. Avions-nous spécifié déjà que Sean était un grand acheteur compulsif dès qu’il s’agissait de guitares? Oui? Eh bien sachez que les modèles réduits n’y échappaient pas non plus. Ces petites choses avaient d’ailleurs trouvé une grande utilité depuis que le bonhomme avait commencé son travail dans cette école. Il se saisit donc de celle que toutes les gamine s’arrachait, aka Rose, aka la petite guitare rose oui nous avons compris le principe, bravo =.= Les sanglots et les coups de poubelles se multipliant, Sean attrapa ultimement un mouchoir pour revenir à son point de départ et de se rassoir, jambes croisées.

▬ Ce n’est pas très gentil pour la poubelle de lui taper dessus comme ça. Je suis presque certain qu’elle t’a rien fait.

Tendant le mouchoir à la gamine, blondie boy demeurait imperturbablement calme et souriant. À croire que rien ne pouvait le détourner de sa bonne humeur si communicative. Et question de la communiquer à l’enfant, il se mit à gratter les petites cordes de Rose pour une douce mélodie aussi mignonne que la gamine en pleure qui demeurait obstinément sous la table.

▬ Tu sais, la première fois que j’ai eu une guitare, elle était pareille que Rose, mais elle était verte et j’étais pas bien plus grand que toi.

Où est la sucette de la gamine? Pas bien loin. Où est l’instance à lui faire dire qu’elle est spéciale? Pas bien loin non plus. C’était une dure à cuire celle-là, il fallait ruser!
Ruser… avec une enfant de trois ans? =.=
Oui ruser è.é

▬ Et je me souviens que Martien détestait quand je pleurais. Je suis sûr que Rose n’aime pas te voir pleurer non plus… je pense qu’elle aimerait mieux que tu viennes jouer avec elle.

Oui l’irlandais donnait des noms à toutes ses guitares! Maintenant que ceci est dit, que tout le monde est au courant et que blondinette peut revenir sur sa décision à propos du « t’es pas bizarre », laissons-le jouer un peu de cet air qui sonnait beaucoup trop comme Dora l’exploratrice pour qu’il soit impossible que le surfeur ne l’ait pas écouté au moins une fois =.= Pour sa défense, nous dirons que c’est de la recherche. Ouais, il faut bien connaître ce que sa clientèle écoute!
Menteur =.=
Hey!! è.é

Ouais. D'abord. Le orange c'est moche. Le vert c'est bien, mais le turquoise c'est mieux. Les mêmes yeux que papaaaa ! La couleur la plus jolie, c'est le bleu. Comme sur le drapeau. Comme les yeux du monsieur. Ah, ouais, le vert c'est joli aussi. Mais le bleu c'est mieux. Et puis, il se lève en disant qu'il veut faire un marché, alors je regarde ses pieds et ses genoux. J'ai pas envie de sortir de sous la table. J'examine ses chaussures, des chaussures usées et comme ils ont les grands garçons et pas les monsieurs. Moi, je dis, de toute façon, le mieux c'est les chaussures comme il a lui. Des jolies chaussures toutes crades, mais au moins, elles tiennent. Papa il met toujours des chaussures comme ça. J'aime pas les chaussures noires basiques, c'est ennuyeux. Je regarde son pantalon, puis, je me penche un peu pour regarder son bassin puis pour le regarder lui. Mais je retourne dans ma caverne dès qu'il dit que lui il est pas bizarre si je suis spéciale. Je me recroqueville sous la table en ramenant mes genoux contre mon poitrail et je vérifie que mes cheveux dépassent pas. Puis, le monsieur, il s'en va, et il y a des bruits bizarres, et moi je me penche pour voir ce qu'il fait. Mais dès qu'il revient, je ramène les mains devant la bouche. Je suis pas intéressée, je boude. Puis, il me tend un mouchoir après s'être assis. Je tends le bras pour attraper le mouchoir et je le déplie pour le porter au visage et j'enfonce mon visage tout entier dedans, dans l'espoir de me moucher ou au moins d'essuyer les larmes. Une fois qu'il est tout mouillé, je le retire et je le regarde, puis je le jette dans la poubelle. Et il dit qu'elle m'a rien fait la poubelle, alors, avec un air de défi, je le fixe et je tape dans la poubelle du pied. Provocatrice ? Moi ? Jamais de la vie.

Puis il commence à jouer une chanson sur sa guitare. Et tout de suite, je reconnais. EH. Mais c'est la chanson de Dora l'Exploratrice ! J'ouvre la bouche et je le regarde. Je le regarde, puis la guitare, puis lui. C'est lui qui fait la chanson ? TROP CLASSE. Et, le monsieur il continue de me parler, mais je suis trop impressionnée, et j'arrive pas à m'en rendre compte. Je sais pas pourquoi, mais c'est trop bien. Alors, pendant qu'il dit que la guitare elle doit pas être contente de me voir pleurer, je ramène mes mains devant la bouche et je plisse les yeux. « Do-do-do-do-do-dora! Dora dora dora the explorer! Boots, that super cool exploradora! » Puis je rigole dans mes mains en le regardant. C'est trop génial, il joue la musique de Dora ! Et puis, du coup, je m'approche, et je sors de sous la table. Je m'accroupis devant le monsieur et devant la guitare rose, et je fronce les sourcils, je comprends pas comment il fait pour faire la chanson, il bouge juste ses doigts. Alors, je tends la main et j'essaye de pincer une des cordes, tout en tenant l'autre main devant la bouche, peut-être que je vais casser la guitare si je fais ça ! Je sais pas, moi. Moi, j'ai jamais vu une guitare comme ça moi, elle est trop jolie ! Et elle joue la musique de Dora. Puis, je m'assied devant lui et je le regarde, puis j'observe à nouveau ses doigts, et je me passe la main sur le visage, complètement hypnotisée par la musique. Tellement, j'en oublie que je suis censée bouder.

« Comment tu faaaaaaaiiiiiis? » Je tends les bras sur le côté comme pour exprimer ma surprise et mon incompréhension. Je le regarde, les yeux pleins d'étoiles. Do-do-do-do-do-dora... C'est trop génial comme chanson ça, franchement ! Avec mon papa, on regarde Dora à la télévision quand il est à la maison et que ça passe à la télévision. Le monsieur, c'est trop un super monsieur. Attends, mais il joue trop bien en plus. Je me laisse tomber sur les fesses, et j'en oublie de reparler, tellement ça me fascine. Il joue de la musique sur une boîte avec des cordes. C'est trop génial. Puis, quand il s'arrête, mes yeux s'ouvrent encore plus, et, et, … ET NON MAIS FAUT PAS QU'IL S'ARRÊTE ! Mes mains volent à ma bouche, comme si le monde allait se terminer et je reprends la parole. « NOOOOOOON ! REJOUE, REJOUE ! » Puis je me lève et je vais me mettre derrière lui pour regarder par dessus son épaule. Je fais attention à pas me cogner la tête contre la sienne, et, pendant que je renifle bruyamment, je pose mes mains sur son épaule et je regarde pendant qu'il joue tout en secouant le derrière. C'est trop bien, franchement, c'est trop bien. Tellement bien que j'en ai oublié que je suis censée être spéciale et lui il est censé par être bizarre. Hih. Il joue trop bien. Alors, pendant qu'il joue, vu que j'ai vu les doigts, je lui tire les cheveux. Pas pour lui faire mal, mais pour comparer une de ses mèches aux miennes. On est blonds tous les deux. C'est génial aussi. Et il est super gentil ce monsieur. Je lâche ses cheveux puis je me redresse et j'inspire en posant mes mains sur mes hanches, comme elles font les grandes.

