« Il va falloir qu'elle reste à la maison, elle a de la fièvre, et elle a aussi une sinusite. Vous feriez mieux de rester à la maison pour vous occuper d'elle, Monsieur Hunter. » Le grand homme lança un coup d'oeil au docteur, qui se releva du lit de la petite blonde, emmitouflée dans sa couverture et son duvet, tenant de l'une de ses mains sa peluche en forme d'écureuil. Elle avait les yeux enflés et elle était à moitié endormie.

Le matin même, Tyson s'était réveillé en entendant la petite l'appeler depuis sa chambre, et en la prenant dans ses bras, il avait remarqué qu'elle était plus chaude que d'habitude et elle se plaignait d'un mal de tête. Alors, immédiatement, Tyson avait appelé le docteur qui s'était empressé de venir jusqu'à la maison pour voir la petite. Sinusite ? Et il lui demandait de rester à la maison ? Impossible, il devait aller au travail, il devait aller au Fangtasia. Le docteur se leva du lit, avant de tendre la main au portier. Qui lui rendit la poignée de main avec un mince sourire. « Merci, docteur. » Il accompagna le médecin jusqu'à la porte d'entrée, et, après l'avoir refermée, il leva la tête pour observer les escaliers et se demander quoi faire. Il se passa la main dans la nuque afin de réfléchir, avant de tirer son téléphone portable de la poche pour appeler Eric et lui indiquer qu'il arriverait en retard sur place. Il remonta dans la chambre, et s'assit sur le lit de la petite. Elle brûlait de fièvre, et, la laisser à la maison était impossible : Jeremy n'était pas à la maison, il avait vu les Park partir la veille, et il ne voulait pas appeler de baby-sitter si tôt. Il devait être dans les 6 heures et demi du matin. La petite attrapa la main de son père et lui fit un sourire. Et puis, Tyson se décida. Il allait faire quelque chose qu'il ne voulait absolument pas faire, mais il était un peu obligé s'il ne voulait pas rater une journée de travail, donc une journée de salaire. Il attrapa Eileen par sous les bras et la posa sur sa cuisse, en posant sa main sur le front de la petite. Elle était brûlante, et elle ne semblait pas trop réactive. Malade, sinusite. Probablement migraine aussi. Tant pis. Il la déposa sur son bras, puis se leva, avant d'aller attraper un collant, un pantalon, puis un sous-vêtement pour la petite, un t-shirt à manches longues, un pull, la doudoune, et le pantalon rembourré qu'ils utilisaient lorsqu'ils allaient à la neige. Puis, il attrapa un bonnet aussi.

Ouais. Appelez les instances sociale, Tyson allait sortir Eileen par ce temps glacial – avec le vent qui soufflait et la météo qui annonçait de la neige, c'était sûr, l'automne avait bel et bien fait son apparition à Shreveport. Et, pire que ça. Il allait l'amener sur son lieu de travail – à la limite, il aurait été simple gardier ou vigile au supermarché du coin, pas de soucis... Mais non, il travaillait au Fangtasia. Il l'habilla doucement, en prenant soin de ne pas la brusquer, puis éteignit la veilleuse en l'emmitoufflant dans sa couverture, et il quitta la maison.

Une petite vingtaine de minutes plus tard, il passa la porte du Fangtasia, Eileen emmitouflée dans sa couverture et son bonnet, la tête brûlante reposant contre sa gorge exposée au froid. Il lança un coup d'oeil alentour, pour vérifier qu'il n'y avait personne. Bon, pour l'instant, ça allait, personne. Peut-être qu'Eric était parti se coucher dans le cercueil lorsqu'il l'avait appelé plus tôt pour lui dire qu'il serait en retard ? C'était l'hypothèse qu'il préférait, parce qu'il n'aurait pas à expliquer à son employeur la présence de la petite au Fangtasia. C'était vrai qu'une fillette de 3 ans dans un bar pour vampires... Ca faisait louche. Mais, c'était le jour – ou presque – et il n'y avait personne. Il suffisait à Tyson de veiller sur elle, la laisser s'endormir. Elle dormirait comme Eric et les autres vampires. En fait, Tyson espérait vraiment qu'Eric ne sorte pas de l'arrière boutique avec pour intention de l'engueuler.

Problème ? C'est que Tyson, alors qu'il déposait Eileen sur l'un des canapés rouges, et vérifiait qu'elle était encore à moitié endormie, tout en vérifiant sa température en ayant posé sa main sur son front, entendit des pas. Et il reconnut ceux d'Eric. Alors, il se releva et se plaça devant la petite, écartant les bras comme pour dire 'laisse moi une chance pour t'expliquer ce qu'elle fait là'. Ce qu'il fit dans la foulée. « Je suis désolé, Eric, elle a 40 de fièvre, elle est malade, je pouvais pas la laisser à la maison.. » Il adressa un regard à Eric, comme pour lui demander de comprendre : pour une fois, Eileen ne sauterait pas partout en posant mille et une questions. Elle n'allait probablement même pas bouger du canapé, elle transpirait et elle avait chaud, ça se voyait, ses joues étaient rosées, presque rouges. Elle avait d'ailleurs les yeux fermés. Tant que son père était dans la pièce, de toute façon, elle resterait calme. Il fallait juste prier pour que Tyson n'ait rien oublié à la maison...

Son corps réclamait son cercueil. Rien d’étonnant puisque que le soleil allait poindre très bientôt là-dehors. Bien à l’abri dans son bureau sans fenêtre, c’est vrai qu’Eric n’était pas vraiment menacé par cet astre maudit, mais c’était dans la nature des vampires de dormir le jour, ainsi allait les choses. S’il n’allait pas s’allonger, il allait se sentir patraque au bout d’une heure, se mettre à saigner du nez et des oreilles au bout de deux. Alors que faisait-il encore debout? Pourquoi n’était pas déjà en train de roupiller tranquillement comme une certaine progéniture qui s’était pointée durant la nuit?
Eh bien, justement parce que sa chère progéniture s’était pointée durant la nuit! Eric n’avait plus eu une seconde à lui et il tenait vraiment à terminer de parcourir ces maudits manuscrits. Impatient? Un peu. Il faut dire qu’il planchait sur ses recherches depuis des semaines déjà sans avoir rien trouvé. Certes, le viking n’était pas pressé par le temps, loin de là même, mais ça ne l’empêchait pas de commencer à être sérieusement frustré. Cette fille ne pouvait pas être à ce point mystérieuse. Il y avait forcément une explication! Une explication logique. Parce que non, le géant blond ne pouvait pas être attiré par une femme sans la moindre raison. Puis, il l’avait bien remarqué le soir où elle était venue au Fangtasia. Tous ces vampires qui étaient prêts à lui sauté dessus moins d’une minute après son arrivée… Il y avait forcément un truc. Le fait qu’il ne sache pas ce que c’était commençait à l’agacer au plus haut point.

Tournant encore une page de ce manuscrit de runes, le shérif entendit la porte principale s’ouvrir puis se refermer. Tyson. Le blond n’avait pas besoin d’aller voir puisque le musclor l’avait appelé pour le prévenir de son retard. Si seulement tous ses employés humains étaient aussi fiables et professionnels! Peut-être n’aurait pas envie d’en saigner certains à blanc. Mais bon si Eric savait vraiment, peut-être qu’il aurait des envies de meurtre en ce qui concernait la montagne de muscles aussi. Lui faire endurer sa gamine agaçante tout particulièrement aujourd’hui? Alors qu’il bravait la nature même de son être et n’allait pas se coucher? Mauvaise idée, oh ça oui! Cette saloperie d’enfant… Chaque fois qu’Eric avait croisé sa route, il avait été prit avec elle dans les pattes pendant… ok pas forcément longtemps, mais ça avait paru beaucoup trop long aux yeux du vampire!

