Game On !

- Hey Eden ! Emmène ça à la table 6 !

S'il te plait ? C'était des expressions perdues de nos jours ou quoi ? Sans oublier qu'elle avait été embauché pour bosser derrière un bar non ? Officiellement, le mot "barmaid" ne comprenait pas des tâches comme se trimballer au milieu des pervers pour aller leur filer leurs burgers.
Ok, elle n'était pas réellement barmaid et avait pris sur le tas les cocktails, mais ce n'était pas une raison pour l'envoyer jouer les serveuses. Si elle avait pris ce boulot, c'était bien parce que son dernier était serveuse. Visiblement, ça ne changeait pas grand chose. La ville avait changé, les têtes aussi, mais c'était toujours la même routine.
Dans un soupir peu discret, elle s'était tournée vers son patron du moment pour lui notifier cette particularité du mot "barmaid", une fois de plus, quand il avait semblé voir quelque chose sur son visage qui lui avait fait penser au fameux :

- S'il te plait. Tu serais un amour. Avec Mandy qui n'est pas venue bosser, c'est un peu la folie ce soir.

Un roulement des yeux plus tard, Eden s'était tournée vers les cuisines

- ça va, ça va. J'men charge.

Sur le comptoir, elle avait pris les assiettes concernées par les commandes avant de se diriger vers la salle. Quand on avait été serveuse pendant un temps, difficile d'oublier le travail. Rien de compliquer à servir des gens même en quelques soirs sur un nouveau lieu. Aussi, elle n'avait pas mis longtemps à poser les assiettes sur la table six et ne s'était pas attardée plus que ça. Un simple "bon appétit" lui avait suffit pour trouver qu'il était raisonnable de tourner les talons aussitôt sans en attendre plus. Entendre un des pauvres types penser que sa femme le tuerait probablement à bouffer un truc aussi gras malgré son cholestérol ne lui avait pas donné plus d'intérêt pour la table.
Son patron ne marquait pas de point, rien qu'à se frayer un passage dans la salle, on pouvait voir que c'était une nuit plutôt calme pour le bar. Elle n'avait pas eu de mal à passer avec les quelques habitués qui traînaient ce soir. Un soir de semaine en même temps, c'était compréhensible. Les autres bars devaient connaître la même fréquentation, surtout à cette heure-ci L'ambiance était pourtant plutôt pas mal et il y avait toujours les éternels habitués... comme ceux à cette table qu'elle venait de contourner pour esquiver les traditionnelles blagues lourdes qu'ils voulaient toujours lui faire écouter.
Voici donc la raison à son détour vers le coin jeux de la salle. Passant derrière les quelques joueurs de billard qui avaient largement abusés de la boisson, son attention avait été détournée vers le jeu de fléchettes.

Un rapide coup d'oeil au bar pour vérifier que la patron prenait les commandes, et là voilà lancée en direction d'un ténébreux. Mouais, traditionnellement, on abordait sans doute pas les gens aussi facilement. Mais dans un bar, les quelques traditions étaient rapidement balayés par le fait que tout le monde se parlait comme des vieux amis. Chose qui ne changeait pas en Louisiane.
Se plaçant derrière le jeune homme, elle avait posé son plateau sur la table la plus proche, vide heureusement.
Une petite pause n'allait pas lui faire de mal, et vu le monde... une réflexion aurait été ridicule... ou du moins rapidement renvoyée par un coup d'oeil à la salle significatif à son patron. D'autant plus que le comptoir n'était qu'à quelques pas du jeu de fléchettes. En fait, sans vouloir se vanter, elle aurait même pu jouer de derrière. Mais bon, ce n'était pas donné à tout le monde de toujours gagner à ce jeu.
Ok... mais un peu de vantardise n'avait jamais fait de mal à personne.
Bref, seulement quelques secondes après s'être plantée près du joueur, elle avait dit ce qui l'avait amené jusqu'ici :

- Tu devrais la tenir moins haut. Tu viserais beaucoup mieux.

Ce n'était pas cherché, c'était simplement donné un bon conseil. Certes, on n'y croyait pas vraiment. La voir vouloir démontrer son talent ensuite ne nous étonnerait pas. En fait, elle avait probablement décidé de passer le temps en gagnant une partie de fléchettes. Seulement voilà, elle n'avait aucune idée qu'elle était tombée sur un aussi grand joueur qu'elle qui était tout autant mauvais perdant.

- Conseil de professionnelle. Tu peux me croire, je suis née avec une fléchette dans ma main.

Ou plutôt avec un père qui l'entraînait dans les bars faute de nounou.

