- La mouche tsé-tsé est une mouche hématophage africaine. Son nom lui vient de la langue Tswana et signifie « mouche qui tue le bétail ».
- Passionant…
- Monsieur Collins ? Je veux dire… Messire Collins.
- Deux secondes Gemini, laisse moi terminer mon moment culture .

Son moment culture ? Il n’en n’avait pas rien à faire de ce reportage ?
Probablement que si. Mais d’emmerder un peu le sous-fifre n’était pas un passe-temps qu’il négligeait. Il fallait le faire avec savoir, imagination, bagou. Le moment chieur méritait d’être mis en pratique par les plus grands talents de ce Monde. Alors, après avoir demandé au sous-fifre de l’appeler Messire, Monsieur Collins sonnant trop familier à son goût, après lui avoir commandé un jus d’orange pressé, puis un lait chaud, qu’il n’avait pas bu et avait même lancé au sol en le traitant d’imbécile heureux sous la forme « t’es vraiment con Gemini ! T’as pas remarqué que j’étais un vampire ? Je boie pas de ça idiot ! Qu’est-ce que t’attends ? Nettoies moi ça tout de suite ! ». Après tout ça, il avait décidé de mettre une chaine spéciale sur les documentaires pour faire patienter l’idiot encore un peu.
Oui Eric n’était pas là ce soir pour x raison, oui William devait donc aller faire un tour en salle, mais la patience était une vertue que l’on se devait d’avoir. Et si William se retrouvait fatalement maître des lieux ce soir, c’était à lui de décider quand il daignerait faire son apparition. Surtout qu’Eric n’avait pas cru bon de lui préciser les raisons de son absence. Depuis quand ils se faisaient des cachotteries ?
Euh….
Inutile de répondre à la question. Le brun n’ignorait pas que la proximité ne voulait pas toujours dire « plus de secret ». En fait, malgré toute sa curiosité, la confiance aveugle qu’il avait pour son créateur faisait qu’il n’avait pas posé plus de questions que ça. Oui, il l’avait juste emmerdé pendant une bonne dizaine de minutes en lui demandant prénom, nom, mensuration, couleur préférée et autres conneries dans le genre. Certes, il ne s’agissait peut être pas d’une fille, mais quelle importance après tout ? Souvenons nous, le moment chieur n’avait pas de logique. C’était d’ailleurs la loi principale pour tout emmerdeur respirant, ou pas, sur cette Terre.

Au bout d’un bon quart d’heure au cours duquel le sous-fifre avait finalement choisit silence et patience, William s’était finalement levé pour regagner le bar, non sans lancer un dernier coup d’œil à la télévision. Si avec tout ça, il loupait la rediffusion de Buffy, il faisait empailler le sous-fifre… vu le vampire, on ne remarquerait même pas la différence de toute manière.
Moins d’une minute plus tard, il se laissait tomber dans le fauteuil de son créateur et jetait un rapide coup d’œil à la salle. D’un ennui, tout ceci était d’un ennui profond. Ça manquait d’originalité. Dans le temps, il aurait pu organiser un massacre, une révolution, une mutinerie… quelque chose qui aurait eu le don de le faire sourire. Aujourd’hui… aujourd’hui ils appartenaient au commun des mortels et devaient donc se faire discret. Qu’on lui donne l’idiot qui avait décidé de dévoiler leur présence dans ce Monde ! Il se porterait immédiatement volontaire pour lui arracher tripes et autres.
Dans un soupir, il avait tourné les yeux vers Gemini, droit comme un piquet, l’air concentré sur la salle.

- Messire Collins s’ennuie. Amuse moi.
- Qu’est-ce qui plairait à Messire Collins ?
- Je ne sais pas Gemini. Je m’ennuie… trouve moi quelque chose d’amusant. Va, va. Et ne reviens pas tant que tu ne trouveras pas le moyen de me faire plaisir

Oui, la vie de sous-fifre était cruelle et sans pitié. Il n’y avait qu’à voir le pauvre vampire quitter le bar, un air tendu sur le visage, pour comprendre que sa situation n’avait rien d’enviable.
Poussant un soupir, William avait accueillit son départ d’un « c’est mieux » avant de reporter son attention sur la salle. Quelques secondes plus tard, il se levait et réclamait l’attention de son auditoire :

- Mes biens chers frères… et mes plus chères encore sœurs. Ce soir est un soir spécial ! Ce soir, nous ferons la fête comme au bon vieux temps. Ce soir nous allons… organiser une partie de scrabble géante wouhou !

Tant d’enthousiasme pour… ça ?
C’était bien son idée de soirée réussie. Celle qu’il avait en tête depuis le départ. C’était du moins ce qu’il dirait à la charmante brune qui venait de faire son entrée dans la salle. Non, il ne s’était pas rassit parce qu’il l’avait vu. Pas plus qu’il n’avait proposé un scrabble quand elle était entrée. Et ce n’était pas non plus parce qu’elle était là qu’il avait joué le patron attentif, qu’il avait fait le Eric qui observe la salle d’un regard attentif respirant le sérieux.