Enfant dont il finit par détecter le souffle après une minute ou deux. L’ouïe fine des suceurs de sang venait d’être la perte de l’ex tolard. Eric ne percevait pas qu’un souffle, mais bien deux. Et ça, ce n’était pas normal. Alors le viking avait délaissé une fois de plus l’étude de ce manuscrit pour se lever de son fauteuil et aller voir par lui-même de quoi il retournait. Le grand blond sortait du bureau lorsque Tyson allongeait sa petite sur l’un des canapés qui parsemaient la pièce. Ouvrant la bouche, le nordique allait assurément faire sentir son mécontentement, mais son employé le devança. De la fièvre hein? C’est vrai que la petite ne semblait pas aussi énergique que durant leurs précédentes rencontres. Son regard dédaigneux quitta la fillette pour se poser sur le visage de son homme de main.

▬ Je sens que je vais regretter le temps où une fièvre pouvait tuer…

Les enfants de nos jours. Ils étaient à l’article de la mort le matin et sautaient partout dès l’après-midi. En son temps, si un gamin atteignait dix ans, ça tenait presque du miracle. Eric allait assurément regretter ce jour où cette petite peste avait décidé d’être malade. Oui, nul besoin d’être médium pour ça…

▬ Mais bon, vive le progrès, c’est ce qu’on dit je crois.

Haussant les épaules, le viking planta ses mains dans les poches de son pantalon en tournant les talons. Objectif, retourner au bureau et finir ce manuscrit avant d’étaler son sang partout.

▬ Tant qu’elle m’emmerde pas!

En voyant Eric sortir de l'arrière boutique, Tyson avait craint le pire, en se faisant réprimander ou quelque chose dans le genre. En entendant Eric simplement regretter le temps où la fièvre tuer – venant d'Eric ça ne le génait pas – il souffla quelque peu, avant de se rasseoir à côté d'Eileen, en lui caressant le front. Eric était retourné dans le bureau, et, cela signfiait qu'il avait plus ou moins accepté le fait que Tyson avait amené la petite avec lui au travail. Il adressa un regard à la porte du bureau qui s'était refermée sans claquer, puis il débarrassa Eileen de son bonnet, avant de le poser sur l'une des tables. Ca lui faisait mal au cœur de la voir dans un état pareil. Elle avait dû prendre froid la veille, alors qu'elle était en sortie scolaire, et, du coup, la voilà malade, et fiévreuse, et... bref, incapable de sauter partout. Et, même si Tyson n'était pas toujours d'humeur de la supporter avec ses mille et une questions, la voir dans un état presque incapable de parler ou de se faire comprendre, ça lui brisait le cœur. Ouais, même Tyson pouvait être affaiblis par un petit être comme Eileen. C'était sa fille. Il était son père. Elle n'avait pas de maman, depuis le divorce. Il fallait bien qu'il s'occupe d'elle du mieux qu'il le pouvait. Il tendit son bras, retroussa ses manches dévoilant ses tatouages, puis il attrapa le sac qu'il avait préparé à la va-vite pour venir au travail. Ca n'allait pas durer longtemps. La fillette lui attrapa la main et la montre, s'y agrippant, observant ce qu'il faisait sans rien dire. La savoir malade... Argh ! Rien de pire pour un parent ! C'était atroce. Surtout que le seul truc qui pouvait aider, c'était les médicaments que le docteur lui avait donné... Les médicam... MERDE ! MERDE.

Il ramena le sac sur ses cuisses pour le fouiller de fond en comble, mais non, le sac en plastique avec le sirop de la petite n'était décidément pas à l'intérieur. Il releva le visage, refaisant le chemin qu'il avait fait depuis la maison, et se rappela avoir posé le sac sur la commode et l'avoir laissé là pour mettre les chaussures aux pieds de la petite. Il se prit le visage dans les mains, puis, après avoir ramené l'une des mèches humides de la frange d'Eileen derrière son oreille, il se leva, et se dirigea vers la porte de l'arrière boutique pour la pousser doucement – enfin, peu importe, Eric avait certainement dû l'entendre arriver. Il baissa le regard, respect et signe de soumission avant de prendre la parole (Oui, parce que Tyson connaissait suffisamment le respect pour ne pas admettre une erreur en fixant une personne dans les yeux, surtout quand cette personne pouvait lui arracher la tête en trois secondes). « J'ai oublié son sirop à la maison, je peux la laisser là le temps d'aller le récupérer? » Il releva le regard, avant de se retourner, sans réellement attendre de réponse – de toute façon, il la laisserait là quoiqu'il arrive. Elle ne ressortirait pas dans la neige et le froid, sauf cas de force majeure, et Eric allait devoir admettre qu'elle ne faisait pas réellement de bruit. Il attrapa les clés, sa veste, puis se dirigea vers la porte d'entrée du Fangtasia, sans vraiment prévenir Eileen qu'il allait revenir. Il pensait qu'elle l'avait entendu dire à Eric qu'il allait revenir.

Oui, il savait qu'Eric n'était pas une nounou. Surtout pas lui. Eric était probablement l'une des personnes – enfin, vampires – qu'il imaginait le moins s'occuper d'une gamine, mais, au final, il ne lui avait pas laissé le choix. Il s'était engouffré dehors, et, le soleil venait de pointer les premiers rayons de sa journée sur le sol d'entrée du Fangtasia. Alors, impossible pour Eric de le rejoindre et lui crier dessus de revenir s'occuper de la petite. Qui plus est, Tyson avait laissé son téléphone sur la table à côté du sac de la petite – donc même en appelant sur le téléphone, c'était fichu.

Tyson alla à la voiture et enclencha le contact afin de retourner à la maison pour récupérer le sirop. Allez, ça allait durer quoi ? Vingt minutes le temps d'y aller, cinq minutes pour prendre les médicaments, puis vingt minutes le temps de revenir ? 45 minutes, ce n'était pas la mort... Surtout que pour une fois, Eileen ne sautait pas partout. Cependant, elle toussait. Et ça, ça pouvait être comme le bruit d'une goutte régulière d'un évier... Désagréable.

Combien de temps ça avait pris? Assurément trop peu, peu importe la durée de temps qui s’était écoulée entre le moment où le viking s’était réinstallé à son bureau et celui où il put entendre les pas lourds de Tyson venir dans sa direction. Pourquoi tout le monde le dérangeait depuis cette nuit? Le lutteur allait-il venir l’aider à décrypter des runes pratiquement aussi vieille que le shérif? Il en doutait fort! Et Eric avait besoin de toute sa concentration pour ne pas perdre le fil. Non seulement c’était difficile à lire à la base, mais en plus il n’était jamais tout à fait sûr des symboles puisqu’ils étaient pratiquement illisibles pour la plupart. Même avec un millénaire derrière soi, il y avait certaines choses qui n’étaient pas si faciles et ce maudit manuscrit en faisait partie!

