Avoir l’air bon est dangereux pour la santé

avoir l’air bon est dangereux pour la santé

Combien de fois les parents de Sean lui avait dit que se promener tard le soir n’était pas une bonne idée? Probablement autant de fois qu’un homme de son âge qui était intelligent aurait répondu : si j’avais une voiture je n’aurais pas ce problème. Évidemment, vous vous doutez que ce n’état pas le cas de blondie boy ici présent =.= Plutôt que de songer qu’il serait temps à vingt-cinq ans de se procurer permis et voiture, il haussait simplement les épaules, attrapait son fidèle Garry et partait pour on ne sait où pour faire on ne sait quoi malgré les avertissements. Un sage rouquin l’a dit un jour pas si lointain, ce type était un électron libre! Lui trouver un but ou un objectif était complètement impossible, sa vie n’était faite que de cours-circuits à exécuter dans la seconde précise.

Hors donc, il était totalement inutile de chercher une raison à ce qu’il était en train de faire, c’est ça que vous nous dites? Exactement! Être dans un parc à minuit le soir où seuls des SDF et des drogués pouvaient se réjouirent – ou pas ça dépend de si ces personnes ont un goût pour la bonne musique ou non è.é – d’entendre quelques notes accompagnées de rimes … nous nous passerons de commentaire sur les rimes … chantée sur une douce voix envoutante n’avait pas besoin de raison! Sean avait eu envie de chanter et il avait eu envie de le faire dans le parc!
… Bon, nous avouons tout =.= Malgré halloween qui venait de passer et la quantité phénoménale de sucreries qu’il avait avalé, il était encore allé faire un tour dans une bonbonnière pour refaire ses stocks. Tout le fric qu’il aurait pu mettre dans une voiture pour pouvoir se déplacer en sureté une fois la nuit tombée passait inévitablement dans le sucre! Si à cet instant précis vous vous dites « cet homme n’est pas un homme, mais un gamin dans le corps d’un adulte » sachez que vous avez absolument raison! Vous venez tout juste de cerner tout ce qu’il y avait à cerner du blondie des plaines rocailleuses d’Irlande!

▬ J’ai connu un chat qui s’appelait Luna!
Je sais ce que vous vous dites et ce n’est pas de la dynamite.
Non, ce n’est pas Luna de Sailor Moon è.é
Tu devrais d’acheter des lunettes et aller sur les montagnes de Mourne.

… Maintenant, vous comprenez pourquoi nous ne voulions faire aucun commentaire sur les rimes… =.= Bref, le surfeur blond était passé par le parc pour rentrer chez lui, les poches de sa veste en ouaté vert – vive le vert et vive l’Irlande *0* - bien pleines de bonbons en tous genres. Ne sortant pratiquement jamais sans Garry – surtout depuis qu’il avait commis l’infâme trahison d’amener une fille à Halloween plutôt que lui – la route n’avait pas pris beaucoup de temps pour devenir ennuyante et Sean avait fait basculer sa guitare de son dos à devant lui pour pouvoir égailler un peu sa marche. Évidemment, les voisins diront qu’il aurait mieux valu qu’il fasse comme tout le monde et qu’il se plante de la musique dans les oreilles, mais si vous ne le savez pas encore, sachez que blondie est tout le contraire de comme tout le monde x_x

▬ El diablo n’est pas beau,
L’autre jour, il m’a lancé un four!
Je lui ai dit sapristi et wistiti,
Je ne veux pas aller danser pour toute une année!