L’avantage de ne pas avoir de boulot stable, ou de ne pas avoir de travail du tout, c’était bien qu’il pouvait faire ce qu’il voulait quand il le voulait. La seule chose dont il était obligé de s’occuper -en dehors d’un chat nouvellement transformé en humaine que nous qualifierons de personne pour les bienfaits de la cause, c’était d’aller à l’université pour ne pas couler de cours ou quoi que ce soit du genre. Ses parents ne lui pardonneraient jamais sinon, déjà qu’ils acceptaient plus ou moins le fait que sa chambre était maintenant un lieu interdit pour cause d’envahissement de félins ou d’une féline et qu’ils craignaient plutôt que ce soit un trafic de quelque chose qui se soit installé dans la chambre de leur fils. Ils n’avaient certes pas à s’en faire de ce côté là, il était déjà pris avec l’enquête sur le domaine, il n’en ferait pas partie intégrante en plus ! Enfin voilà qui restait la seule condition à sa liberté et il comptait bien la remplir pour pouvoir en profiter. Ce qu’il faisait sans aucun problème soit dit en passant. Puis après, tout le monde sait que le meilleur moyen pour passer à travers ses études avec brio, c’était simplement de passer une soirée dans un bar. Quoi, la logique d’Innocent ne fonctionne pas très bien ? Oh que si, tout allait très bien chez lui, il avait seulement une drôle de façon de voir les choses et bon, ça lui donnait un certain charme vous ne trouvez pas ?

Je disais donc que monsieur le loup ici présent décida donc d’aller passer sa soirée en compagnie de saoulons, peut-être qu’il croiserait même Scotty question de boire un peu en bonne compagnie, et de jolies barmaids, ainsi que des barmans, mais avouons-le ce n’était pas vraiment la tasse de thé du jeune homme, il préférait les jolies demoiselles. Enfin, il ne comptait pas trop boire, parce que en solo c’était moins cool et puisqu’il préférait tout ce qui était bien et sympa, disons qu’il préférait faire quelque chose de plus marrant même si ça se jouait aussi à deux normalement. Une bière à la main, bah oui faut bien consommer, il se dirigea vers l’endroit où il comptait passer sa soirée jusqu’à ce qu’il y ait des potes qui se ramène ou encore qu’une distraction intéressante fasse son apparition, et j’ai nommé ‘l’endroit à fléchette’ ! Un corridor maudit où les gens évitaient de passer de peur de recevoir une mini flèche mortelle dans une partie du cours, surtout quand elles étaient lancées par louloup ici présent qui mettait peut-être un peut trop de force dans ses lancers. Ça devenait presque dangereux puisque son talent pour viser était un peu rouillé en ce moment. Puis ce n’était pas des excuses, nous tenons à dire que les braves loups-garous, comme Innocent ici présent, n’étaient pas le genre de personnes qui faisaient des excuses. Ça, c’est pour les chochottes !

Alors qu’il recommençait l’énième partie où il serait probablement encore le vainqueur, ça aidait son égo déjà bien gros au moins, il sentit une odeur qui n’était pas la sienne derrière lui. Sachant qu’un être humain normal ne détecterait pas la présence de quelqu’un d’autre de cette façon, il feignit de l’ignorer en continuant de lancer ses fléchettes jusqu’à ce qu’elle prenne la parole. La tenir moins haut, viser mieux ? C’était de la provocation n’est-ce pas ? Ayant probablement l’esprit de compétition un peu trop compétitif, il voyait probablement une provocation où il n’y en avait pas, mais que de détail, vraiment. La demoiselle, qui semblait être la barmaid de l’endroit, en rajouta en disant que c’était des conseils de pros puisqu’elle était née avec une fléchette, Innocent la dévisagea simplement, contrôlant la réaction normal puisqu’il se trouvait devant une pauvre fille sans défense, il s’exclama : « N’importe quoi, je suis certain que née avec une fléchette dans la main ou pas, tu ne peux pas me battre. » Évidemment, il ne pouvait pas s’empêcher de répondre en la provoquant. Bien sur, ce n’était pas aussi marrant s’il ne répondait pas à une provocation alors vous comprenez. « Parce que franchement, ton truc ça doit être faire des cocktails, pas lancer des fléchettes. » Vraiment ? Il allait surement s’en mordre les doigts, et elle aussi considérant que monsieur était un très mauvais perdant, mais ça il ne pouvait pas le savoir alors il faisait ce qu’il faisait de mieux, réagir aux provocations et en lancer d’autres ! Puis ça lui donnait une façon de prouver son talent, génial !

Hum.
A juger ce sourcil levé sceptique, on pouvait deviner qu'Eden n'était probablement pas prête à reprendre ses fonctions de barmaid derrière son comptoir. Mais il y avait plus urgent que de servir quelques ivrognes maintenant qu'une provocation venait d'être lancée. D'autant plus que la soirée était particulièrement morte, ce qu'on pouvait traduire par : ennuyeuse. Et quand on était du genre à détester l'ennui, autant se trouver un client pour passer le temps. Et fondamentalement, comme son boulot était également se se montrer sociable avec les gens qui venaient ici, elle ne faisait que son devoir. Oui, même si son devoir n'était sans doute pas de provoquer un pauvre gars qui ne voulait peut être qu'une simple partie de fléchettes en solitaire sans une barmaid pour lui dire comment jouer.
Mais si ça avait été le cas, aurait-il choisit le même registre qu'elle pour lui répondre ? Visiblement, ils semblaient avoir au moins un point commun. Question provocation qui mettait mère fierté au défi, il n'était pas en reste.
Ne pas y répondre et reprendre ses activités pour mériter son salaire ? Vous plaisantez ! Sa fierté était désormais mise en jeu. Aussi certain qu'elle s'appelait Eden Jones, elle ne laisserait pas le ténébreux quitter ce bar sans avoir reçu la raclée qu'il méritait.
Et si elle perdait ?
Impossible. Eden Jones ne perdait jamais, mettez vous bien ça dans la tête.
Un dernier coup d'oeil au bar pour confirmer le fait que le patron pouvait bien se passer d'elle pendant quelques temps :

- Laisse moi te faire une confidence, je suis nulle pour les cocktails.