« T'es blond comme moi ! Alors on est tous les deux spécials ! » Comment ça, on dit spéciaux ? On dit des monsieurs, et un dit spécials et pas spéciaux. C'est comme on dit chevals et pas chevaux. Ils ont des règles bêtes, les grands des fois. Je lui fais un grand sourire en me posant à quatre pattes, puis je reviens me mettre devant lui. Je bascule la tête sur le côté en le regardant, puis en regardant la guitare. « C'est toi qui joue dans la télé? » Ben oui. C'est lui qui joue la chanson quand elle passe à la télévision ? Oh, ça serait trop la classe si c'était lui. Moi, je crois que c'est lui. Et il a un copain qui chante, et moi je chante avec quand ça passe à la télévision. Et même que j'ai Dora sur ma trousse. D'abord. Elle est trop bien Dora l'Exploratrice. D'abord ! Et lui il est trop bien aussi ! Le monsieur blond, il est carrément génial !

Aucun enfant ne pouvait résister au surfeur blond d’Irlande!! Ouais, Sean avait un super pouvoir – en dehors de faire brûler les choses juste en éternuant, cela va de soit – et c’était celui de pouvoir charmer les gens rien qu’avec un sourire et une guitare. Ou juste un sourire… ou juste… oui bon on a compris =.= Dans tous les cas missions accomplie! La gamine avait arrêté de pleurer et il n’y avait rien de tel qu’un peu de Dora l’exploratrice – ou pas hein, ou pas =.= – joué à la guitare pour captiver un enfant. En plus d’arrêter de pleurer, la gamine avait enfin décidé de sortir de sous cette table. Une très bonne idée car, n’en déplaise à Sean, il aurait fini par avoir un torticolis =.=

Pendant qu’il poursuivait la musique endiablée du thème tant aimé, le blondinet eut un sourire fier qui reflétait tout le « mission accomplie » de la chose. Oui il était fier d’avoir su briser une enfant de trois ans… Un peu pathétique, il faut bien le reconnaître, mais ça avait un point positif, la petite était de meilleure humeur! Et puis mettez-lui une guitare dans les mains, même un modèle réduit, et c’était suffisant pour Sean de partir loin très loin sur la planète jouons jusqu’à ce que mort s’en suive. Les mélodies jouées en question n’avait pas vraiment d’importance puisqu’il jouait de tout selon les publiques. Et le publique d’aujourd’hui réclamait du Dora… Et même plus de Dora!!

▬ Tu veux que je te montre comment on fait?

Plus de Dora oui… Sean avait eu le malheur d’arrêter au beau milieu de sa musique pour poser la question et au cri retentissant qui vint lui résonné dans les tympans… il aurait mieux fait de ne pas arrêter. Sursautant donc au cri, ayant presque créé une flammèche quand sa main a frôlé la guitare d’un même geste, heureusement qu’aucune flamme n’était venue autrement Rose ne lui aurait jamais pardonné de l’avoir abîmée é.è M’enfin, cette possible catastrophe ne s’étant pas produite, restons-en plutôt au plus important. Soit l’enfant qui avait retrouvé le sourire et un prof de musique qui ne pouvait s’empêcher d’être… un prof de musique!

Reprenant donc le thème en entier sous la demande autoritaire – ouais une gamine de trois ans était plus ferme que lui, faut le faire – Sean ne broncha pas quand il sentit des doigts dans ses cheveux. Entre blondies, elle avait le droit. Mais pas le gamin aux cheveux noirs qui l’appelait monsieur, ça non è.é
Sean… reviens-en, le diable n’est pas un gamin de quatre ans aux cheveux noirs =.=

▬ Et comment, je me tue à te le dire depuis tout à l’heure princesse!

Oui, il avait eu son spécial, muhahaha.
Assurément le mec le plus diabolique au monde =.=
Ne vous moquez point de la mission doublement accomplie è.é Bon, il avait eu un spécial mal accordé, mais peu importe, Sean n’était pas prof de français. Il était cependant bon musicien, ayant appris notamment le thème de Dora à l’oreille. Ce pourquoi Sean aborda une mine plutôt déçu lorsque la blondinette lui demanda si c’était lui qui faisait la chanson à la télévision.

▬ Non, c’est pas moi qui la fais. Je l’ai juste apprise. Et je peux te la montrer aussi.

Replongeant la main dans la petite poche avant de sa chemise, Sean en extirpa à nouveau la sucette qu’il avait promise à la gamine et tira sur l’emballage avant de la lui tendre avec un grand sourire.

▬ On apprend mieux avec une sucette.

Un clin d’œil plus tard où Sean venait probablement de signer son arrêt de mort parce qu’un papa bien baraqué allait lui en vouloir de rendre son enfant accroc au sucre juste pour apprendre à jouer quelques accords, le blond écarta la petite guitare rose de son torse et pointa la place, ainsi libérée, sur ses cuisses à la fillette.

▬ Viens je vais te montrer comment on fait pour jouer Dora.

Il est trop cool le monsieur. Il sait jouer Dora. Il vient de faire un miracle, et je sais même pas comment le définir en fait. Je rigole trop en le voyant faire, parce que quand il joue, il a l'air super content, lui aussi, de jouer. Il a eu peur quand j'ai crié qu'il devait pas arrêter de jouer, alors, je rigole aussi en me tenant un de mes pieds – genre ça va m'aider à tenir assise et à pas tomber en arrière si je ris trop. Et, une fois que j'ai dit qu'on était spécials, et ben, il m'appelle princesse. Je ramène mes mains à la bouche. Et je deviens toute rouge. Parce que y a pas beaucoup de gens qui m'appellent princesse. C'est puce ou chérie, mais jamais princesse. Le monsieur, il est trop bien. Et puis, il me demande si je veux voir comment on fait. Je fais oui de la tête, limite je me tape le menton contre le torse tellement je suis enchantée à l'idée. Alors, quand il sort la sucette et défait le plastique autour, puis qu'il me la tend, il écarte la guitare et me laisse une place. Je grimpe doucement, me relevant, et, maladroitement je lui marche sur cuisse et sur le bas du ventre avant de m'asseoir confortablement sur ses jambes pour qu'il me montre comment on fait.

Je fourre la sucette dans la bouche et je lève les bras pour qu'il puisse placer la guitare sur mes jambes à moi, et j'attends qu'il me donne des indications. Je tourne la tête pour regarder le monsieur et son visage, pour qu'il m'aide à comprendre comment on fait. C'est vrai ça. On pince les cordes avec une main et on les bloque de l'autre, c'est ça ? Dès qu'il me laisse faire, je passe ma main sur les cordes et ça fait un bruit qui résonne. Je porte mes mains à la bouche, toute excitée, surtout que j'ai la sucette dans la bouche. « Ca fait du bruiiiiit. C'est z'oli ! C'est super z'énial ! Montre moi, montre moi, montre moiiii! » Le zozotement, c'est parce que j'ai une grosse sucette dans la bouche alors j'arrive pas à articuler clairement. Lui, il arrive, il a une grosse bouche. Moi j'ai encore mes dents de lait. En plus, y en a une des dents de devant qui bouge, elle va bientôt tomber je crois, et après j'aurais un trouuuuu. Ca va être rigolo, et je pourrais passer la langue et ça sera rigolo même. Je repasse mes doigts sur les cordes.

« Où t'as appris? » Question. Il a appris tout seul, il a appris avec un maître, il a appris de ses parents ? Moi je comprends rien à la musique, je comprends juste les chansons et les paroles. Je sais chanter des berceuses. Twinkle, Twinkle, Little star... Surtout ! Moi je la chante quand papa il me met au lit, et il chante avec moi des fois. Peut-être qu'il connaît la chanson pour twinkle twinkle little star aussi, le monsieur blond ? J'hausse les sourcils. « Tu sais z'ouer quoi d'autre? » Je me laisse tomber en arrière contre son torse, et je regarde la guitare en tenant le bout de plastique de ma sucette entre le pouce et l'index de ma main. Il sent bon, le monsieur. Il sent très beaucoup bon même. Je me laisse contre son torse et je ramène mes pieds contre ses mollets. Je m'en fiche si c'est pas agréable pour lui – y a jamais personne qui se plaint, et je peux grimper sur mon papa comme il veut, il se plaint jamais. Si je lui fais mal, il faut le dire, mais il le dit jamais, mon papa. Alors je grimpe où je veux, quand je veux. Sauf quand il est fatigué. Là, je dois pas lui grimper dessus. Je me demande si le monsieur blond ça le gêne, alors j'arrête de me tortiller. Ah. Au fait.