Remercions Dieu qu’un autre couplet ne vint pas tout de suite, plutôt remplacer par des sifflotements. C’était le problème de l’improvisation, on ne pouvait pas toujours trouver des paroles inspirantes, là sur le vif. Problème dont ne se plaint probablement pas le SDF couché sur un banc à une centaine de mètres environ =.=
Entre sifflotement et la mélodie jouée à la guitare, il faut dire que Sean ne passait pas du tout inaperçu. Si déjà c’était difficile en plein jour avec tout le brouhaha qu’il pouvait y avoir dans un parc fréquenté, on vous laisse imaginer à quel point il pouvait être repérable en pleine nuit à chanter un truc qui parle de Sailor Moon et de four =.=
Hey, on ne critique pas è.é
On ne critique pas, nous disons simplement que ce n’est peut-être pas une bonne idée x_x

C'était terrible, cette faim. Erin avait l'impression qu'elle ne parvenait jamais à l'étancher, quoiqu'elle fasse. Et du même coup, elle ne se souvenait d'aucun moment dans sa vie, humaine ou non, où elle avait été pleinement repue. C'était tout bonnement impossible. Et de toute manière tout la ramenait à ce monstre qui semblait creuser dans tout son corps un vide qu'elle ne parvenait à remplir avec du True Blood. Oh, bien sûr, on ne cessait de lui répéter que ça finirait par se calmer, qu'il ne fallait pas y penser. Foutaises ! A présent, elle en était certaine, il s'agissait là d'un discours pour les nouveaux-nés dans l'espoir de les rendre plus faciles à contrôler. Après tout, elle n'a pas vu un seul vampire qui se nourrisse tout le temps de sang synthétique ou qui soit un pacifiste dans l'âme. Alors, pourquoi pas elle hum ? Pourquoi devait-elle s'amuser à respecter les préceptes de son créateur absent ? Pour honorer son souvenir ? Ouais, ça lui donnerait encore le beau rôle, en plus.

Soudainement dégoûtée par cette idée, la vampire repoussa la bouteille de sang synthétique qu'elle comptait ingurgiter dans l'espoir d'être rassasiée, au moins quelques heures. C'était la troisième de la nuit et certainement pas la dernière. Elle en avait assez. Assez d'espérer le retour de son créateur. Assez de penser à lui ou pire que tout la ramène, à un moment ou l'autre, à lui. Il n'était pas là, bordel. Et peut-être qu'il ne reviendrait pas avant dix ou cent ans. Ou jamais. Et penser à ça la dégoutait encore plus que le goût de plastique de la boisson dont elle était condamnée à se nourrir pour l'éternité. Ouais, l'éternité devant elle et même pas le droit de s'amuser... Elle ne put retenir un sourire alors qu'elle décida intérieurement de remédier à cette situation qui l'oppressait petit à petit. Il était grand temps de profiter de son nouveau statut ! Dire qu'elle n'avait même pas appris à hypnotiser quelqu'un. Ou qu'elle pouvait compter sur les doigts de la main les fois où elle avait goûté du sang humain. Et pourtant, elle y pensait à chaque fois qu'elle passait une de ces fichues bouteilles au micro-ondes. La vampire se leva pour aller jeter le liquide rouge dans l'évier, une légère grimace de dégoût sur son visage. Sans s'attarder plus, elle sortit, déterminée à se trouver une proie, volontaire ou non. Il fallait bien qu'elle tente des choses et voie jusqu'au elle pouvait aller si elle voulait être à même de se contrôler un jour, n'est-ce pas ? Du moins, c'est ce qu'elle ne cessait de se répéter dès que le doute la saisissait (et il le faisait bien plus souvent qu'elle ne l'aurait voulu).

Erin savait ce qu'elle voulait : chasser. Ou faire comme. Ne pas aller au Fangtasia où les gens se précipitaient pour qu'on se nourrisse d'eux. Ne pas s'amuser à charmer quelqu'un, l'attirer dans ses filets pour peut-être planter ses crocs dans son cou. Elle ne voulait pas être prudente et elle ressentait le besoin qu'on la supplie d'arrêter. Oui, elle se découvrait un sadisme inavoué, sans doute. Mais l'idée qu'elle se nourrisse à grands coups de cris et de sang la séduisait de plus en plus. Elle erra donc en ville, à la recherche d'un humain isolé (elle ne comptait pas être interrompue avant d'avoir pu faire quoi que ce soit non plus). Elle en trouva plusieurs mais les élimina une par une. Le fait était qu'elle avait pris goût à ce petit jeu, la légère excitation qui s'emparait d'elle quand elle voyait une silhouette seule dans une rue sombre, cette même excitation qui augmentait alors qu'elle observait sa proie potentielle.