Ceci expliquait la tête d’enterrement qu’arborait le vampire lorsque son employé passa la porte. Une question. Pourquoi poser une question si c’était pour filer aussi sec? Eric n’avait même pas eu le temps de répondre, pas réellement le temps de réagir non plus. Le soleil était levé depuis quelques minutes, commençant déjà à jouer sur les réflexes du suceur de sang. Il aurait mieux fait d’aller s’enterrer dans son cercueil plutôt que de jouer au têtu. Oui, mais maintenant il savait qu’une sale gamine – malade par-dessus le marché – était en train de pourrir sur l’une de ses banquettes. Hors de question qu’il allait s’enfermer dans son cercueil en sachant qu’elle n’était pas convenablement surveillée.
Il s’inquiétait pour une enfant malade? Et puis quoi encore! Eric s’inquiétait plutôt de sa banquette si ce microbe se levait pour réaliser qu’il était livré à lui-même. Et des humains avaient jugé bon de confier cette enfant à un mec qui partait comme ça? Eh bha, c’était joli l’autorité humaine… Heureusement que le vampire n’était plus sous son joug!

Deux minutes plus tard, butant à nouveau sur un symbole, le shérif grommela entre ses dents, ce qui ressemblait davantage à un grognement. Aller se coucher? Pas pour les raisons déjà évoquées. Sans compter que le blond était du genre têtu. Ce n’était pas un vulgaire astre solaire qui allait lui dicter sa conduite. Se levant à nouveau de son fauteuil, le géant revint dans la pièce principale de son bar adoré. Il lui fallait un moyen de conserver son énergie. Boire la petite? Si certains pensent en ce moment qu’Eric avait poursuivit sa route sans même s’attarder sur elle parce qu’elle était une enfant. Erreur. Si certains pensent qu’Eric avait passé de l’autre côté du comptoir parce qu’il tenait à sa relation patron/employé avec Tyson. Erreur. Cette chose blonde et maigrichonne était malade. Son sang allait être assurément indigeste. Puis bon, quitte à boire quelque chose de peu ragoûtant, aussi bien que ça ne lui coûte pas son meilleur humain!

C’est ainsi qu’Eric s’était servi une bouteille de Tru Blood. Il n’en buvait pratiquement jamais. Juste dans des moments comme celui-ci où il emmerdait royalement le soleil et où il n’avait rien de mieux à ce mettre sous la dent. Une fois la mixture réchauffée au micro-onde, le viking s’empara de la bouteille pour en prendre une rasade. La grimace qui suivit était explicite. Il y avait bien que des humains pour penser que cette chose était la solution à tout. Comment des vampires pouvaient se nourrir exclusivement de ce truc? S’il existait une réponse, le viking ne la connaissait pas.
Traversant à nouveau la pièce pour se rendre au bureau, Eric ralentit pourtant sa course en passant à côté du canapé. Une petite chose blonde toute maigrichonne enroulée dans une couverture. Il avait déjà vu ça et ça ne datait pas d’aujourd’hui. C’était même très loin d’aujourd’hui. C’était si facile de nos jours. Si un parent se sentait impuissant en bourrant son gamin de médicaments high-tech… il pouvait aller se rhabiller.
Mais pourquoi pensait-il soudainement à ça?

Secouant la tête, le vampire était sur le point de reprendre sa route quand son regard rencontra les yeux bouffis de la petite. Les siens roulèrent dans leur orbite. Elle l’avait vu. Malade pas malade, il était fichu, il le savait…

▬ Tien, toujours en vie? Si tu veux j’abrège tes souffrances.

Ce n’était pas une façon de parler à une enfant de trois ans? Est-ce que ça importait réellement à Eric? Non, bravo! Vous êtes lucides.

Pas bien. J'ai mal à la tête. Je sais pas trop pourquoi, mais en tout cas, c'est pas très agréable. Papa il a appelé le docteur ce matin, et le docteur il a dit que j'étais malade. Alors, du coup, papa il a décidé de m'amener avec lui jusqu'à son travail. Moi j'étais contente qu'il m'amène avec lui au travail parce que comme ça je pouvais voir Eric, et Eric il est drôle. Mais en même temps, j'ai plutôt envie de dormir. J'ai mal à la tête. Je ferme les yeux. Dormir...

Dormir. Puis, bruit de porte. Hein ? Je relève la tête du canapé où je me suis retrouvée. Papa m'a posée là ? Il est où papa ? Je me retourne sur le canapé et je regarde autour de moi. Je me redresse doucement en tirant la couverture avec le bras, puis je cherche papa. Mais je le trouve pas. Il est parti ? Pourquoi il est parti ? Je tousse. Je m'essuie le front de l'arrière de ma main, j'ai chaud. La fièvre il a dit le docteur. Et des bruits de pas. Je tourne le regard vers l'arrière de la salle, et je vois Eric arriver. Il me passe devant sans me voir, mais je le relève pas trop. Je regarde juste le vide en face de moi, tout en tournant mes doigts sous la couverture. J'entends le bruit du micro-onde et je tourne la tête. Ca fait mal à la tête le bruit. Et il est où papa, hein ? Il est où ? Je veux mon papa moi. Alors je sens les larmes qui commencent à monter, et je sens aussi la migraine qui revient. Je tousse encore un peu. Je veux pas rester ici. Mais Eric il est gentil, il va attendre papa avec moi, hein ? Puis, il passe de derrière le comptoir pour retourner à son bureau, mais il s'arrête devant moi et je le vois qui me regarde. Je veux qu'il reste avec moi, Eric. Je veux pas qu'il retourne dans son bureau pour travailler. Je veux qu'il attende papa avec moi ! Je fronce les sourcils et je me frotte les yeux de l'arrière de la main. Question. Abréger mes souffrances ? Ca veut dire quoi ? Je me renfrogne et me mords la lèvre.

« Tu peux pas attendre papa avec moi ? » Oulah. Ma voix est toute cassée, j'ai pas parlé de la matinée. Je tousse encore, j'ai un chat dans la gorge, puis je me gratte encore les yeux du revers de la main. Je tire la couverture jusque par dessus mon visage, et je me roule en boule sur le canapé. Je m'accroche à la couverture, et je regarde le sac de papa qu'il a laissé sur la table. Pourquoi il est reparti, hein ? Je referme les yeux doucement, mais je les rouvre quand j'pense que Eric, et ben, peut-être qu'il va repartir dans son bureau. Je fronce les sourcils en me forçant à ouvrir les yeux. « T'as pas le droit de retourner dans ton bureau... » Je serre les poings et les ramène devant le visage. Je sens mes mains qui sont froides et mes joues qui sont chaudes. Je referme les yeux à moitié. Puis je laisse ma main retomber sur le canapé et je le regarde, sans vraiment avoir envie de l'appeler encore. Mais je le laisserai pas repartir. Et s'il repart dans le bureau, et ben j'irai dans son bureau le chercher parce que je veux pas rester toute seule. J'aime pas le lieu de travail de papa parce que y a des couleurs que j'aime pas, c'est rouge et noir, c'est pas joli. Je préfère le vert et le bleu.

Puis je recommence à tousser, et cette fois, la toux me force à me redresser, j'arrive pas à la faire sortir ou à la débloquer. Alors, je me redresse et je me penche en avant en cachant ma bouche avec les mains. Puis, vu que ça fait mal et ça tire dans la gorge, je sens les larmes qui commencent à venir. J'arrête de tousser, je me force, mais j'arrive pas à respirer, le chat est bloqué dans ma gorge. Alors, instinctivement, mon regard se tourne vers Eric. Toujours là ? Apparemment. En tout cas, j'aimerais bien qu'il m'aide à sortir le chat de ma gorge. Parce que j'y arrive pas toute seule.