... la logique était donc que parce qu'elle était nulle dans son métier, elle était bonne aux fléchettes ? Mais s'il lui avait proposé un concours d'alcool, elle aurait été meilleure barmaid que meilleure lanceuse de fléchettes, c'est ça ?
Vous pouvez voir les choses de cette manière, ça passe le temps.
Prenant la fléchette qu'il tenait dans sa main, Eden n'avait pas tardé à ajouter un :

- Laisse moi te montrer comment ça marche gamin. Après on parlera tarif pour des cours particuliers

Elle en faisait trop ? On n'en faisait jamais trop question provocation et on était certain que ce n'était pas son adversaire dans le domaine qui allait la contredire.
Quoiqu'il en soit, elle s'était placée devant la cible et avait pris quelques secondes de concentration. Inutile de démonter tout son beau discours en foirant ensuite la cible, non pas qu'elle doute de ses capacités.
Lançant finalement sa fléchette qui avait atteint le centre de la cible, elle n'avait pas levé les bras, elle n'avait pas lancé de cri de victoire, elle s'était contentée de se retourner vers le client avec l'air qui pouvait probablement se traduire par l'habitude. Ok, elle n'atteignait pas le centre à tous les coups, mais ce qui comptait, c'était bien de le faire croire.

- Je me déplace à domicile et je bosse tous les jours sauf le dimanche. Jamais le jour du seigneur.

Mais bien sûr.
Et le sourire sur les lèvres, c'était probablement parce qu'il était plus amusant de provoquer un duel en client plutôt que de lui servir à boire.
S'avançant de la cible pour décrocher les fléchettes, elle les avait ramené au jeune homme pour les lui tendre dans un :

- Eden Jones, la main qui te permet de repartir bourré.

En d'autres termes, la main que tu te dois de respecter

Eh non, s’il y avait bien quelqu’un qui ne pouvait pas supporter une provocation, aussi minime soit-elle, sans y répondre en moins de deux, c’était bien Innocent. Après tout, c’était une question de fierté et on ne pouvait pas laisser ce genre d’offense passer. C’était la moindre des choses, n’importe qui était supposé comprendre ce fait ! Lui-même relança provocation à la provocatrice question d’être certain que madame ne se défile pas, sait-on jamais peut-être qu’elle ne réalisait même pas de l’offense qu’elle venait de causer ! Bon d’accord, ce serait étonnant, elle avait quand même l’air de savoir ce qu’elle faisait, mais tout de même il fallait s’en assurer. Une petite provocation bien simple voilà ce qu’il fallait. Bien content de voir qu’elle embarquait en lui disant qu’elle n’était pas douée pour faire des cocktails et surtout lorsqu’elle luit prit la dernière fléchette de la main, il lui accorda le bénéfice du doute quant à son talent pour la chose. Ouais en gros il croyait surtout qu’elle exagérait et qu’elle ne serait pas capable de mettre la fléchette en plein centre de la cible.

Croisant les bras en lui laissant le temps de se concentrer, après tout il ne voyait pas encore de compétition en cette demoiselle alors pourquoi l’embêter tout de suite, Innocent arqua un sourcil. Il devait avouer que pour quelqu’un qui exagérait, elle exagérait beaucoup. Et il avait vraiment envie qu’elle se plante vu qu’elle l’avait appelé gamin. Sauf que non, elle atteignit le centre. Restant impassible ou essayant vraiment de le faire, Innocent la regarda sans rien dire. De son côté la demoiselle ne s’était contentée que de se retourner vers lui et de le provoquer à nouveau. Elle avait une bonne attitude, il devait lui concéder ça. Sauf que bon, ce serait impossible de voir un Innocent aussi calme au point de lui concéder une telle chose sans pour autant répondre à la provocation. Un petit sourire narquois se dessina sur les lèvres du jeune homme qui ne mit qu’un moment avant de répondre : « Comme si j’avais besoin de cours, voyons. » Il n’ajouta rien d’autre. Il sous-entendait évidemment qu’il n’avait pas besoin de cours quelconque pour lui mettre la raclée à ce genre de chose. Décidément il fallait s’entendre sur le fait que dans le genre, c’était la seule réaction qu’il pouvait possiblement avoir.