« Z'e dois dire pardon à la poubelle? » Oui, à la poubelle, oui. Oui. Tout à fait. Parce que moi, je veux pas m'excuser à la fille de tout à l'heure, c'est une méchante pas belle qui sait rien faire et qui sait rien de rien du tout. Et elle a même pas entendu le monsieur jouer Dora, alors.

Toc toc toc. Hein ? Je me penche sur le côté pour dépasser du torse du monsieur, et je vois la porte s'ouvrir. C'est la dame de la garderie, alors je reviens vite dans le champ 'hors vue' de la dame, sur les cuisses de Sean, et je porte les mains aux oreilles. Elle va me punir. Elle va me punir. Elle va me punir. Elle va me dire que la fille a mal et que je dois pas la taper. Elle va me punir. Je commence un « La la la lah... » pour l'ignorer. Je veux pas l'entendre. Elle va me punir. Je veux pas qu'elle me punisse... Je veux pas moi, qu'elle me punisse. J'ai rien fait. C'était l'autre fille qui me cherchait ! Je fronce les sourcils, et, tout en me tenant les oreilles, je ferme les yeux et je me colle au torse du monsieur, comme s'il allait me protéger de la dame...

Pourquoi les filles qu’il appelait princesse rougissaient toujours ces jours-ci? Sean devait probablement avoir un troisième super pouvoir. Celui de faire rougir les filles mignonnes. Bon, c’est un peu vite dit quand votre échantillons n’est qu’une gamine de trois ans et une adolescente de dix-huit qui n’a jamais connu un type franchement sympa qui n’attendait pas d’elle qu’elle se dessape en trois secondes et moins… Mais laissons donc le blond bercer de ses illusions et déjà penser à la conception de son costume de superhéro!
Car, visiblement, c’est tout ce que Sean pourra concevoir pour un bout de temps x___x Il n’avait rien fait pour mériter ça pourtant. Il avait écarté les bras, laisser le champ libre à la gamine et il avait fallu qu’elle marche sur l’objet de tous les désires de Sugar! Bon pas de tous, on ose croire qu’elle appréciait Sean pour autre chose que le port proéminent à gauche qui était si magnifiquement mis en valeur par le thigh pants, mais si sa princesse indienne désirait réellement avoir dix enfants… Bha Sean aurait besoin de ce que la petite blondinette venait d’aplatir avec ses pieds pendant qu’elle s’installait sur ses cuisses. Elle n’était pas bien lourde, elle n’avait que trois ans et était toute maigrichonne, certes, mais n’empêche que tout homme était sensible de son anatomie lorsqu’il était question de cet endroit précis… Ceci expliquait donc sans mal le petit son de souffle coupé qu’émit le surfeur lorsque la fatalité se produisit. Blâmer la petite? Évidemment pas, pas même avec cette petite larme naissante dans son œil.
Rien à voir, une poussière è.é
Bha voyons =.=

Les sourcils froncés, les yeux à moitié fermés, Sean ramena la petite guitare rose contre le ventre de l’enfant. N’en étant pas à son premier rodéo, pendant que blondie reprenait son air et qu’il enterrait ses futurs enfants – Sugar allait-elle s’en remettre ou changer de fiancé? é.è – il s’engagea à tenir la guitare à quatre cordes pendant que la fillette jouait avec les cordes pour apprivoiser l’instrument. Entre temps, terminant sa propre sucette, le blond se débarrassa du bâtonnet en le jetant dans la poubelle. Puis, il entreprit d’obéir au « montre-moi » très animé de la gamine en passant ses grandes mains sous ses petits doigts.

▬ On va le faire ensemble pour commencer. Attention, 1, 2, 3…

Et le thème repris vie de plus belle Sean jouant simplement avec les petits doigts de la gamine sur les siens. Ah si seulement il y avait des témoins femelles de ce moment! Un enfant était une arme de séduction non négligeable, même Sean savait ça! Puis, ne voulant pas risquer l’infarctus une seconde fois, le surfeur n’avait pas arrêté de joué quand l’enfant lui avait demandé comment il avait appris la mélodie. D’un petit sourire malicieux, l’irlandais se pencha à l’oreille de la mini blondie pour lui révéler son secret.

▬ J’ai appris juste avec mes oreilles. Mais pour y arriver, il faut être très bon et s’entrainer toooooous les jours.

Et si seulement le bonhomme avait mis autant d’énergie à contrôler sa sorcellerie qu’il en avait mis à apprendre la musique… Déjà il ne serait pas ici pour en parler, mais serait resté en sa mère l’Irlande, mais en plus il serait déjà un grand sorcier reconnu de ses pères. Contrôler le feu, pouvoir le créer de toute pièce rien qu’avec son esprit… un pouvoir que plusieurs des siens tueraient pour avoir. Mais voilà, Sean n’arrivait toujours à rien avec ça, pas même à vingt-cinq ans.

▬ Ah, mais je sais jouer un tas de chose! Qu’est-ce que tu aimerais que je joue?

Les chances qu’il ne connaisse pas la mélodie désirée était moindre. S’il y avait un champ d’expertise dans lequel Sean excellait, c’était quand même la musique pour enfant! Professeur de musique dans une école primaire oblige è.é
Habitué d’être un pouf pour enfant – ou pour jeune femme en détresse morale faut voir selon les situations – le blond ne se formalisa pas le moins du monde de la gamine qui prenait ses aises continuant de gratter les petites cordes de Rose. C’était pour des moments comme celui-là que Sean adorait son travail. Qu’est-ce qu’il pouvait y avoir de mieux qu’un enfant content et confortable avec un brin de musique? Les plus rustres parmi vous trouveront tout un tas de choses pouvant être mieux, mais nous ne voulons même pas les savoir è.é Il n’y avait rien de mieux, point barre!

S’arrêtant finalement de jouer en observant la poubelle puis la gamine pour revenir à la poubelle et recommencer de plus belle, le musicien sourit. C’était tellement plus sympa les conversations avec les enfants!

▬ Ça va aller pour cette fois. Elle veut bien te pardonner parce que c’est vraiment trop jolie. Mais faut plus recommencer.

Et ce fut toujours assis par terre, que Sean se fit découvrir par l’institutrice de l’enfant. Elle avait toqué, puis était entrée alors que blondie cherchait encore à voir quelque chose tourna la tête d’un côté et de l’autre pour se souvenir qu’il n’était pas dans l’exorcisme et qu’il ne pouvait pas tourner sa tête sur 360°. Remarquez, il y a des fois où ça pouvait être vachement pratique! Hum… il y avait peut-être une incantation pour ça *0*
N’y pense même pas è.é Et ne mêle surtout pas Hanna à ça!

▬ Monsieur Keenan?
▬ Mon papa il est pas là, moi c’est Sean!!!

… Tu sais que tu t’adresses à une adulte? … Une adulte qui croit avoir à faire à un autre adulte? =.=
Bha bonjour la déception O.O
… Ouais, on se doutait bien que tu dirais un truc comme ça >.>

▬ Eileen est en état de rejoindre le reste de la classe?

Un véritable adulte aurait dit oui. Un véritable adulte n’aurait pas penché la tête pour échanger un regard avec la gamine pour lui demander silencieusement son avis. Non, un véritable adulte n’aurait pas laissé l’enfant décidé =.= Mais doit-on réellement préciser que Sean n’est pas un véritable adulte?

▬ Eileen, tu viens faire du bricolage avec nous?
▬ C’est cool le bricolage.