(Rédigée sous le regard admiratif de mes copines en cours en amphi qui lisaient pendant que j'écrivais.. dédicace <3)

▬ Non, je peux pas, j’ai des choses de grand à faire qu’une petite chose comme toi ne comprendrait pas.

Les enfants. Une véritable calamité même lorsqu’ils restaient immobiles. Il avait suffit qu’elle le regarde avec ses grands yeux implorant pour... avoir envie de la prendre dans ses bras et de la bercer? Faut pas rêver! La moue dédaigneuse et le regard hautain revinrent à al charge. Quand elle le regardait comme ça, il avait surtout envie de lui serrer son petit cou et voir combien de temps elle allait tenir. Pas chic pour les relations avec Tyson, mais bon… ce n’était pas non plus comme si la montagne de muscles était irremplaçable. S’il ne voulait pas qu’il arrive un truc à sa fille, suffisait qu’il ne la laisse pas là avec un vampire! C’était lui qui était à blâmer, pas Eric. Jamais Eric.
Il n’avait pas le droit de retourner dans son bureau? Sans doute le manque d’habitude, mais les sourcils du viking se froncèrent et son air était soudainement empreint de défi tandis qu’il bombait fièrement le torse. Ce n’était pas son genre d’avoir des réactions aussi impulsives et idiotes? C’est certain, mais pour sa défense, nous dirons que ce n’est pas non plus tous les jours que quelqu’un se permet de lui dire quoi faire de cette manière. T’as pas le droit. Combien de fois lui avait-on dit ça dans les cent derrières années? Aucune. Combien dans toute sa vie? Trop peu et ceux qui avaient osé étaient morts pas bien longtemps après…

▬ Si. J’ai tous les droits. Je pourrais même te tuer maintenant que personne ne me dirait que j’ai pas le droit.

Théoriquement, non, il n’avait pas le droit. Depuis le coming-out, les vampires étaient supposément soumis aux mêmes lois que les humains. Supposément était le mot à retenir ici. Comme si Eric allait suivre la loi humaine. Et puis, il était shérif non? Tuer une gamine, ça faisait mauvais genre. Certes, mais encore une fois, ce n’était pas comme s’il n’avait pas le droit. Oh oui, Eric Collins avait tous les droits et ceux qu’on ne lui donnait pas, il les prenait quand même.

Tout compte fait, peut-être n’aurait-il même pas besoin de la toucher pour qu’elle s’étouffe. La gamine s’était mise à tousser. Le genre de toux qui, en son temps, se terminait généralement dans un cercueil, mais qui n’était que peu de choses aujourd’hui. Il suffisait d’ingérer des antibiotiques et le tour était joué. Et cette toux creuse qui n’en finissait pas lui cassait déjà les oreilles après moins d’une minute. Relevant la tête, regardant à gauche puis à droite comme si Tyson allait miraculeusement sortir de nulle part pour venir s’occuper de ça, Eric finit par soupirer, ramenant ses yeux bleus sur la blondinette.

▬ Arrête ça, c’est énervant.

Bien sûr, il suffisait qu’il le dise pour que ça se produise! D’habitude oui. Il disait quelque chose et ce qu’il avait dit était exécuté dans la seconde. Mais pas cette fois. Saleté d’enfant. Quand il voyait ça, Eric se demandait pourquoi les humains continuaient de se reproduire. Ils avaient des moyens de contraceptions fiables aujourd’hui! Ils n’avaient plus besoin de se farcir la progéniture qui venait après les plaisirs de la chaire.
Eric avait été un homme abominable? Non, rassurez-vous. S’il n’était pas vampire depuis aussi longtemps, peut-être se souviendrait-il du bonheur qu’il avait eu à être père. Mais un vampire coupé de son humanité depuis plus de mille ans… voilà ce que ça donnait.
Et s’il ne faisait rien, il allait finir par devenir sourd. C’était si désagréable ce son. Alors le géant blond rebroussa chemin pour aller se replanter derrière le bar. Il attrapa un verre pour le remplir à moitié d’eau. Inutile qu’elle renverse tout en plus hein! Puis il revint vers la fillette et pris place sur le canapé. D’un air profondément lasse et ennuyé, il lui tendit le verre, prenant une autre gorgée de ce sang synthétique horrible de son autre main. La grimace ne tarda pas à poindre à l’horizon, mais cette fois le guerrier du nord s’en fichait. Tout ce qu’il voulait, c’était que personne ne le voit en train de « prendre soin » d’une enfant malade.

C'est pas drôle d'avoir un chat dans la gorge, c'est pas drôle, c'est pas drôle... Mais pourquoi il m'aide pas Eric ! Je fronce les sourcils et je le regarde, avec une espèce de regard qui veut dire 'espèce de gros méchant pas beau' et je me renfrogne, en faisant la grimace. Je retiens la toux, mais elle revient en force et du coup, je suis obligée de me redresser complètement sur le canapé pour que je m'étouffe pas. Papa il dit que quand on tousse, on doit s'asseoir, sinon, sinon... Sinon on s'étouffe. J'ai pas envie moi de m'étouffer, c'est pas drôle. Eric il dit qu'il a le droit de me tuer. Hah. Il dit ça pour rigoler hein, c'est ça ? Je fronce les sourcils encore, et je baisse le regard, en croisant les bras et en baissant la tête. Ca y est, je le boude. Puis, comme je le fais quand papa il me gronde, je parle dans ma barbe. « Non, t'as pas le droit. » Comment ça, têtue ? Moi je sais pas qu'ils entendent tout les vampires. Ils ont juste des dents et ils sont trop forts et ils sont bizarres parce qu'ils sont pas comme tout le monde. C'est rigolo. Mais là, je boude. Et je recommence à tousser, donc ça casse complètement ma séance de boudage, et je tape des poings dans la couverture parce que j'arrive pas à casser la toux toute seule comme une grande et que j'ai envie qu'Eric il vienne m'aider mais il veut pas venir m'aider ! Puis, alors que je suis à la limite du sanglot pour lui faire comprendre qu'il doit m'aider – caprice, que voulez-vous – je le vois qui va au bar et je fronce les sourcils, tout en toussotant un peu. J'ai mal à la tête en plus, il est pas rigolo, Eric, de faire semblant de s'occuper de moi. Il a pas le droit d'aller dans le bureau.

Et, puis il revient vers moi et il a un verre à la main et il a une bouteille noire et rouge à l'autre. Mais tout est noir et rouge ici ? Il a rien de bleu ou de vert ou de jaune ? A part ses cheveux qui sont comme les miens, y a rien de lumineux ou de joli ou de clair ici. C'est nul. Faudra que je dise à papa de refaire la déco', parce que c'est trop sombre. Puis, quand il s'assoit et me tend le verre, je l'attrape de mes deux mains et je le porte à la bouche, et j'avale deux, trois gorgées, avant de manquer de m'étouffer dans une toux, et je recrache à moitié ma troisième gorgée, avant de poser le verre sur mes genoux, en me concentrant pour ne pas tout recracher. Je ferme les yeux, j'arrive pas. Pourquoi il veut pas me taper dans le dos, hein ? Puis, maintenant, je rouvre les yeux et je termine le verre en me concentrant de toutes mes forces pour ne rien recracher. « T'es pas sympa. » Ton de reproche, puis je pose le verre vide par terre en me penchant, avant de me mettre à quatre pattes, et je m'avance jusqu'à Eric. Puis, sans vraiment lui demander, je me laisse tomber sur lui, la tête sur son ventre et j'attrape sa main en fermant les yeux. Il est tout froid. Mais je m'en fiche.

