La femme qui apporte la mortVenise, Italie
Dehors les rayons du soleil commençaient à se dissiper sur la cité des Doges pour laisser place à la beauté de la nuit. Dans une chambre d’hôtel, assise sur un lit drapé de satin blanc, la jeune femme regardait avec exaltation les derniers rayons s’éteindrent sur la lagune, à travers les doubles vitrages teintés.
Si il y avait bien une chose qui lui manquait dans sa vie d’immortelle, c’était bien le soleil et la chaleur qu’il procurait sur sa peau si parfaite. Et cela faisait des siècles qu’elle n’avait pas eu l’occasion d’admirer un coucher de soleil. Des larmes de sang perlèrent aux coins de ses grands yeux bleus sous l’émotion. Elle les fit disparaître, se redressa et mit de l’ordre dans sa tenue. Elle portait une robe noir cintrée et échancrée jusqu’en haut de sa cuisse. Son visage était d’une finesse angélique et ses lèvres vermeilles si pulpeuses dénotaient avec sa peau si claire. Elle était grande, mince, avec une plastique de rêve et ses longs cheveux étaient d’un brun doré si attrayant qu’à cet instant n’importe qui aurait voulu y glisser ses doigts.
Serah s’avança vers une table en pin massif et prit le verre à pied qui y était posé. Elle le porta à ses lèvres et se délecta de ce nectar si gouteux qu’était le sang humain. Pas le sang synthétique qui n’avait bien entendu aucune comparaison avec le sang d’un mortel. Elle allait régulièrement se fournir au don du sang pour éviter de tuer des humains. Serah avait déjà bien trop de morts sur la conscience… mais à quoi bon avoir des remords si c’était pour qu’ils perdurent dans son cœur pour l’éternité ?
La souffrance d’être un vampire, était déjà trop intense. Pour elle, il ne s’agissait là que d’un cadeau empoissonné, une malédiction, un enfer au quotidien… que son créateur lui avait pleinement offert avec la plus grande satisfaction. A cette pensée, la rage l’aveugla. Elle s’y refusa. Penser à cet homme qui l’avait détruite, déchirait son âme. Il lui avait ôté la seule chose qui comptait pour elle : sa bien aimée… sa progéniture, détruisant à jamais ce lien si précieux.
Une voix familière la tira de ses noirs souvenirs et elle porta son attention sur la télévision. Une présentatrice italienne parlait des vampires, les dénigrant comme la pire espèce et annonçant leurs extinctions. Les humains étaient devenus si méprisable avec le temps, ils ne pensaient qu’à détruire, heureusement que tous n’étaient pas comme cette présentatrice. Mais en ce jour, les personnes bienveillantes et altruistes se faisaient rares.
Serah tourna le dos au poste de télévision, enfila son long manteau en cuir noir et ses talons puis sortit de la chambre d’hôtel.
La belle jeune femme repartait sur le continent américain et plus particulièrement en Louisiane… là où le surnaturel était roi… là où les vampires étaient les plus nombreux et là où la mort frappait le plus souvent…