Sean, approuver sur ce ton, ça laisse sous entendre que… ouais finalement laisse tomber, t’imaginer jouer avec de la colle et des cartons de couleurs n’est même pas difficile =.=

Ce que je veux qu'il joue ? J'en sais rien moi, de ce que je veux qu'il joue... Je fais mine de réfléchir, quand la madame elle rentre dans la salle de classe. Alors, je me cache devant le monsieur et je me tiens les bras pour que je dépasse pas pour me cacher de la dame. Je me cache les oreilles avec les mains et je ferme les yeux – si je vois pas, elle me voit pas non plus, si ? Et puis, la dame elle l'appelle et il réagit trop drôlement. Il dit que son papa il est pas là, et j'émets un rire. C'est vrai ça, il l'a dit comme moi. Et maintenant, je sais qu'il s'appelle Sean ! C'est joli comme prénom, Sean. J'aime beaucoup ce prénom. Et j'aime beaucoup le monsieur aussi. Alors, quand la dame elle demande si je suis en état de rejoindre le reste de la classe, je croise les bras et je regarde Sean. Je réponds pas. Alors, elle me demande directement. Je veux pas faire du bricolage, alors je grimpe des cuisses de Sean et je lui tiens la main, comme pour montrer que je veux pas partir, moi. Je fronce les sourcils.

Je m'apprête à lui dire que non, je veux pas aller faire du bricolage, quand Sean, il dit que c'est cool. Alors, je le regarde en fronçant les sourcils. Je l'aime pas la madame. Et j'ai pas envie de retourner voir l'autre fille, parce qu'elle va encore dire des choses dans mon dos. C'est qu'une grosse méchante pas belle. Je l'aime pas du tout. Je la déteste. Je la déteste. Je soupire. « Z'e viens que si Sean il vient aussi. » Et, sans m'en rendre compte, je ramène sa main contre ma poitrine et je serre super fort, parce que je veux pas qu'il me laisse. Et, d'une main libre, j'enlève la sucette de la bouche et je menace la dame avec. « Et je veux pas y aller si Sean il vient pas ! Parce que Sean il joue trop bien de la guitare... » Et oui. Et c'était vrai. Il joue trop bien, il joue Dora et il joue plein d'autres trucs. Alors, je le regarde et je lui fais un petit sourire, avant de m'asseoir à côté de lui et de faire des traits invisibles par terre en remettant ma sucette dans la bouche.

« Et, si j'y vais, Mandy elle va encore me dire que je suis bizarre et je vais encore la taper... » Oui, Sean vient de dire qu'être bizarre, c'est être spécial, et être spécial, c'est bien. Mais la Mandy, si je la revois, je lui colle ma main dans la tête et je lui demande même pas pardon parce que je l'aime pas. Et j'ai murmuré aussi, plus pour moi. Et pas possible que la dame elle ait entendu, parce que j'ai pas parlé assez fort. Peut-être que Sean il a entendu. Alors, dans mon incroyable talent de je-t'ignore-parce-que-je-veux-pas-te-parler, je me redresse doucement, et je mets devant Sean, mains sur les hanches. Puis je lui tends ma main, après avoir évidemment lâché la sienne.

« Tu viens avec moi? » Je lui souris. Il m'a donné une sucette, alors, tant que j'y pense. Je le laisse subitement tomber, et je cours vers mon sac à dos, et je vais prendre mon porte monnaie rose. Je cherche en mettant tous mes trucs par terre, et j'ignore encore la dame. Je veux pas moi. Je veux pas. J'ai pas envie. Hah. Je m'en fiche. Allez, il est où... Ah là ! Je tire le porte monnaie fièrement, et je m'approche de Sean, avant de lui re-grimper dessus, comme tout à l'heure, sur ses cuisses, et j'ouvre le porte monnaie tout doucement, vu que si je l'ouvre trop vite il y a de tout qui va aller partout. D'ailleurs, j'avais oublié de fermer la fermeture éclair des pièces, alors, du coup, il y en a qui vont partout, mais il y a aussi des photos qui tombent par terre. Je m'en fiche, pour le moment, je veux trouver le bonbon à la menthe que papa il m'a donné une fois. Une fois le petit objet en main, je me retourne et je le tends à Sean. « Tiens ! Cadeau! » Puis, une fois que je l'ai mis dans sa poche de chemise, je ramasse toutes les photos que je peux ramasser, et je les remets doucement, une par une, dans le porte monnaie. Une avec papa, une avec maman, une avec Saphira... Je lève la tête vers la dame, comme pour lui dire 'allez, va t'en, je suis pas en état de rejoindre le reste de la classe', mais elle a pas l'air de vouloir s'en aller, alors je fronce les sourcils et je fais un petit grognement. Elle veut pas s'en aller, hein ?

Moi je l'aime pas. Je préfère Sean. Et Rose. Et Garry. Et, je veux encore écouter Dora, et je veux qu'il joue autre chose. Peut-être qu'il sait chanter aussi. Oh, il faut que je lui demande... Mais là, je range mes photos dans mon porte monnaie. Une autre avec Saphira, et une de moi quand j'étais petite. Et, où je suis avec papa et maman, juste après que je sois née. Comment ça, je garde mon album photo sur moi à toute heure ? C'est pas ma faute. Maman et papa, ils me manquent ensemble. Ils étaient contents ensemble, avant qu'ils signent le papier qui dit que c'est papa qui s'occupe de moi...

Règle numéro un. Cette femme avait enfreint la règle numéro un! Sean était tout sauf un monsieur, le jour où les gens ont commencé à dire monsieur est probablement le jour où blondie a commencé à se sentir vieux. Il a bien sûr pris la peine de vérifier s’il n’avait pas de cheveux blancs ou de rides, seule raison selon lui qui expliquait le monsieur, mais non. Ah les gens polis de nos jours! Ils ne savaient combien ils pouvaient être détestables quand ils s’y mettaient è.é Mais peu importe, ce n’est pas comme si Sean avait réellement la rancune tenace. Dans une minute tout au plus, il aurait déjà oublié =.= Enfin, lorsqu’il n’était pas question d’homme aux cheveux noirs qui vous rafle votre audition pour une pub l’oréal è.é Là, oui, Sean devenait très rancunier… >.>
Bref, pour la version officielle, c’est à cause du monsieur que Sean a demandé silencieusement d’un regard à la blondinette si elle voulait aller faire du bricolage. Évidemment, il l’aurait fait qu’il ait un truc comme la dame ou pas, mais gardons le doux espoir qu’il était simplement rancunier.

Mais comment ne pas sourire quand une gamine vous réclame pour faire du bricolage? Même si l’institutrice ne semblait pas très contente qu’Eileen mette ses propres conditions à la chose et que le surfeur laisse faire comme s’il n’avait rien de mieux pour occuper une journée de travail que de subir les caprices d’une fillette, ça n’empêcha pas Sean d’hausser simplement les épaules. Aucune autorité, nous l’avions déjà dit, non?

▬ Ça serait un honneur de faire du bricolage avec toi princesse.

Et le temps de dire ça, la petite était déjà levée en train de répandre le contenu de son sac par terre. Le blond fronça les sourcils, déposant la petite guitare à quatre cordes sur un bureau à côté de lui. Se lever? Ce serait une idée, mais non. Il était plus louable de rester à la hauteur des enfants. Le truc par excellence pour avoir l’air sympa et accessible! D’ailleurs, comme Eileen revint plutôt vite sur ses cuisses, il faut croire que l’irlandais avait bien fait de rester là où il était. Les mains posées sur ses propres genoux, il observait la gamine tout répandre autour d’eux d’un œil curieux et attentif pour finalement ouvrir la bouche en grand, l’air ravi.

▬ Han trop gentil! Je vais le garder pour une occasion spéciale.

Puis blondie entreprit d’aider la gamine à ramasser son désordre, attrapant au passage une photo de la petite avec une certaine fausse vraie fiancée de notre connaissance. Cependant, ne regardant pas vraiment ce qu’il faisait, le surfeur jugea bon de lancer un regard à l’institutrice qui attendait.

▬ C’est bon je ramasse et on viendra vous rejoindre.

Oui, ça lui arrivait de réagir en adulte des fois! Hors donc, le duo de blonds fut libéré du joug de la terrible institutrice qui retourna à ses autres enfants. Elle allait probablement revenir dans dix minutes s’ils restaient là de toute façon. Ramenant ses yeux bleus verts sur ce qu’il tenait en main, la bouche de l’irlandais s’ouvrit en grand à nouveau.

▬ Han, mais je connais cette princesse indienne!! D’où tu connais ma fiancée jeune fille?