La regardant alors aller récupérer les fléchettes, il les reprit lorsqu’elle vint se présenter. Puis il fit sa présentation à son tour : « Innocent Cooper, la main qui va te battre sur ton propre terrain. » Il faisait bien sur référence au fait qu’il la défiait maintenant sans aucune subtilité à un combat à mort, ou pas, de fléchettes. Il fallait bien sur établir les règles de ce combat, pour éviter de la tricherie... Oui bon ce n’était pas vraiment pour cela qu’il voulait établir des règles, parce que bon mauvais perdant comme il était... enfin passons.« Celui qui fait le plus de points gagne ? » Il aurait bien mis un ‘prix’ pour le gagnant, mais puisqu’elle était barmaid, c’était plutôt nul de faire que l’enjeux du défi soit un simple verre. Enfin, il fallait d’abord qu’elle embarque dans le défi qu’il venait de lui lancer. Comme si elle pourrait faire autrement en fait, vu le comportement qu’elle avait, elle devait lui ressembler et ne pas pouvoir dire non à un défi devait faire parti de leur ressemblance, c’était clair comme de l’eau de roche ! « Les dames d’abord. » Toujours le petit sourire narquois aux lèvres, il lui tendit les fléchettes. C’est qu’il était très confiant quand même !

Il y en avait qui revendiquait le plaisir de jouer. D'autres qui vous sortaient des phrases comme "l'important c'est de participer". Et d'autres qui prétextaient se moquer d'avoir perdu pour ne pas perdre la face, soi-disant. En ce qui concernait les deux personnes qui s'apprêtaient à commencer une partie de fléchettes, ils n'appartenaient à aucune de ces catégories, on pouvait en être certain. En fait, ils étaient même probablement du genre de ceux qui prétendaient que l'important n'était pas de gagner, qu'ils étaient du genre à se voiler la face, pour ne pas dire abrutis. Evidemment que l'essentiel était de gagner, c'était bien pour ça qu'on avait inventé le jeu non ? Logique de mauvais perdant probablement partagé.
Il était également bien connu que pour ce genre là de personnes, la provocation était une phase essentielle, importante du jeu. Il était impensable de ne pas passer par quelques répliques qui visaient à provoquer son adversaire, que ce soit pour plaisanter une non, avant de démarrer une partie. Et visiblement, ces deux là connaissaient leurs classiques. Hors de question d'enfreindre les règles de base.
Quelques banalités échangés, un peu plus de normalité facultative à la limite une présentation pour bien faire, et le jeu pouvait commencer ? Il commençait sans doute dès la première provocation lancée.
Dommage. Quand deux mauvais perdants jouaient, il y avait toujours un déçu pour faire preuve de mauvaise foi. Mais inutile d'aborder le pénible sujet tout de suite alors que la partie n'était même pas encore commencée :

- Sûr ? Je faisais des promotions estivales.

Encore faudrait-il réellement donner des cours dans le domaine. En fait, il était fortement probable qu'aucun cours n'existe en ce qui concernait le maniement des fléchettes. Fallait peut être voir du côté du tir à l'arc pour s'améliorer dans la pratique.
Bref, oublions les fausses promotions. A la réplique suivante de Innocent donc, Eden avait sourit. Parce qu'elle n'y croyait pas trop ou voulait du moins avoir l'air de le penser, parce qu'il l'amusait, sûrement un peu des deux.

- Je crois pas trop aux miracles, mais si tu me convertis, j'te paie à boire c'est décidé !

Facile pour une barmaid non ?
Hey, elle retiendrait tout de même sur son salaire ou ses pourboires ! ça revenait au même.
Pour une fille qui entendait dans les pensées, elle n'avait certes pas beaucoup de foi. En même temps, elle était convaincue que son don n'avait rien à voir avec Dieu ou quelque chose dans ce goût là. Quoiqu'il en soit, là n'était pas la question. La question était bien d'affirmer qu'on avait aucun doute avant de commencer une partie dans les règles de l'art :

- ça me va, sachant que j'en ai déjà 198 d'avance.

Euh non....
ça va, tricherie évidente ne pouvait pas faire office de tricherie puisqu'elle passait pour plaisanterie

- 197 ?

Ok, laissons tomber le sourire angélique pour ce soir et concentrons nous un peu sur cette partie. On y était encore demain s'ils continuaient à jouer uniquement dans les répliques.
S'emparant des fléchettes qu'il lui tendait, elle avait ajouté un :

- Quel gentleman !