Il est le seul qui est là, et je veux pas être toute seule, et il a pas le droit de partir dans son bureau. Je referme les yeux, doucement, en respirant calmement – du coup, l'eau, ça a fait passer ma toux, et, du coup, ben je peux respirer normalement. Il est froid, Eric, alors ça fait contraste avec mes mains toutes chaudes. Et ça fait du bien, parce que j'ai trop chaud. Alors, s'il est tout froid, ça fait du bien. « T'es froid. » Alors, du coup, vu que je suis bien installée, je me concentre plus sur Eric ou pas Eric, papa ou pas papa... Respire, juste. Doucement. Et, je me sens retomber dans le sommeil de tout à l'heure... Pas de bruit... Dormir... Oh oui... Comme ça, le mal de tête il va disparaître... J'en suis sûre...

Pas sympa hein? Saleté de gamine. Elle ne se rendait même pas compte que ce que venait de faire le vampire était probablement la chose la plus sympathique qu’il n’avait pas faite en dix ans minimum! Les gosses, c’était si ingrat.

▬ J’ai pas à être sympa avec toi.

Pourquoi argumenter? C’était une enfant qui ne comprenait probablement même pas la moitié des mots qu’il disait. Il faut croire que les enfants avaient le don d’alimenter les réactions impulsives. Parce que oui, normalement, le viking n’était pas sur la défensive et encore moins pour des conneries pareilles.
Le temps de le dire, la petite venait s’abattre sur son corps mort et prendre sa main pour la poser sur son ventre un peu rondouillet. Roulement des yeux prise deux. Sérieusement? Il était vraiment coincé sur ce canapé avec une gamine sur lui? Hélas oui. Réflexe de l’ivrogne, Eric porta le goulot de sa bouteille de Tru Blood à sa bouche pour une longue rasade dégoûtante. Argh cet arrière goût infect était détestable au plus haut point. Pourquoi il butait cette chose déjà? Ah oui… Soleil levé, blablabla, besoin d’énergie blablabla, enfant malade, sang pas bon, blablabla.
Il ne pensait pas songer ça un jour, mais la blondinette était encore plus agaçante lorsqu’elle ne sautait pas partout avec dix milles questions en bouche.

▬ Je sais.

Que dire d’autre. Il était mort. Il était forcément froid. Mais c’était probablement un concept biologique trop abstrait pour une enfant de cet âge. N’ayant nul besoin des sens ultra développé de sa nature de vampire pour constater que la respiration de la petite se faisait plus calme et plus régulière, Eric balada ses yeux sur la pièce, promenant une bulle d’air d’une joue à l’autre. Oui, définitivement emmerdant. S’il avait su qu’il se retrouverait dans cette position, il serait allé se coucher au lieu d’affronter le jour par simple entêtement.

Déposant la bouteille de Tru Blood sur une table basse, le blond passa cette main libérée sur le front de la gamine. Elle avait dû dépasser le quarante de fièvre selon ce qu’il pouvait en dire et il était pratiquement aussi fiable qu’un thermomètre lorsqu’il était question du corps humain. Son père n’aurait jamais dû la balader d’un endroit à l’autre comme ça.
Inquiet? Mais pas du tout! C’était juste très emmerdant d’être coincé là alors qu’il avait des runes à décrypter. Certes, il n’était pas vraiment coincé, ce n’était que… non, il préférait ne pas y penser. Les enfants malades, il avait déjà donné merci!

Secouant la tête, le géant du nord était soudainement en lutte contre lui-même. il allait le regretter, pour sûr qu’il allait le regretter, mais déjà qu’avoir un mini humain qui courait partout c’était étrange, le voir dans cet état, c’était encore pire.

▬ Tu sais, je connais un moyen pour aller mieux tout de suite.

Pensait-il vraiment à lui donner quelques millilitres de sang? Oui, exactement! Pas pour rien qu’il avait secoué la tête juste avant de parler. En plus de devenir une fillette hyperactive aux yeux d’un hyperactif, son père allait sûrement vouloir le tuer. Vouloir oui, mais assurément pas réussir à le faire. Et puis peut-être que monsieur muscle allait être plus apte à faire son boulot si sa maudite gamine ronronnait comme un charme! De toute manière, c’était un cadeau inquantifiable. Le sang d’un vampire comme Eric… Et puis il devait aboutir dans ses recherches! Il allait finir par devenir dingo avec ces maudites lectures qui ne menaient nulle part. Aboutir, il ne le pouvait pas tant qu’il était coincé là avec une malade de trois ans sur les bras.

Dormir. Oh, ça fait du bien de dormir... J'entends pas vraiment les bruits alentours. Je lâche la main d'Eric, doucement. Et je me sens tomber, tout doucement, dans le sommeil...

Dormir...

Hein ? Quoi ? Parler ? J'ouvre les yeux à moitié, et je réagis pas trop. Allez mieux tout de suite ? Oh. Sur le coup, ça me paraît une bonne idée, mais je refuse de bouger. Le corps froid d'Eric est trop agréable pour que je me relève. Et puis il a posé sa main sur mon front, ça fait effet de froid... C'est agréable. Je souris bêtement. Aller mieux tout de suite. Pourquoi pas. Je me tourne légèrement en appuyant sur mes pieds, pour que mon visage se tourne vers celui d'Eric, ma nuque reposant sur sa cuisse. Je referme les yeux à moitié, puis je me force à ne pas me rendormir. Aller mieux tout de suite. Mais papa est parti … si Eric a une méthode, alors, c'est possible ou pas ? « Co... comment? » Je passe ma main devant la bouche parce que je vais bailler, puis je me roule sur le côté encore, je m'en fiche un peu. Parce que je suis bien contre lui, je veux pas bouger, il est frais. Je porte la main à la bouche, pas pour sucer mon pouce, juste pour garder mon poing près du visage, je dors toujours comme ça. Je garde les yeux fermés. Je rouvre doucement les yeux. Il est pas fatigué, Eric ? Papa il a dit que les vampires ils dorment le jour. Je fronce les sourcils, mais toujours sans ouvrir les yeux, je reprends.

« Tu dois... pas aller dormir...? » Si ça continue, je vais vraiment m'endormir pour de bon ici, sur Eric. Je soupire longuement, et un petit sourire apparaît sur mon visage. Qu'est ce que je suis bien ici... J'pensais qu'il allait me soulever et me reposer sur la banquette, s'il veut aller dormir. C'est pas comme si j'étais lourde, papa il me soulève sans problème pour me mettre sur son épaule. Et puis, comme pour m'empêcher de me rendormir, je sens une espèce de migraine bourdonner dans la tête, et je fronce les sourcils en gémissant un peu. Non, je veux pas qu'elle revienne la migraine. Je veux pas, je veux pas, je veux PAS. Mais trop tard. Je sens les espèces d'enclaves qui s'enfoncent autour de ma tête, et, je gémis encore une fois en me roulant en boule, en ramenant mes jambes près de mon buste. Je veux les bras de mon papa, je veux pas bouger, je veux pas rester toute seule. J'ai peur de rester toute seule. Si Eric il va dormir, je serais toute seule. Il peut pas revenir papa. Je veux qu'il revienne, mon papa. J'ai peur que je vais m'étouffer si je reste toute seule.