Ce disant, Sean montrait la photo et plus précisément Saphira du bout du doigt tout en continuant de ramasser ce qu’il avait à porter de son autre main. Le monde est petit. Une expression qui peut s’appliquer à tout un tas de choses dans la vie du musicien et celle-ci ne faisait pas exception. Quelles étaient les chances pour qu’une fille rencontrée dans une bonbonnerie et avec qui il s’était plus ou moins fiancé deux semaines plus tard sous un malentendu monstre avec la famille Keenan soit également la gardienne attitrée d’une gamine qu’il rencontrait dans le cadre de son travail? Les chances n’étaient pas nulles, visiblement, mais elles ne devaient pas être bien grandes non plus.

Puis une fois le porte-monnaie restitué de son contenu, le blond remit la gamine sur ses pieds tout en se levant pour aller remettre toutes les choses qui trainaient par terre dans le sac d’Eileen. Il ferma le sac et le prit d’une main, tendant l’autre à l’enfant.

▬ Aller viens, on va aller faire du bricolage comme ça la madame va nous laisser tranquille.

Parfois, c’était à se demander si Sean était un grand manipulateur d’enfants ou juste un grand enfant lui-même…
UN GRAND ENFANT *0*
… =.=

Trop occupée à essayer de ranger les choses dans mon porte-monnaie, je fais même pas attention que Sean il dit à la dame qu'on arrive. Je mets doucement les pièces dans la petite poche avec la fermeture éclair, et c'est qu'une fois que Sean il me montre un photo que je me rends compte que, ouais, y a plus important que ranger le porte monnaie. Il connaît Saphira ?! Grand sourire de la mort, et je rigole. Saphira, c'est la meilleure, c'est la plus jolie, la plus drôle, la plus gentille ! Mais à chaque fois que je demande à papa quand est-ce qu'elle va venir, et ben il dit plus rien et il change le sujet. Moi je veux revoir Saphira. Alors je prends la parole en parlant super fort – parce que Saphira, c'est la best des bests.

« Saphira c'est presque ma sœur parce que c'est elle qui s'occupait de moi quand papa il était en prison et que maman elle pouvait pas. C'est Saphira qui m'amenait voir papa dans la prison, et elle était là au moment où papa et maman ils ont signé le papier où ils étaient plus mariés après. » Je crie limite, mais c'est de joie plus qu'autre chose, Saphira, c'est une super amie, c'est presque carrément une grande sœur, et en plus, elle est trop gentille, et je comprends pas pourquoi papa il veut plus qu'elle vienne à la maison, elle a toujours été là. Je crois que je l'ai plus vue que maman, en plus. C'est vraaaaaiiiii ! « Saphira c'est ma fausse grande sœur !  » Et un autre grand sourire. Puis, Sean il m'aide à me lever, et, pendant qu'il me lève, je tilte. Il a dit quoi, fiancée ? Hein ? Mais c'est pas ce qu'on est avant qu'on se marie, ça ? Alors du coup, je me retourne et quand il me tend la main pour qu'on aille bricoler, je reprends la parole, en parlant fort et en articulant.

« Vous êtes fiancés ? C'est pas avant de se marier qu'on est fiancés ? Mais elle a rien dit ! Et elle a pas le droit de se marier si je dis pas qu'elle a le droiiiiiiiiiiit ! » C'était pas contre Sean – il est super gentil le monsieur – mais Saphira, si elle se marie, je veux tout savoir, je veux l'aider à trouver sa robe de mariée, je veux la mienne – rose avec des froufrous – et je veux porter les bagues. Papa il m'a donné une bague, une fois, que j'ai dans une boîte dans sa chambre, celle qu'il a donnée à maman quand eux, ils ont été fiancés, et il a dit qu'un jour, ça serait à moi de la porter. Parce que c'est celle de sa grand mère, mon arrière grand maman et qu'il l'a récupérée et que ça veut dire beaucoup pour lui. Alors, en prenant la main de Sean et en le tirant pour aller dans l'autre salle – je suis autoritaire, que voulez-vous ? - je continue de parler : « Si elle se marie avec toi, il faut que tu aies ton tampon vert sur le front, sinon.. Sinon, elle peut pas. » Je me retourne, tout en marchant, pour lui lancer un regard qui se veut menaçant, et je suis sûr et certaine qu'il a compris le message : rien sans que je dise oui. Je sais pas trop où aller une fois que je sors de la salle de musique, mais je prends la gauche, sûre de moi – et si c'est pas par là, je m'en fiche.

La dame de la garderie est pas loin, et je vois les autres gens de la classe en train de parler et de faire de la peinture et de la colle et du découpage. D'un seul coup, je me rends compte qu'avec Sean j'étais bien, mais sinon, non. Alors, je lui lâche la main et je me cache derrière ses jambes et je m'agrippe aux poches arrières de son jean en tirant légèrement. « Je veux pas y aller! » Je lève la tête vers lui, implorant sa clémence pour qu'on rebrousse chemin, je préfère être avec lui toute seule qu'être avec les autres de la classe. Je veux pas, moi, aller voir les autres. J'aime pas le travail en groupe, et je veux dessiner tout à l'heure, pas maintenant. Je tire un peu sur son pantalon pour le forcer à reculer, puis je le lâche finalement pour me reculer toute seule, et je porte la main à la bouche, je veux pas y aller. Je remonte ma jupe jusqu'au visage pour me cacher derrière, et je tourne le dos en baissant la tête. J'ai pas envie d'y aller. J'aime pas la garderie. C'est nul. Et, si je vois l'autre fille, je vais lui casser le nez, et je veux lui couper les cheveux avec le ciseau, et je veux lui dessiner sur le bras et je veux lui dessiner sur sa robe, à elle. Oh, oui, mais je veux pas y aller. Sauf si Sean, il me tire jusque dans la salle. Parce que vu que je suis en retard, ils vont tous me regarder arriver, et j'aime pas ces regards là. Pas du tout. Oh, Sean, laisse moi retourner dans la salle aux guitares... S'il te plaît !

Sa fausse grande sœur, rien que ça? Eh bien il faut croire que Sugar était douée pour la fausse quelque chose de bien des gens! Mais bon, étant donné que le concept de fausse vrai fiancée n’était pas encore tout à fait compris de Sean, ce n’était pas si grave que ça non plus. Et puis, les fausses grandes sœurs, ça pouvait être bien. Qu’est-ce qu’il en savait au fond? Le blond n’avait pas de sœur. Pas de fausse sœur non plus. Alors il ne pouvait pas juger. Puis, n’oublions surtout pas qu’il s’agissait du surfeur. Juger n’était pas dans les choses qu’il savait faire!
Parler si fort avait eu un seul effet sur l’irlandais, celui de cligner des yeux à plusieurs reprises comme si ça lui permettait de régler les décibels qui avaient droit de pénétrer ses oreilles. M’ouais, en clair ne pas chercher. Blondie était du genre cardiaque. Ça ne prenait vraiment pas grand-chose pour le surprendre. Ce qui était réellement épatant, était plutôt qu’il n’ait pas encore mis le feu à quoi que ce soit. Était-ce un signe? Commencerait-il enfin à contrôler un minimum cette calamitée pyromane? Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, dit l’adage. Il était préférable de ne pas s’emporter outre mesure et de juste se contenter d’apprécier le fait de ne pas avoir déclenché de catastrophe jusqu’ici.