Avant de se tourner à nouveau vers la cible. Elle avait cette fois pris moins de temps pour se concentrer. Maintenant le premier tir donné, autant ne pas passer 3 heures devant la cible, il fallait aussi un peu de style dans une victoire après tout.
Rapidement, elle avait donc tiré ses 3 fléchettes pour toucher un triple dans le secteur 2, échappant alors une moue mécontente, avant de toucher un double dans le 20 puis à nouveau un double dans le 15.
Satisfaite, elle avait été récupéré ses fléchettes pour noter ensuite son score sur le tableau à côté. Tendant les 3 à Innocent, elle avait lancé, de bonne humeur, bien que la partie ne faisait que de commencer :

- Tu veux boire quelque chose ? C'est ma tournée

L’important c’est de participer était clairement, aux yeux du jeune loup ici présent, une excuse pathétique pour les perdants. Certes, quand il gagnait contre quelqu’un, il prenait un bien grand plaisir à lui sortir ça, mais ça ne s’appliquait jamais, mais jamais à lui. De toute façon, il ne perdait que très rarement, pour ne pas dire jamais tout simplement. Il était probablement trop compétitif pour la majorité des gens et mauvais perdant comme il était les gens préféraient le voir gagner. Sauf qu’il ne fallait pas se méprendre, Innocent n’aimait pas quand on le laissait gagner. Vous savez, il faut bien avoir une victoire franche -ou avec tricherie ce qui est totalement honorable- sinon aucun intérêt à cette même victoire. Puis aussi, pour une belle victoire, il fallait un peu de provocation, sinon c’était pratiquement ennuyeux. C’était une phase nécessaire du jeu voilà tout. Sauf que naturellement quand on provoque beaucoup, il faut gagner sinon ça brise totalement la chose ! Et malheureusement, dans le cas présent, il y aura une chose totalement brisé que ce soit l’honneur de la belle demoiselle ou celui de Innocent, les deux ne seraient pas intacts ! Mais passons, ce n’était pas très important pour le moment.

Le jeune loup devait quand même reconnaitre qu’elle savait bien se défendre dans le genre provocatrice. Un sourire faux s’étira sur ses lèvres alors qu’il répondait : « Je saurais vers qui envoyer les nuls alors, enfin ça c’est si tu me bats. » Oui parce qu’autrement elle ne se méritait pas le droit d’inculquer le savoir des fléchettes ! S’il exagérait, toujours, mais que voulez-vous, ça le rendait attachant. « Parfait et si tu me prouve qu’ils n’existent pas, eh bien... » Lui payer un verre semblait stupide considérant qu’elle était barmaid alors : « Je prends ma revanche sur un concours de beuverie à mes frais ? » C’était dans la même optique, mais quand même plus marrant. Puis il ne pouvait pas trop lui proposer quelque chose de tordu, des plans pour qu’elle le trouve bizarre ! « Oh franchement, mais c’est qu’un détail. » Puisqu’elle plaisantait autant plaisanter avec elle sinon il aurait l’air beaucoup trop sérieux et sincèrement, il ne l’était pas du tout. Puis elle était marrante après tout, comme si elle pourrait avoir autant de points d’avance et qu’elle soit sérieuse sur le fait qu’elle les avait.

Enfin, Eden fit beaucoup mieux que ce que Innocent avait imaginé à la base. Elle avait quand même fait soixante-seize point ce qui était tout de même pas mal. Un sourire confiant sur les lèvres, il prit les fléchettes qu’elle lui tendit en profitant, par la même occasion, pour lui répondre : « Une bière, s’il te plait. » Il restait dans le classique bien sur. De cette façon, il savait bien que ça ne changerait absolument rien à sa capacité de tirer des fléchettes. Enfin après avoir commandé, Innocent se tourna vers ce qu’il devait viser, attendit un moment avant de lancer. La première toucha presque le centre, mais se contenta de se figer dans un simple au secteur trois. C’était bien loin d’être génial et Innocent soupira alors qu’il lançait la seconde fléchette pour toucher un triple dans le secteur dix-huit. Mieux, mais pas suffisant s’il voulait battre Eden à cette première manche. Finalement un doublé dans le secteur sept fut ce qu’il toucha avec sa troisième fléchette. À croire qu’il était rouillé même si ça faisait peut-être cinq minutes qu’il n’avait pas tiré de fléchettes. « C’était simplement pour me réchauffer, te laisser une chance surtout. » Et dans le genre, c’était nullement crédible puisqu’elle n’avait visiblement pas trop besoin qu’on lui laisse une chance tandis que lui... Eh bien il vaincrait par son talent naturel pour tricher et ne pas avouer une défaite non certaine. Il alla donc récupérer les fléchettes pour les tendre à la demoiselle avait un air qui montrait très probablement sa mauvaise fois. En même temps elle le battait maintenant de cinq points et il n’aimait pas ça, déjà à ce stade !

- Prends tout le temps dont tu as besoin pour t’échauffer !

Réplique donnée en même temps qu’une bière, la première mais pas la dernière. C’était en réalité la première d’une longue liste et elle se verrait accompagnée d’autres alcools du genre. Mais n’en dévoilons pas plus pour le moment, ce qui comptait c’était cette grande partie de fléchettes à laquelle ils étaient en train de se livrer. Et si l’un ni l’autre ne semblait douter de sa future victoire, ça restera à jamais le cas.
Vous vous demandez sans doute comment c’est possible alors qu’il faut bien un gagnant à toute partie. C’est uniquement possible parce que boire semble affecter la mémoire d’une fâcheuse manière. En d’autres termes, le lendemain, ils se chamailleraient probablement en pensant être tous les deux des grands vainqueurs. Et parce que le sadisme c’est le bien, nous nous garderons bien de réfléchir la mémoire de l’un ou de l’autre pour lui rappeler les détails manquants de cette soirée.