Et puis finalement, elle repéra LA proie idéale. Sans trop savoir comment, Erin s'était retrouvée dans le parc, le repère des junkies et clochards en tout genre une fois la nuit tombée. Le genre d'endroit où on se fichait bien que quelqu'un crie et le genre de personnes dont les meurtres n'intéressaient pas tant que cela police et médias. Le parc, donc. Elle y déambulait, tantôt aux aguets, tantôt rêveuse quand elle entendit le son d'une guitare. Puis, elle vit le propriétaire de la dite guitare. Génial, un SDF qui plus est un peu soûl à en croire les paroles sans queue ni tête qu'il débitait sur les quelques accords qu'il jouait. Un SDF, sur un banc : on ne pouvait faire plus cliché mais le blondinet lui donnait déjà l'eau à la bouche. Mais non. Il ne fallait pas agir sur un coup de tête. Il ne fallait pas se faire repérer. Elle resta quelques minutes (une éternité, à son goût) à l'observer, de loin. Il n'y avait personne aux alentours. L'envie augmentait à chaque fois un peu plus jusqu'à ce que, finalement, n'y tenant plus, elle s'approche sans bruit. Il se tenait dos à elle et lui offrait une vue plongeante (et alléchante) sur sa nuque découverte. Avant même qu'elle ait pu y penser, elle sentit ses crocs sortir et lancer l'assaut. En un clin d'oeil, elle se retrouva juste derrière lui. Il ne lui restait que quelques centimètres à franchir, une main à tendre pour étouffer les cris du clochard. Elle savoura cette victoire qu'elle tenait pour sure. La seconde de trop, apparemment, puisque l'homme à la guitare se retourna. Prise par surprise, elle ne put s'empêcher de se retourner et étouffa un cri qui aurait mis à mal sa crédibilité en ramenant sa main sur sa bouche.

Et c'est ainsi que toute cette histoire de chasse et de proie et de sang frais tomba en morceaux.

Chanter et jouer de la guitare au milieu du parc en pleine nuit n’était pas une bonne idée. Non seulement ça ne l’avait jamais été, mais ça l’était encore moins depuis que les vampires étaient sortis du placard. Mais ceci avait-il réellement un sens pour Sean? Non, bien sûr que non. Ce blondie boy qui avait pour rêve suprême de devenir mannequin pour cheveux pour la grande maison l’Oréal ne pouvait que vivre sur sa planète bien à lui… ou en tout cas, où qu’il vive, ce n’était assurément pas sur la planète terre! Autrement, nous ne comprenons pas diable pourquoi il avait décidé de s’asseoir sur un banc. En l’absence de compréhension, nous pouvons tout de même dire que ça n’avait rien d’exceptionnel. Dans sa bulle, dans son petit monde, il avait sa guitare et ses chansons sans queue ni tête – on vous met au défit de tirer quoi que ce soit de ses paroles x_x – c’était tout ce qui lui fallait pour se perdre dans on ne savait trop quoi. En plein chemin de retour pour la maison, donc, il s’était assis sans raison sur un banc, remontant ses jambes pour les croiser. Pencher sur sa guitare, il n’était plus question de rimes ridicules et de mots qui ne formaient aucune phrase sensée. Il était juste question d’une mélodie qui, malgré tout, restait représentative du musicien. À savoir qu’elle n’avait aucun fil conducteur. Tantôt rapide, joyeuse, pimpante et entrainante, tantôt lente, douce, tendre et amoureuse, elle devenait ensuite rythmée, déchaînée et plus colérique pour débouler sur quelque chose de soudainement lancinant et triste. Tous ces états ne venaient pas forcément du blond qui était, comme à son habitude, de bonne humeur et souriant. Non, jouer avec les rythmes, les impressions et les émotions que la musique pouvait dégager était son petit amusement à lui.