▬ Mais comment je fais pour avoir le tampon vert? é.è

… Sean, généralement quand un enfant impose ses conditions, il ne faut surtout pas l’écouter et encore moins embarquer dans son jeu pour lui donner tout le pouvoir =.=
Peut-être, mais c’est qu’il le voulait ce tampon, ça avait l’air cool et puis il serait si fier une fois qu’il l’aurait. Digne d’épouser sa fausse vraie fiancée. Ouais, c’était trop classe!
… =.=

Devons-nous encore redire que… non? bien. Aucune autorité è.é Haha, nous l’avons dit quand même! Mais peu importe, ça se voyait très bien avec la petite qui menait la marche vers elle ne savait même pas où. Un sens de l’orientation en béton cette gamine puisqu’elle se dirigeait tout de même dans la bonne direction. La responsable de la marmaille était en train de revenir vers eux et sembla enfin soulagée de voir qu’Eileen revenait vers le groupe. Il ne faut pas vendre la peau de l’ours, comme vous pouvez le voir. Quand la blondinette vit la dame – horrible vieille madame qui dit monsieur à un jeune homme qui n’est pas un monsieur è.é … ouais faut en revenir, mais bon x_x – elle déchanta rapidement, se cachant dans les jambes du grand blond. S’il manqua de se prendre les pieds au milieu de tout ça, ce n’était rien comparé à sa tête lorsqu’il sentit son jeans subir de curieux effets de gravité. Ils n’avaient jamais fait ça avant O.O Peut-être parce qu’aucune gamine ne se pendait à ses poches arrières pour le tirer et mettre de la distance entre lui et la diabolique maitresse de garderie. De sa main libre, le blond avait attrapé sa ceinture, évitant ainsi à ses boxers le loisir d’être exhibés à tous. Non pas qu’il était timide sur la question, mais même lui avait un code d’éthique. Ils étaient dans une école primaire, n’exagérons rien!
Nop, il ne fallait pas exagéré. Sean était peut-être critiquable dans son attitude d’enseignant, mais il demeurait un enseignant! Quand la femme avait fait un pas dans leur direction, Sean avait levé la main qui tenait encore le sac de l’enfant lui indiquant qu’il était inutile d’empirer la situation. Parce que forcément, elle allait empirer si cette horrible femme – Sean faut en revenir sérieusement =.= – décidait d’approcher è.é

▬ Mais si princesse, tu vas voir, ça va être amusant. On va faire du dessin et des bricolages.

Quand elle relâcha enfin son pantalon, Sean le remonta à la bonne hauteur, passant le sac à dos de la petite à son épaule, se retournant d’un bloc tout en même temps. Halala. Peut-être qu’il devrait commander un fils à Sugar comme premier enfant… Les petites filles avaient l’air d’être quelque chose O.O
Tu sais… un enfant ça se commande pas comme une pizza =.=

Bref, question d’au moins éviter à Eileen de montrer ses sous-vêtements à tout le monde – même si le corridor était vide, mais simple détail – le surfeur s’empara de la petite pour la soulever de terre et la poser contre son torse, appuyant ses petites fesses sur ses avant-bras.

▬ Tu sais mon petit cœur, si tu caches ton joli visage, je pourrai pas le dessiner =/

Eh bha ça promet…
Comment ça è.é
Sean, t’as beau être un musicien en or et de faire des odes au burger comme personne – quoi que nous ne sommes pas certain que ce genre de poésie soit réellement de la poésie x-x – mais niveau dessins, tu n’as toujours pas dépassé le stade du bonhomme allumette =.=

Un sourire mélangeant l’assurance et la malice poussa sur les lèvres de l’irlandais qui tourna les talons et se mit en route vers cette si redoutée salle d’arts plastiques.

▬ Et puis tu sais ce qu’on peut faire d’autre en même temps?

Faire une pause juste pour étirer le suspense était vile… surtout avec un enfant =.=
Tout est dans l’effet créé <3

▬ On peut chanter des chansons!

Pénétrant dans la pièce, Sean salua du menton sa consœur enseignante qui présentait sa classe avant d’aller s’asseoir tout au fond – oui sur ce genre de chaises minuscule qui rendait n’importe quel adulte complètement ridicule – gardant la petite blondinette contre son torse. Elle voulait se cacher des autres enfants, ok, mais elle pouvait le faire en étant dans la pièce et ça éviterait à Sean de devoir se faire regarder par les gros yeux réprobateurs de l’éducatrice de garderie.

▬ Alors vous pouvez utiliser tout ce qu’il y a sur les tables pour dessiner votre famille. Des questions?

Pourquoi c’était Sean qui levait un bras bien haut? … parce que c’était Sean, ça vous convient comme réponse?

▬ Hum, oui Sean?
▬ Je peux faire Eileen à la place? Elle fera plus joli sur papier que mon papa =/

Si une personne qui ne le connaissait pas – comme l’éducatrice – aurait roulé les yeux de désespoir – comme l’éducatrice – la prof d’art plastique, elle, connaissait Sean depuis plusieurs mois maintenant et commençait à connaître la bête. Ce pourquoi elle avait eu un petit sourire charmé et ce bouffement de rire qui avait accompagné celui des enfants.

▬ Pas de souci Sean, tu fais ce que tu veux.
▬ … *0*

Ouais, il en faut peu pour être heureux comme dirait une certaine chanson chantée par un certain ours dans un certain livre de la jungle =.=
En quoi c’est mal? è.é

▬ Aller princesse, fais-moi un super dessin et je l’afficherai dans ma classe pour pouvoir penser à toi tous les jours.

N’était-il pas charmant? À voir le sourire gaga de la prof d’arts plastiques, oui, il l’était =.= Mais une prof de primaire était forcément faible des hommes avec des enfants, alors elle ne pouvait pas être objective!
Rabat-joie è.é

Il veut le tampon vers, Sean ? Oh, ben, il va l'avoir. Il faut juste qu'il soit validé par moi. Je lui fais un petit sourire, et, au moment où je vais lui répondre y a la sorcière qui arrive, et je me cache derrière lui, en lui tirant le pantalon et en remontant ensuite ma jupe. Elle est horrible, la sorcière. Pire que Ursula dans la petite sirène ! Elle est vraiment trop méchante. Heureusement que l'an prochain, et ben, et ben, je rentre en maternelle et c'est fini la garderie, parce que j'aime pas la garderie. Pas quand c'est elle. Sean il est rigolo. Ca serait lui qui s'occupe de la garderie, j'irais en courant tous les matins à la garderie et je dirais même pas au revoir à papa tellement je serais pressée. Puis, le monsieur il dit que ça va être drôle. Je fronce les sourcils. Pas convaincue. Du tout. Je veux pas aller faire du bricolage, mais si il dit que c'est drôle... Il doit avoir raison. Puis, pendant que je garde mon regard posé sur la dame, il se retourne et me saisit, je lâche pas la dame du regard, jusqu'à ce qu'elle entre dans la salle. Si jamais j'avais un super pouvoir qui pouvait faire du mal aux gens par le regard, je suis sûre qu'elle serait morte. Je l'aime pas. Puis, une fois qu'elle a disparu dans la salle d'arts plastiques, je fourre ma tête dans le creux de la nuque de Sean et je m'agrippe à sa nuque et gorge en attachant mes mains dans sa nuque. Il sent bon. Un peu comme Jeremy, des fois, quand je suis pareil, dans ses bras. Puis il me dit que si je cache mon visage, il peut pas me dessiner. Je rigole un peu, mais je garde le visage caché. Je boude. Même si c'est raté, parce que si on boude, on ne doit pas rigoler.

Et, quand il se retourne pour aller vers la salle d'arts plastiques, je relève légèrement la tête pour voir la salle de musique s'éloigner, et je re-fourre ma tête dans le creux de sa gorge, et j'attrape le col de sa chemise pour m'y agripper. On peut faire quoi ? Il marque une pause, et je me redresse doucement, le regard pas trop certain. Si jamais il dit n'importe quoi, je me recache dans sa nuque et je sors plus, parce que je boude. Chanter des chansons ? Mon regard s'illumine. « On pourra chanter twinkle twinkle little star? » Mais, au moment où je pose la question, il passe le seuil de la porte, alors, réflexe de tortue qui se cache, je me re-cache encore le visage dans sa nuque et j'essaye de pas entendre les autres parler, parce que y a que Sean qui compte. Je m'agrippe encore à sa chemise et je tire un peu pour me rassurer qu'il est toujours là, et, quand j'entends qu'on doit dessiner nos familles, je relève doucement la tête en laissant mon menton reposer sur son épaule. Je fronce les sourcils. Dessiner ma famille ? Je vais dessiner maman et papa alors. Et Saphira aussi. Et moi en robe rose. Et le soleil, en haut à droite, dans le coin de la feuille, et une ligne bleue pour représenter le ciel. Et une maison, et on aura tous des sourires sur le visage. Je croise le regard de la fille de tout à l'heure et je lui tire la langue, mais ça, Sean il peut pas le voir. Et, quand elle fait mine de se lever, je baisse la tête encore pour me cacher le visage contre sa gorge.