Après plusieurs lancées, plusieurs bières, et quelques shots de tequila gracieusement offerts par le patron parce qu’il pensait sans doute pouvoir raccompagner son employée à la fin de son service si elle avait trop bu… et la présence du « si » n’était pas utile ici, Eden avait noté une nouvelle fois son score sur le tableau près des fléchettes.
Pauvre Scotty, dire que malgré le peu de monde, il n’aurait pas eu le droit de boire avec les clients pour tout l’or du monde. Le favoritisme était injuste dans ce monde, mais Eden avait appris à vivre avec quand elle était du côté des favorisés.

- Et ça fait 12 000 à 5 ! Innocent Cooper, je suis en train de te mettre la raclée la plus mémorable de tous les temps !

12 000 ?
Ils avaient joué pendant aussi longtemps ?
Minute, Innocent avait plus de 5 points tout à l’heure non ?
Non, ceci n’était pas une illusion, Eden venait bien de changer les scores sur le tableau avant de les annoncer fièrement.
Mais pour sa défense, la tequila montait vite au cerveau. Et pour seconde défense, elle avait choisit le sourire charmeur de l’ange incapable de tricherie :

- J’te l’avais dis, j’ai grandis dans les bars ! Je suis imbattable à tout ce qui est fléchettes, billard, golf.

Golf ? Il y avait du golf dans les bars ?
Des mini golf ?
Passons sur le dernier et reprenons.
S’asseyant sur une chaise non loin d’Innocent, elle avait ajouté :

- Tu veux perdre à un autre jeu Walker ?

Walker ? Texas Ranger ?
Allez, en plusieurs verres, ils avaient eut le temps de sympathiser… et de boire. En d’autres termes, les surnoms idiots pouvaient désormais être de la partie.
Faisant tourner son tabouret, Eden s’était saisie du dernier shot de tequila commandé pour le vider d’une traite.
L’ambiance ce soir était finalement plutôt cool. Peu de clients, plus de contacts. Une vérité de bar que son patron mettait aussi en pratique en s’accordant une partie de billard avec des habitués. Une chance qu’il soit de bonne humeur ce soir. Ou une chance qu’elle profite sans cesse de son statut de femme en lui lançant de temps à autres des airs charmeurs qui le laissent espérer ce qui ne viendra jamais. C’était une autre manière de dire les choses.
Son ancien collègue roux serait resté plus longtemps, elle aurait pu lui apprendre cette technique remplie de fourberie… qui n’aurait probablement pas marché sur leur boss, certes. Mais après un verre, il était toujours bon d’avoir une pensée pour le meilleur collègue qu’elle ait eu un jour et qui bossait désormais en tant que casse-croûte barman au Fangtasia.
… il était au moins aussi suicidaire qu’elle.
Oubliant un peu le roux qui devait être, à l’heure actuelle, en train de prier pour vivre au moins jusqu’au Noël prochain, elle avait reporté son attention sur Innocent en lui tendant un shot :

- T’as pas bu beaucoup… tu tiens pas l’alcool ?

Pas beaucoup ? C’était probablement une blague étant donné qu’il avait du boire au moins autant qu’elle.
Oui, Eden Jones était un specimen diabolique qui venait de relancer la provocation.

L’échauffement de Innocent terminé, il laissa place à la demoiselle alors qu’il allait boire un peu de sa bière. Si ce n’était qu’une excuse pour expliquer son score inférieur à celui de la demoiselle, ça ne voulait pas dire qu’il allait abandonné tout de suite voyons ! Alors qu’il buvait tranquillement la première bière offerte par Eden, il regardait cette dernière tirer jusqu’à ce que ça soit à son tour. Et il fit un peu bien et c’était tant mieux puisqu’il était plus que confiant vis-à-vis sa victoire. Puis de toute façon, ils n’allaient pas arrêter après simplement deux tours et seulement une bière. Et non la première fut suivit de plusieurs autres, tout comme les lancés, mais passons. Toujours en est-il qu’après plusieurs tours la demoiselle alla changer le score pour qu’il affiche : 12 000 à 5. Un score bien loin de la réalité considérant que le jeune homme qui se retrouvait maintenant à un score de 5 avait plus que ça quelques minutes auparavant, mais que voulez-vous vu toutes l’alcool qu’ils avaient bu, changer les chiffres ainsi était quelque chose d’assez simple ! À peine quelques instants après que les chiffres aient été changé, Innocent s’exclama : « C’est faux ! Tu as triché sale fourbe ! » Oui bon on pourrait presque croire qu’il était mécontent de la chose, mais considérant qu’il riait en disant ça, comme quoi l’alcool lui montait aussi au nez. « C’est moi qui avait 12 000 ! » Et voilà une deuxième preuve.