Je me suis pas rendu compte que je suis paradoxale. Il y a deux minutes, je suppliais Eric de rester, et maintenant je me demande s'il doit pas aller dormir. J'attrape le vêtement d'Eric et je le tire légèrement, pour me rassurer qu'il est encore là. Et puis, tout doucement, je gémis, encore, une troisième fois. Et cette fois, il est obligé de sentir la goutte qui coule de mes yeux et qui a coulé sur son vêtement. Parce que ça fait mal, la migraine, et j'ai froid aux pieds maintenant, et je commence à grelotter. Pourquoi est-ce que la fièvre ça fait chaud/froid/chaud/froid, hein ? JE. VEUX. MON. PAPA. Oui, je pleure. Et alors. Je veux pas qu'il bouge, Eric. Il peut pas rester là ? Deux minutes... Le temps que papa il revienne, s'il te plaît. Reste là, Eric. Je veux juste ne pas être toute seule. C'est quand on est tout seul que les monstres sortent du placard. Et je veux pas qu'ils sortent du placard. Il me protégera des monstres, Eric ? Hein, il me protégera ? Je soupire, à moitié consciente du fait qu'il a proposé son aide... Mais je m'en fiche. Je veux juste dormir. Si je dors, ça ira mieux. Papa il a dit que je devais dormir. Et le docteur aussi. Et, si... Papa il est peut-être allé chercher le sirop qu'il a donné le médecin, non ? Il va revenir. Ca va pas durer longtemps.

MAIS. Ca fait trop mal à la tête, alors les larmes reviennent encore, et je serre encore plus sur le vêtement d'Eric, en me roulant encore en boule. Le plus possible. Je tire la couverture de mon autre main. Je veux juste dormir sur Eric le temps que papa revienne... Peut-être qu'il dormira aussi, Eric. Il doit dormir, le jour est levé. Les vampires ils aiment pas le soleil, c'est pour ça que je peux que voir Eric la nuit ou le soir. Pourquoi est-ce qu'il est pas allé dormir alors ? J'ouvre doucement les yeux.

« Ca fait mal... » Je veux pas. Je veux pas. POURQUOI J'AI MAL A LA TÊTE ? Ca y est, c'est un sanglot qui s'échappe de ma bouche. Ca y est, je pleure. Je veux mon papa. Je veux qu'Eric il reste. Je veux dormir. Je veux que ça s'arrête. Pourquoi ça s'arrête pas, hein ?! POURQUOI ?

▬ Mon sang. Si t’en bois un peu, tu seras tout de suite guérie.

Mauvaise idée Eric. C’est ce que sa conscience lui dirait si le viking n’avait pas perdu la sienne de nombreuses décades au par avant. Mais bien sûr, puisqu’il n’avait pas de petite voix pour lui susurrer ce qui était bien ou mal – surfait tout ça, ce n’est qu’une question de point de vue en fait – le géant blond se fichait complètement de ce détail. Tout ce qu’il voyait dans le fait de lui fournir une gorgée ou deux de son sang, c’était qu’elle allait arrêter d’être aussi… amorphe? N’était-ce pas reposant au fond? Oui et non. Quelqu’un de vraiment diabolique – et suicidaire, ne surtout pas oublier le suicidaire – lancerait comme hypothèse qu’Eric est en proie à de mauvais souvenirs en voyant cette enfant malade. Une théorie plutôt louable et noble, mais… oui, il faut être franchement suicidaire pour supposer que le shérif aurait des poussées d’émotions. Pourtant, n’était-ce pas ça le problème? Dans cette même situation, il n’avait rien pu faire lorsqu’il était humain et aujourd’hui, il avait la possibilité d’agir. Personne ne s’en sortirait en vie avec ce genre d’arguments!
Bref, ne poursuivons pas sur le pourquoi qui motivait Eric à offrir de son sang curateur à une gamine insupportable, autrement c’est nous qui allons y laisser la vie! Venons-en plutôt à cette fameuse gamine qui posait une question à la fois très bête et légitime. Il ne devait pas aller dormir? Techniquement si. Il commençait à se sentir patraque et très peu énergique. Mais qui irait le lui faire remarquer? S’il y avait un vampire pour faire ce qu’il voulait sans avoir à endurer les remarques, c’était bien Eric! Il faut croire que seul en enfant pouvoir se permettre ce genre de questions.

▬ Pourquoi, tu veux que j’y aille?

Et il n’y avait qu’Eric pour se permettre de parler sur ce ton un peu bourru et agacé à une enfant de trois ans, malade de surcroit. Mais bon, si vraiment elle n’aimait pas sa façon de s’adresser à elle, il y aurait longtemps qu’il aurait été débarrassé d’elle.
À en croire cette petite tension qu’il sentait se faire sur sa chemise, non, elle ne souhaitait pas spécialement qu’il la laisse toute seule. C’était bien sa veine! Il devait pourtant s’occuper l’esprit autrement il allait soit s’endormir là lui aussi, soit se remettre à être hanté par une certaine brune au caractère bien trempé. Il demeurait éveillé malgré tout ce que ça pouvait encourir pour une raison et il était tout sauf en train d’accomplir cet objectif. De quoi agacé le viking qui détestait au plus haut point de ne pas atteindre les buts qu’il s’était fixé. Il s’était dit qu’il terminerait ce manuscrit maintenant, il allait le terminer. Mais c’était plutôt dans le genre impossible à faire s’il ne pouvait pas lire le manuscrit en question.

… Était-ce des sanglots? Il semblerait bien que oui. La petite venait de se plaindre de la douleur et maintenant elle pleurait. Chic! Et il revenait quand Tyson? Serrant la mâchoire comme si tout allait devenir magiquement plus simple, le géant du nord ferma les yeux complètement blasé. Le soleil était levé et il n’était pas couché. Comme si ce n’était pas suffisant il avait une enfant sur lui. Une enfant malade et en pleure! Vraiment super, il n’aurait pas demandé mieux comme matinée!
Ironie quand tu nous tiens… Finissant par soupirer, complètement lasse et, il faut bien le dire, perdu devant une enfant en grand besoin d’attention et de soins, Eric grimaça légèrement élevant un peu les bras. Ses mains se promenèrent au dessus de la gamine sans la toucher. Il cherchait visiblement la bonne manière de la prendre et lorsqu’il opta pour une façon, il la souleva enfin pour l’appuyer contre son torse la tête dans son cou. Si quelqu’un voyait ça, peu importe qui, Eric allait le tuer et sur sa pierre tombale l’épitaphe dira « Il/Elle était au mauvais endroit au mauvais moment. »

Après avoir bougé la petite, le vampire attendit une minute ou deux avant de se lever et de se rendre au bureau. Il allait lire ce satané manuscrit, enfant ou pas, au moins il se sentirait moins débile qu’au milieu du bar avec une gamine dans les bras! S’assoyant donc dans son fauteuil en cuir, le blond pencha légèrement le dossier vers l’arrière, question que la petite soit naturellement portée à rester contre son torse, la soutenant d’un bras. Son autre main s’empara du manuscrit qui était demeuré ouvert, poursuivant là où il en était. Ce texte de runes était mieux d’avoir au moins un indice!