Puis, pendant que je boude la tête cachée, il lève la main et il pose une question. Heeeeeiiiiin ?! Me dessiner moi ? Il est fou. Je rougis, et, je relève la tête pour le regarder avec un air interrogateur. Puis, dès qu'elle a répondu, je lui poke le poitrail pour attirer son attention. Et, dans un murmure je lui dis que « Mais t'es pas dans ma famille toi ! » Puis, en fronçant les sourcils et en esquissant un sourire, je reprends. « Mais si tu te maries avec Saphira, tu seras mon faux beau-frère ! Et papa il sera ton faux beau-père ! Oooooh! » Je me retourne et j'attrape une feuille de papier. Puis, un crayon. Et je tends le bras pour compter combien de personne il doit y avoir sur le dessin.

« Moi, papa, maman, Saphira, Sean... Ca fait cinq! » Je lui tends la main les cinq droits tendus, et je souris, en passant ma langue contre ma dent de devant qui bouge, elle va bientôt tomber, ma dent de devant, et la petite souris elle viendra la prendre sous mon oreiller, et ensuite, elle me laissera un peu d'argent, et ensuite, je pourrais aller acheter quelque chose chez le marchand. Oh, j'ai hâte qu'elle tombe ! C'est la troisième ! Puis il dit que je dois faire un dessin pour qu'il l'affiche dans sa classe et je fronce les sourcils.

« Toi, moi, Saphi' sur le dessin ? Je ferais papa et maman sur un autre? » Gros sourire, puis je lui poke encore le poitrail, juste pour le plaisir de le poker. Sans but, puis, d'un seul coup, moment de concentration. J'attrape un feutre noir au lieu du crayon, et je le débouche, et je le prends en main droite. Au, puis non, main gauche. Oh, et puis droite. Oh, j'y arrive pas. Alors, du coup, je me redresse et je le tends à Sean pour voir de quelle main il tient le feutre, lui. J'ignore complètement le reste de la classe, je les entends même plus. Puis, sans vraiment prévenir Sean, je passe dans une autre dimension.

« Twinkle, twinkle, little star... » Et je rajuste le bandeau dans mes cheveux, en tirant les cheveux de ma frange par dessus dans l'espoir qu'ils restent derrière, mais ils me retombent devant les yeux, alors je souffle dessus. Je prends le crayon que j'avais tout à l'heure, vu que j'ai donné le feutre à Sean, et je fais un gros trait en haut de la feuille. C'est le ciel. Et, puis, en levant la tête, je cherche un feutre jaune, et, n'en trouvant qu'un orange, je le prends, et je le débouche – en mettant du orange partout sur mes doigts – et je fais le soleil en haut à droite de la feuille, dans le coin. Puis, j'essaye de reboucher le feutre, mais j'arrive pas, alors, je ramène les bras devant moi pour plus de précision, et, là, catastrophe, le bouchon me glisse des doigts, et le feutre me glisse des mains. Et fait une grosse marque orange sur le jean de Sean. Je porte les mains à la bouche – mains pleines de feutre aussi, donc je dois m'en mettre partout – et je regarde Sean. « Oops. Désolée. »

Quoi, moi, pas douée ? J'ai que trois ans, aussi, hein. Me regardez pas dans l'espoir d'être un monstre de délicatesse... Et puis, c'est la faute au feutre. C'est lui qui voulait pas se refermer, d'abord ! :O

Oui blondie avait l’art de ne jamais rien faire comme les autres. Tellement que même la petite trouvait qu’il ne faisait pas les choses comme il faut. La dessiner? Ça ne fonctionnait pas parce qu’ils n’étaient pas de la même famille. Mai Sean avait tout prévu. Il avait baissé la tête lorsqu’il avait senti ce doigt sur son torse. Il avait sourit comme le grand gamin qu’il était, les yeux pleins de malices, lorsqu’elle lui avait assuré qu’il ne pouvait pas faire ça. Il était sur le point de lui dire que lui, comme il était grand, il pouvait dessiner ce qu’il voulait, mais la gamine trouva une réponse elle-même. Une réponse tellement mieux *0*

Ouais une fillette de trois ans plus futée de Sean… Ça surprend quelqu’un? =.=

Enfin bref, cette question réglée, blondie avait fait un simple clin d’œil à Eileen avant de s’emparer lui aussi d’une feuille de papier qu’il installa en décalé, à droite, sur la table, question de laisser le centre à la gamine qui ne se délogeait pas de ses cuisses. Oui bon, ce n’était pas comme si ça le dérangeait. Il avait d’ailleurs probablement l’air moins con sur cette minuscule chaise avec une enfant sur lui que tout seul – si ça avait été le genre de choses dont Sean se serait préoccupé x_x

▬ Tu fais comme tu veux princesse, mais je veux un dessin <3

Ouais même si c’était un gros gribouillage qui ressemblait à rien. Sean trouverait le moyen de dire que c’est du grand art postmoderniste et selon les chef-d’œuvres des fois… il ne serait pas si au dessous de la vérité que ça au fond x_x
Cherchant d’ailleurs un crayon pour commencer son œuvre, le bonhomme baladait ses yeux bleus sur la table, fusillant presque du regard un gamin qui avait pris le feutre jaune. Il en avait besoin pour les cheveux de la princesse! Maudit gamin aux cheveux noirs qu’il l’avait appelé monsieur è.é
… Sean, relaxe =.=
Hors donc, ce fut à ce moment que la petite lui tendit un feutre noir que le surfeur saisit bien évidemment de la main droite.

▬ Chic, merci *0*

Débutant sans attendre son dessin, blondie fit un cercle au centre de sa feuille qui occupait facilement le tiers de l’espace. Une grosse tête? Hey, souvenez-vous de ce qu’on disait sur les talents de portraitiste de l’irlandais =.=

▬ How I wonder what you are ~

Une voix douce au timbre enchanteur, des notes parfaitement exécutées. Et le pire dans tout ça? Il s’en fichait complètement, ne faisait pas vraiment attention, concentré à faire cette tête pour se rendre compte que la petite galérait avec sa frange de cheveux.

▬ Attend un peu, je vais t’aider.

Coinçant le bout en plastique du feutre – oui il était assez malin pour ne pas mettre le bout feutré dans sa bouche, une chance – entre ses dents, déviant la tête sur le côté afin d’éviter que le feutre ne traine dans les cheveux de la fillette, l’irlandais s’était emparé du bandeau, maintenant que ses deux mains étaient libérées. Il l’avait replacé correctement, veillant à ce que la frange perturbatrice soit bien coincée dessous. Voilà, elle était parée pour dessiner pendant des heures! Alors blondie retira le feutre de sa bouche pour se remettre à son dessin, faisant vaguement un nez, une bouche, des yeux, des oreilles.
Pas facile le dessin hein?
Oh la ferme è.é

Concentré sur son dessin, donc, Sean n’avait pas senti le feutre lui tomber sur les cuisses. Il fronça les sourcils lorsqu’il entendit le oups et le désolé pour baisser les yeux et rencontrer le regard de la petite. Il fronça davantage les sourcils, ne comprenant pas pourquoi elle s’excusait pour finalement voir le feutre et la tache. Est-ce que Sean était du genre à piquer une crise parce que son jeans était fichu? Sincèrement, trouveriez-vous crédible que Sean pique une crise, peu importe pourquoi? Non? Eh bha nous non plus! Alors il eut un petit rire amusé agrémenté d’un sourire. Il carbonisait ses jeans par endroits et ce en permanence, ce n’était pas une tache qui allait venir à bout de sa bonne humeur.

▬ C’est pas grave, mais si tu voulais dessiner sur mon jeans, fallait le dire!