La soirée était beaucoup plus cool qu’il ne l’aurait imaginé, même si cette fourbe d’Eden trichait sans vergogne. Après il fallait se demander si le problème quant à ça, c’était le fait qu’elle trichait ou parce qu’elle avait triché avant qu’il ne le fasse. Les deux cas étaient fort possibles surtout puisqu’avec la tricherie de la demoiselle, il se retrouvait au rang de perdant, un rang qu’il n’acceptait pas du tout. Ne comprenant pas le surnom débile du quel il venait de se faire affublé, le jeune loup fronça les sourcils et chercha ce à quoi il pouvait la battre. Il excluait maintenant tout ce qui s’appelait fléchettes, golf ou billard. Question d’orgueil, il voulait prendre sa revanche même si en soit la personne qui avait véritablement gagné n’était peut-être pas Eden. Bon il n’y avait peut-être pas de golf dans le bar ce qui l’obligeait à ne pas prendre cela, mais quoi qu’il en soit, il était nul au billard alors valait mieux éviter cette activité.

Puis Eden lui tendit un shot en le provoquant de nouveau. Alors qu’il buvait le contenu du petit verre d’une traite, il eut ce qu’il pourrait qualifier d’illumination divine alors que nous appellerons ça mauvaise idée qu’il ne tarda pas à transmettre à la demoiselle : « Je peux clairement plus supporter l’alcool que toi, tu n’es qu’une fillette alors que je suis un homme dans la force de l’âge. La preuve j’ai déjà bu plus que toi. » Les deux descriptions étant fausses, on pouvait facilement que comprendre que malgré tout, l’alcool lui avait bel et bien monter au nez. Quant au fait qu’il avait bu plus qu’elle, c’était possible, mais personne n’en avait vraiment fait le décompte. Mais bon, il avait trouvé ce à quoi il voulait jouer : un concours de beuverie. Puis elle ne devait pas être totalement contre considérant la provocation qu’elle lui avait lancé ! S’il interprétait la chose comme il le voulait. « Patron, des shooters en grande quantité s’il vous plait ! » Annonçant d’une voix forte et très claire -blâmons-donc cette exubérance sur l’alcool, son intention de concours de beuverie le jeune homme se tourna vers la demoiselle avec un énorme sourire. Innocent avait déjà bu suffisamment sans avoir besoin de prendre autant de shooters, mais bon c’était quelque chose où il était certains de vaincre la miss. C’était simplement une question de consistance !

Si cette soirée était partie à la base pour être une soirée pleine d'ennui et sans grand intérêt, il semblerait bien que la donne est désormais changée. A la place des bâillements et des nombreux regards jetés à l'heure, Eden avait jeté son dévolu sur une partie de fléchettes aux règles étranges avec un ténébreux et un bon nombre de verres. Et à en juger son engouement à enfler son score pendant qu'elle diminuait celui de l'adversaire, on pouvait dire sans se tromper qu'elle passait un bon moment. Les nombreux verres aidaient probablement à l'air bienheureux, mais elle souhaiterait dans quelques secondes en avoir bu un peu moins ou au moins faire semblant. En d'autres termes, prendre une longueur d'avance sur la partie à venir.
Elle venait pourtant d'en vider un nouveau après avoir scandaleusement augmenté son score qu'Innocent s'était ensuite approprié. Et c'était sans la moindre gêne qu'elle avait répondu :

- Tricheur.

Ben voyons, elle avait le droit et lui non ? Le tout était de ne pas perdre la foi dans l'affirmation et mettre une certaine conviction au mensonge.
Mais oublions les fléchettes qu'elle était convaincue d'avoir gagné bien qu'elle ait déjà oublié son véritable score. En fait, peut être même qu'avec l'alcool, elle avait oublié de compter pas mal de points sur cette partie. Promis, elle ferait preuve de plus de concentration sur la suivante.
Hum, même s'il fallait parier que pour la prochaine, il serait encore plus difficile de garder le compte.
Plus bu qu'elle ? Ben voyons ! Secouant la tête, visiblement sûre d'elle, elle s'était vantée. Oui, il était assez curieux de se vanter sur l'alcoolisme, mais quand on était du genre fêtard après tout c'était bien normal :

- Tu plaisantes ou quoi ? Ma famille est alcoolique depuis 10 générations au moins. Je suis née avec assez d'alcool dans le sang pour boire sans limites.

C'était un argument pour le moins original mais il fallait bien trouver un moyen de contrer celui plus classique dont les hommes pouvaient se servir quand il s'agissait de tenir l'alcool. Fallait l'admettre, les hommes étaient mieux disposés en général à avoir les entrailles retournés moins facilement quand ils étaient bourrés. De même, ils mettaient plus de temps à se mettre à rire à des blagues idiotes.
Mais il ne fallait pas perdre la foi pour autant. Partir en grande gagnante était la meilleure solution pour quitter la partie en ayant le sentiment de l'avoir remporté quand il était peu probable qu'on se souvienne de l'issue.