Non. Je veux pas qu'il s'en aille Eric. C'est pourquoi que je me suis agrippée à lui. C'est pour ça que je me suis agrippée à sa chemise. D'ailleurs, je sais pas trop vraiment pourquoi, mais j'ai pas du tout envie qu'il parte. Il est presque de la même taille que papa. C'est pour ça. Genre, Jeremy et les autres, Scott et compagnie, ils sont petits. Par rapport à papa. Ils sont tout petits. Et puis y a Eric. Il fait la même taille. Alors, quand je ferme les yeux, s'il était pas aussi froid, bah, ça serait la même chose que si c'était papa... Ça doit être pour ça. Oui, ça doit être ça. Ils ont la même taille. C'est ça. Et puis, Eric, il a une voix aussi. Et j'aime bien ça voix. Elle est douce. Et il est drôle aussi. Alors, dans mon espèce de demi sommeil, je souris doucement. Oui, non, Eric, c'est le meilleur. Y a Papa, puis y a Eric et Sean qui sont ex aequos. Puis y a Scott. Tant mieux.

Je le sens qui me soulève, mais je me laisse faire, toute lasse, toute molle presque. Il me pose pour que ma tête repose dans son cou, et, du coup, je ferme les yeux et je laisse mes mains traîner le long de mon corps. Il attends un peu. Je le réchauffe un peu, parce qu'il me paraît moins froid. Ca y est, je ne pleure plus. Il est gentil Eric. Il s'occupe de moi alors que papa il est parti sans prévenir. Je m'agrippe à lui quand il se soulève, et j'enfonce ma tête dans le creux de son cou. Puis, je me laisse bercer par ses pas. Il va dans son bureau. Eh. Mais il a oublié mon nounours. Mais tant pis. Il sera mon nounours alors. Eric sera mon nounours. Il est grand il est fort, il est comme mon nounours. Il est doux aussi. Comme sa voix. Puis, il s'assied quelque part, parce que je le sens qui se penche en arrière et ça, il pourrait pas s'il s'était pas assis. Je m'accroche à lui et je bouge plus. Je suis bien. Je crois que je pourrais m'endormir là tout de suite. Mais je rouvre doucement les yeux, les yeux qui me grattent, mais j'ai pas envie de remonter les poings pour me gratter les yeux. Et puis, de toute façon, j'ai plus envie de pleurer. Et puis, je tilte. Me donner son sang ? Hein ? Quoi ? Pardon ? Je fronce les sourcils, mais je ne dis rien. C'est dégoûtant de donner son sang aux autres. Moi je veux pas son sang à Eric, il en a besoin, il a besoin de sang dans son cœur, non ? Oh, mais j'y pense. Le cœur. J'ai l'oreille contre son torse. Rien. Pas de battement. C'est bizarre. Je fronce les sourcils et je rouvre les yeux. Puis, sans vraiment me rendre compte qu'il est peut-être occupé, j'appuie mon index sur son torse là où j'imagine que se trouve le cœur.

« Tu as pas de cœur? » Je lève la tête doucement, mais je garde le front collé contre sa gorge, donc j'arrive pas à attraper son regard. Je baisse le regard vers son manuscrit. Tiens. C'est bizarre comme lettres. C'est quoi ? Mais j'enfouis mon visage dans sa gorge, et je me blottis contre lui, encore. Il est tout doux. Et il est tout calme. Moi je dis qu'il devrait aller se coucher. Alors, j'enchaîne. « Dès que papa il revient, tu vas te coucher, hein? » Je veux bien l'accompagner jusqu'à son cercueil. Parce que moi, et ben, j'aimerai bien voir où est-ce qu'il dort, et comment ça a l'air là où il dort. Parce que, moi, j'ai jamais vu là où ça dort un vampire. Ils dorment dans un grand lit à baldaquin ? Oh, le lit... Moi je crois que dès que papa, il revient, et ben, je dis bonne nuit à Eric et je vais dormir sur le canapé aussi.

Mais n'empêche, que ça m'énerve qu'il ait pas de cœur. Alors, j'appuie mon doigt encore une fois sur son torse. « Tu l'as perdu? » Question existentielle. On perd pas un cœur, c'est pas possible. Un cœur c'est important. Parce qu'on a besoin du corps pour penser et pour vivre et pour aimer et pour tout un tas de choses. J'suis sûre qu'Eric il aime quelqu'un aussi. Et s'il aime quelqu'un, il a besoin d'un cœur. Alors pourquoi est-ce qu'il n'a pas de cœur, hein ?

Il ne fallut qu’une minute ou deux pour qu’Eric retrouve sa concentration. Il en oubliait presque la présence de l’enfant malade qu’il soutenait contre lui. Presque oui. Difficile de totalement oublié lorsque sa chaleur corporelle contrastait autant avec la votre. Difficile aussi lorsque le son des battements de son petit cœur venait tambouriner tranquille à votre oreille, comme un appel à céder au goût du sang. La faim, le besoin de se nourrir. Il était aussi inévitable que celui de fermer les yeux et de se laisser aller à dormir lorsqu’on décidait de braver sa nature. Un vampire n’est pas fait pour être actif de jour, tout simplement. Pourtant, le shérif était bien reconnu pour être buté et incroyablement têtu. Ce n’était pas un conflit d’horaire avec ce damné soleil qui allait l’empêcher de lire. Ce n’était pas non plus cette petite qui allait réellement le détourner de son objectif. Il avait plus de mille ans. Il n’était plus un nouveau-né qui ne savait résister à la moindre petite faim. Non, même affamé, s’il le désirait suffisamment, il pouvait ne pas se jeter sur qui que ce soit. Eric était parfaitement maître de lui-même. Pas pour rien qu’il assurait à Eden qu’elle était en sécurité avec lui. Il n’était même pas certain que sa propre progéniture serait à même d’en faire autant s’il se trouvait confronté à la barmaid. Trente secondes, c’était tout ce que ça avait pris pour que, dans son bar, les esprits s’échauffent et que les crocs s’affolent lorsque la brune s’était éloignée du shérif. S’il pouvait si bien résister à l’irrésistible encas pour vampire, la petite Eileen ne craignait strictement rien, même en plein jour, même avec ce besoin d’énergie qui le tenaillait.

Plongé dans la traduction de ces satanés symboles, le blond ne songeait plus à la gamine qu’il tenait contre lui, jusqu’à ce que sa petite voix rocailleuse à cause de son virus ne s’élève dans la pièce. Pas de cœur? Le vampire roula les yeux, manquant de peu de soupirer de désespoir encore une fois. Devait-il réellement embarquer sur ce terrain là? De grands scientifiques s’étaient penchés sur la question et ils ne comprenaient tout simplement pas comment les vampires pouvaient être « vivants ». Alors chercher à l’expliquer à une fillette de trois ans… la belle affaire!

▬ Si j’en ai un.