… Sean, on ne sait pas pourquoi, mais ce n’est pas une bonne idée x_x Des plans pour que toute cette marmaille se jette sur toi pour avoir droit une fois à l’interdit. Soit salir des vêtements! … Mais bon, comme s’il était conscient de l’immense perche qu’il venait de tendre =.= Nop, pas même un peu dans les faits! Dans les faits, il put enfin mettre la main sur le feutre jaune pour pouvoir colorier les cheveux de mini blondie sur son portrait.

Il a continué la chanson ! J'ai relevé les yeux vers lui, tous brillants, tous humides. Et il chante trop bien en plus. Twinkle, twinkle, little star.. How I wonder what you are.. A moi, à moi ?! A MOI ! « Up above the world so high.. ♪ » Et puis, il m'a aidé pour mes cheveux. Et, sans bouger, j'attends qu'il finisse de me recoiffer, et dès qu'il dit que c'est bon, je me penche vers l'avant pour dessiner Sean et moi et Saphira, et je ferais papa et maman sur le coin de la feuille pour montrer qu'ils sont loin mais qu'ils sont ensemble. Vraaaaaaaai, papa et maman ils s'aiment. C'est pas parce qu'ils ont signé un papier qu'ils s'aiment plus. Si ? Je sais pas. Faudra que je demande à des grands. Et puis, dès que je fais tomber le feutre, je m'excuse. Mais il a pas l'air plus énervé que ça, alors ma bouche en « :O » devient un joli sourire et un joli sourire espiègle. Je m'empare du feutre orange. Et j'abandonne l'espace de deux minutes ma feuille de papier au soleil orange et au ciel noir en crayon. Et, je plaque la mine du feutre orange sur le pantalon de Sean, et je fais un rond, ce qui ressemble à un cœur – ben oui, des cœurs, c'est joli les cœurs *o* - et je relève la tête avec un gros sourire mesquin. Je lui ai pas demandé, mais ça rattrape la tâche. Puis, je me redresse et je regarde son dessin. Il a fait la tête trop grosse. Mais il a trouvé un feutre jaune. Alors, je fais un grand sourire avant de me pencher sur mon dessin, et je dessine trois têtes très proches les unes des autres, et j'en fais deux un peu plus loin. Je fais deux triangles sous deux des cercles et je cherche un feutre violet et un feutre rose pour colorier les robes. Ben oui, les triangles c'est des robes. Au cas où on avait pas compris.

Puis je me redresse, et je lance un coup d'oeil au dessin de Sean. Il est plus mieux le sien. Je fronce les sourcils, et je me gratte la tête, en tenant le feutre violet dans la main, et, inévitablement, je me fais un gros trait violet sur la joue. Puis, je pose le feutre et j'attrape le crayon pour essayer de faire les oreilles comme il fait Sean, et j'essaye de faire le nez aussi, mais j'y arrive pas. Tant pis. Puis, au final, j'arrête et je me redresse encore une fois. Puis je poke le genou de Sean. « Dis, tu peux pas faire les yeux et la bouche et les oreilles? » Grand sourire. « S'il te plaîîîîîîîît? » Je lui fais un regard irrésistible – je sais que papa il craque à chaque fois quand je fais ça – alors, du coup, et ben, j'espère qu'il voudra bien le faire. J'envoie un regard au garçon assis pas trop loin, et il arrête de me dévisager. Lui, son dessin, c'est un gros gribouillis. Le mien il est mieux. Même si mes ronds c'est des patates plutôt que des ronds, mais ça, c'est absolument pas grave. Et puis, au final, je fais des pieds. Puis je fais un carré sous la tête censée représenter Sean, un carré sous la tête de papa, et je fais un triangle pour maman, que j'avais oubliée. Et, j'attends que Sean il finisse avec le jaune pour lui prendre et faire les cheveux de maman et ses cheveux à lui, à Sean, puis je ferais ceux de maman. Ils étaient soit noirs, soit jaunes, soit roux, ceux de maman, alors je préfère les faire comme moi. Je fais un grand sourire à Sean, pour lui soudoyer le feutre jaune.

« Tu veux ta chemise de quelle couleur? » Le genre de détail, dont on se fiche complètement. Mais c'est pas grave du tout. En relevant la tête, cependant, je croise le regard de la sorcière, et, sans vraiment y penser, je fais un demi tour plus ou moins réussi et je me cache la tête dans le creux du coup de Sean. Je me demande combien de temps il faut rester ici, en fait. Je veux rentrer, je veux aller au parc, je veux donner à manger à mon écureuil... Alleeeeeeeez, il est quelle heure ? J'ose un regard par dessus l'épaule. Ouais, je boude la sorcière. Tant pis. Hein.

Dessiner s’était chouette, mais peut-être pas autant que le bricolage. Dommage, il aurait bien aimé pouvoir faire des trucs avec la colle et les paillettes!
Sean…
Quoi? Le bricolage c’était mieux. Puis il y avait tellement de trucs cool dans cette pièce pour faire du bricolage, il avait pas tout ça chez lui quand il était petit =/
Sean… =.=

Ce que l’histoire ne disait pas, c’est que bien que les gamins avaient plus de temps pour expérimenter la salle d’art plastique étant donné ce qui c’était passé en salle de musique, ça ne leur laissait pas énormément de temps non plus. Pas assez pour se lancer dans la grande aventure du bricolage. Il fallait voir d’autres endroits dans l’école et puis il fallait partir aussi! Mais blondie avait pris le temps de chanter avec Eileen, il avait pris le temps de l’aider avec son dessin et il avait même demandé une chemise verte parce que le vert c’est beaucoup mieux que le orange! Ensuite vint le moment terrible où la session d’art plastique prit fin. Déjà? Faut dire qu’ils étaient arrivés en retard tous les deux! Et qu’en fait, Sean n’aurait pas dû être là. Comme il n’aurait pas dû être dans le gymnase pour voir la classe de sport. Comme il n’aurait pas dû être dans la cours pour voir tous les jeux non plus. Ni dans la classe de maternelle où les enfants allaient passer le plus clair de leur temps l’année prochaine.

Mais le surfeur avait décidé de faire la visite lui aussi, avec ce visage intéressé et curieux qu’il avait tout le temps pour tout. Il connaissait l’école par cœur? Et alors! Ce n’était pas une raison pour ne pas être impressionné par le toboggan! Ni une raison pour ne pas aimer tous les jouets dans la classe de maternelle! Ce qu’il faut surtout dire, c’est que lorsque Sean tombe amoureux d’un gamin… eh bien il ne voit plus le reste. Il suffit de lui prendre la main et il suit. Il suffit de lui dire de chanter pour qu’il chante. Bref, Sean était la nounou parfaite! Du moins du point de vue du gamin =.= Il faisait tout ce qu’on voulait quand on le voulait et le meilleur dans tout ça? Il avait toujours ce sourire, alors forcément c’était qu’il aimait tout ce qu’on lui faisait faire!
Une vague comédie? Eh bien non, pas du tout. L’irlandais était réellement comme ça. Y’avait que les enfants pour vous emmener dans un monde si simple et si merveilleux. On pouvait le prendre pour un fou – il n’était plus à ça près de toute façon – mais il s’en fichait complètement. Quand on laissait un enfant nous embarquer dans son monde, il suffisait d’oublier qu’on était un adulte et les choses devenaient tellement simples et amusantes x_x

Bref, à la fin de la visite, Sean se tenait devant l’autobus à faire des grands signes de la main. Un large sourire, un enthousiasme difficile à ne pas sentir, il avait vraiment été content de rencontrer tous ces enfants et tout spécialement une certaine mini blondie!

▬ Bye bye princesse! Bye bye!

Sean avait cinq ans lorsqu’il devait dire au revoir? Il semblerait bien que oui! Mais bon, ce n’était pas encore terminé, pas vrai? Il avait un super dessin à mettre dans la porte de son armoire dans sa classe et puis il fallait qu’il obtienne ce tampon vert pour avoir le droit d’épouser Sugar è.é
… Vraiment Sean? =.=
Oui vraiment è.é