Le patron n'avait pas tardé à ramener pas mal de shooters et Eden n'avait même pas pensé que c'était peut être son travail. D'ailleurs, son supérieur ne lui en avait pas fait la remarque. Toutes les excuses étaient là pour oublier la principale raison de sa présence ici.
D'ailleurs, au lieu de regarder son patron en tant que tel, elle avait préféré répondre au sourire de son adversaire de jeu pour ce soir, et peut être pour d'autres soirs. Oui, ils étaient débiles et avaient bien assez bu comme ça pour ce soir, mais voyons le côté positif qui n'en n'était pas un... un peu plus, un peu moins, à ce stade là.

- L'homme dans la force de l'âge que tu es devrait peut être prévoir un sac en papier non ? A la tienne !

Levant un shooter, elle en avait vidé un nouveau avant de le poser dans un bruit sec sur la table qu'ils squattaient :

- Tu veux que je te dise un secret ? Je suis sensée bosser dans ce bar..

Hum, c'est vrai que ça ne se voyait pas réellement. Si les barmaid buvaient souvent des verres avec des clients, on voyait rarement cette fréquence. Encore moins quand elle ne se faisait pas derrière le bar à bosser.

S’il s’était outrageusement emparé du score qu’elle avait falsifié, c’était bien sur parce que même si elle trichait en faisant ça, Innocent ne pouvait pas se résoudre à perdre. Ce n’était pas une attitude de gagnant que de laisser quelqu’un nous vaincre. Parce que ce l’était de tricher autant ouvertement ? Bien sur que si ! Toutes les manières étaient bonne pour gagner et le fait que Eden ici présente l’accusait de tricherie alors qu’elle était celle qui avait commencé en était bien la preuve. Elle appliquait bien le loi nullement écrite d’aucune manière qu’Innocente venait de penser bien qu’elle soit sur Terre depuis toujours. Dans le genre ancestral, l’envie de gagner était une base ! Sauf que voilà jouer tout en buvant peut-être un peu n’aidait en rien le côté intelligent de la chose. À savoir que le louloup ne se souvenait plus du tout du score qu’il avait fait et ça c’était si, comme Eden, il n’avait pas oublié de compter de points par-ci, par-là. Ce qui était plus que probable considérant l’alcool qu’il avait bu et le fait qu’au final il n’y avait pas plus porté attention que ça, convaincu qu’il allait gagné de toute façon.

Peut-être qu’il ferait mieux la prochaine fois, nous parlons ici de moins se croire champion de tout et compter ses points voir prêter attention à la partie en général, mais si la prochaine fois était ce soir... eh bien c’était tout bonnement impossible. Parce qu’il avait bu, il buvait encore et que clairement il allait continuer à boire en compagnie de la demoiselle ici présente qui était supposée servir, du moins aux dernières nouvelles. De toute façon il s’en fichait bien, elle rendait sa soirée plus plaisante qu’elle ne l’aurait fait si elle était restée derrière le comptoir, puis ce n’était pas comme si elle allait perdre son job en faisant ça vu comment son patron agissait. Puis au pire Innocent pourrait toujours se porté garant de la situation, oui bien sur comme si ça allait changer quoi que ce soit. L’argument de la demoiselle quant au fait qu’elle pouvait le battre en terme de boisson était drôle, mais le jeune homme garda une mine sérieuse en disant tout aussi sérieusement : « Je te crois, mais fait attention, je me sentirais mal si tu devais être malade par ma faute. » Et ici il fallait comprendre ‘n’importe quoi tu vas finir malade avant moi’. S’il fallait bien vouloir analyser quand on écoutait un Innocent avec assez d’alcool dans le sang pour qu’il débite encore plus de stupidités ? Bien sur voyons.

Le patron ramenant les shooters qui avaient été commandés par le jeune homme, espérons simplement qu’il allait penser à les payer et qu’il serait en état de le faire, ils pouvaient maintenant commencer un concours de beuverie dans les règles de l’art ! À savoir qu’en théorie ça finissait avec un des deux qui étaient malade ou qui tournait de l’oeil et assurément ce serait Eden ! L’attitude de champion, toujours, c’était simplement une nécessité ! « Non mais si tu as besoin d’un sac j’irai, comme l’homme dans la force de l’âge que je suis, te porter jusqu’aux toilettes pas besoin de faire semblant que c’est moi qui en a besoin. » Eh oui, il parlait beaucoup pour quelqu’un qui avait bu, mais il faisait parti des gens qui étaient bruyants et qui parlaient beaucoup lorsqu’il buvait suffisamment. On pouvait plaindre Eden oui ! Prenant un shooter alors que la demoiselle lui faisait une confidence qui, croyez-le ou non, étonnait le jeune homme ! En même temps elle n’agissait pas tellement comme une barmaid en ce moment. « J’aurais pas pu le dire ! » Même si bon, elle s’était présentée comme telle quelques temps auparavant. Prenant à son tour un shooter, il le cala d’une traite et le déposa sur la table d’un bruit sec avant de dire : « Tu peux toujours abandonner pour retourner à ton boulot si tu veux ! » Toujours de la provocation, évidemment, mais bon il fallait rendre tout plus drôle, surtout pour lui.