Aussi bien rester aussi simple que possible. De toute manière, ce n’était pas comme si Eric était réputé pour être très bavard. Ce n’était pas non plus la première fois que la petite se lançait dans sa parade de questions. Elle avait l’habitude d’avoir des réponses courtes et qui ne répondaient pas forcément à toute la question. Mais bon cette fois-ci, on peut dire que textuellement, ça répondait à la question. Elle voulait savoir s’il avait un cœur. Oui, aux dernières nouvelles son cœur n’avait pas bougé de là où il était de son vivant. Elle n’avait pas demandé pourquoi il ne battait plus. Pas la même question. Et heureusement car la réponse à ça n’était pas aussi simple!

▬ Ça dépend si j’ai terminé de lire.

Oui, il était affreusement têtu, surtout pour un truc qu’il pourrait très bien faire ce soir lorsque le soleil serait couché. Mais il n’avait pas non plus envie de replonger dans les bouquins ce soir. Le pourrait-il seulement? Avec William tout fraichement de retour de son escapade en Europe, il en doutait fort. Sa progéniture allait soit le harceler pour sortir du Fangtasia un peu, soit pour il ne savait quelle autre connerie… mais assurément, Eric ne pourrait pas lire ce soir et ce mystère devait tomber. Comprendre le pourquoi du comment allait peut-être l’aider à se débarrasser de cette étrange chimie additive qu’il ressentait toujours en la présence de la barmaid. Car ce n’était que ça le but au fond. Se prémunir de cette sensation qui lui donnait toujours envie de perdre le contrôle. Et perdre le contrôle, lorsqu’on était Eric Collins, ce n’était pas permis!

▬ Non, il est toujours là.

Son cœur? Il n’avait pas bougé. Tournant délicatement la page de son manuscrit fragile pour passer à la suivante, le vampire lut quelques symboles avant de se décider à extrapoler un peu sur cette question du cœur. Il était préférable de régler la question tout de suite que d’attendre qu’elle réussisse à formuler la bonne question en posant au préalable cinquante autres questions.

▬ Quand on devient vampire, le cœur arrête de battre. Et puis, si tu es attentive, tu verras que je ne respire pas non plus.

Ceci étant dit, il poursuivit sa lecture. Heureusement que le blond avait une bonne concentration pouvant passer d’une chose à une autre sans perdre le fil dans les deux cas autrement il aurait assurément étouffé cette petite pour avoir la paix!

Il est toujours là son cœur ? C'est pas vrai, je l'entends pas. Ou peut-être que c'est la migraine qui fait que je l'entends pas. Je suis sûre que il ment, parce qu'il est pas là son cœur. Mais il a l'air sûr de lui. Et, de toute façon, je vois pas son visage, j'ai mon visage dans le creux de son cou, alors je sais pas trop quoi en penser. Je passe mes doigts sur sa gorge. C'est tout doux. Puis s'il a fini de lire. Et après, il dit qu'il respire pas non plus. Hein ?

Hein ? Je fronce les sourcils et je bouge un peu pour me placer de façon à voir sa gorge, et à sentir s'il respire pas. Bah. Il bouge pas. MON DIEU. Il bouge pas. Hein, oh. C'est atroce. Mais j'avais pas remarqué. Mais papa quand il me prend dans ses bras, j'entends sa respiration, et même que quand il s'endort devant la télé, des fois il ronfle. Eric il ronfle pas alors, s'il respire pas ? Je ferme les yeux et me replace la tête contre le creux de son cou. Je dis plus rien. Je veux juste mon papa. Et je veux pas savoir plus de choses sur Eric, c'est pas drôle qu'il respire pas. Ca veut dire qu'il peut aller prendre son bain sans avoir peur de se noyer, c'est ça ? Moi, papa il me garde toujours quand je prends mon bain parce que j'ai peur de me noyer. Et c'est pareil à la piscine ou au lac, faut toujours que papa il me tienne, sinon je vais me noyer. Mais Eric il nage des fois ou pas ? Eh. Mais je veux lui demander !

Mais... Oh. Tant pis. Je me rendors tout doucement. Le cerveau qui commence à réagir plus lentement. Tout doucement. Tout lentement. Oh. C'est doux... C'est...

Dormir.

Poser les questions plus tard.

Dormir.

N'oublie pas de poser les questions plus tard...

Dormir...

Qu'il avait été bête. Il se sentait outrageusement bête d'avoir oublié le sirop de la petite à la maison. Maintenant il avait dû la laisser auprès d'Eric, et il avait même du appuyer sur le champignon pour ne pas la laisser trop longtemps avec le vampire. Parce qu'en général, quand elle restait avec Eric pendant un certain temps, elle lui posait des questions. Le genre de comportement qui donne envie de gifler : pourquoi ci, pourquoi ça, et pourquoi pas comme ça, et comment, et pourquoi ceci et pourquoi cela... Mais il endurait, en général, Tyson. Parce que c'était sa fille avant tout et pour rien au monde il ne la laisserait seule. Du mieux qu'il le pouvait, en tout cas. Il n'était pas le père parfait qui ramenait toujours des jouets à la maison, il n'était pas la mère idéale non plus, c'était un ancien taulard, qu'est ce que vous vouliez attendre de lui ?

Non, réellement, Tyson faisait du mieux qu'il le pouvait. Alors, l'aller-retour du Fangtasia à la maison, attraper le sirop, refermer à clé, reprendre la voiture, revenir au Fangtasia en pestant contre le trafic et les feux rouges... Lunettes de soleil posées sur le nez, il arriva au parking du Fangtasia et à la limite du marathon, il se précipita sur l'entrée. En arrivant à l'intérieur, il déposa ses lunettes de soleil dans sa poche, et la première chose qu'il remarqua, c'était qu'Eileen n'était plus sur le sofa où il l'avait déposée. Il fronça les sourcils, et son regard se dirigea vers l'arrière de la salle, vers la porte qui menait jusqu'au bureau d'Eric. Il s'approcha à grands pas, puis, poussa la porte doucement.

En voyant la petite endormie, la tête reposant dans le creux du cou d'Eric, il eut un petit mouvement de surprise. Vraiment ? Eric avait pris la petite dans ses bras et l'avait supporté suffisamment pour qu'elle s'endorme ? Respect. Il déposa le sirop sur la première étagère à portée de main et adressa un regard franchement désolé à son employeur, avant de s'approcher pour récupérer la petite des bras du vampire. Elle défit ses mains du chemisier d'Eric avant de s'accrocher à sa chemise, et elle laissa sa tête brûlante reposer contre son cou brûlant. Il lança un coup d'oeil à Eric, qui finit éventuellement par se lever et aller vers l'arrière encore, jusqu'à son cercueil. Tyson le suivit doucement, rajustant Eileen sur son bras. La petite ne dit absolument rien. S'adossant au seuil de la porte, il observa le vampire se glisser dans son cercueil. Puis, au moment de refermer ledit cercueil, il prononça un petit « Merci, Eric. » avant de se retourner pour aller déposer Eileen sur le sofa.

La petite était moins brûlante, probablement le contact du vampire froid. Il la déposa sur le sofa, tout doucement, avant de s'asseoir à côté d'elle. Il tira la couverture jusqu'au dessus de ses petites épaules, puis ramena une mèche blonde derrière l'oreille, en vérifiant qu'elle dormait agréablement. Puis, il se laissa tomber dans le premier fauteuil venu, et, déposant son coude sur l'accoudoir, il se contenta d'observer la petite dormir paisiblement, sans tousser, sans rien, sans rouspéter...

Et le silence de plomb s'abattit sur le Fangtasia. Quel contraste avec le soir, où l'endroit grouillait de vie... Quel contraste !