Pris dans ce jeu, un peu ailleurs comme s’il était dans un état second – comme à chaque fois qu’il avait son fidèle Garry entre les mains – le surfeur irlandais ne se doutait pas une seconde qu’il avait été pris pour cible par un jeune suceur de sang affamé. Être conscient de ce qui l’entourait aurait bien été une première, mais hélas ça ne serait pas pour cette nuit! Il vous reste encore à prier mes frères si vous êtes parmi ceux qui souhaitent voir ce jour arriver.
Pourtant, même lui était assez futé pour se rendre compte qu’il y avait quelque chose de pas net. Il était un poil en retard, c’est vrai, mais il avait fini par sentir cette impression étrange qu’il avait quelque chose dans le dos. Comme si le parc était devenu trop silencieux. Comme si même la petite brise qui balayait ses mèches blondes sur sa nuque s’était arrêtée de souffler alors qu’elle n’aurait pas dû. Et puis, soyons franc, l’ombre soudaine qui lui cachait la faible lumière du réverbère à une trentaine de mètres était un sérieux indice!
Quel observateur vraiment! =.=

Arrêtant de jouer, fronçant un peu les sourcils pour finalement tourner la tête pour jeter un œil derrière lui, le jeune pyromane en herbe délaissa la mine suspicieuse pour la mine étonnée. Pourquoi cette rouquine se retournait d’un bloc? Il avait fait un truc de mal? Peut-être qu’il n’aurait pas du arrêter de jouer… Ou peut-être qu’elle était vraiment très timide x_x
Peut-être aussi que t’es vraiment con =.=
Hey! C’est pas gentil ça é.è

Penchant la tête sur le côté, l’une de ses jambes quittant la position croisée pour s’allonger vers le sol à force d’être ainsi tourné vers l’arrière, Sean garda le silence pendant quelques secondes, la moue sur son visage montrant clairement qu’il cherchait quoi dire pour rompre la glace.

▬ Tu veux de la réglisse?

… Et c’est tout ce à quoi t’as pensé?
Bha quoi x_x

Posant son fidèle et tant aimé Garry à côté de lui, il fouilla les poches de sa veste pour en extraire les diverses sucreries qu’il avait acheté une quinzaine de minutes plus tôt. Sucettes, gommes, chocolat, caramels, bonbons durs, jujubes, c’était à croire qu’il était le parfait dealer! ... si on remplaçait les drogues par du sucre sous toutes les formes possibles x_x

▬ Si t’aimes pas la réglisse, j’ai plein d’autres trucs!

Attendant plusieurs secondes, le temps de se mordiller la lèvre et d’ouvrir grand les yeux comme un enfant qui attendait visiblement qu’on lui parle, l’irlandais de souche finit par délaisser sa lèvre qu’il mâchouillait presque.

▬ Est-ce que ça va?

Blondie le super héro des morals à plats allait-il frapper de nouveau?

Erin s'était toujours vaguement imaginée que les vampires étaient une espèce supérieure, un genre de lion en mieux qui pourrait obtenir n'importe laquelle de ses proies. Sauf que celui-ci l'avait eu lamentablement et elle découvrait qu'elle était bien incapable de faire face à l'homme qu'elle comptait vider de son sang peu avant. Pour le courage et la détermination, on repassera... Elle espéra pendant une seconde qu'il ne l'avait pas réellement vue et qu'elle pouvait encore s'enfuir en courant aussi vite que lui permettaient ses pouvoirs vampiriques. Sauf qu'elle ne put s'empêcher de jeter un oeil au SDF du banc ; plus aucun espoir n'était possible, il l'avait bel et bien vue puisqu'il la fixait à cet instant même. Elle leva les yeux en maudissant tout ce qu'il était possible de maudire, songeant qu'il lui était impossible de reculer à présent. Il fallait bien lui faire face et expliquer pourquoi elle avait les crocs sortis (puisqu'ils ne daignaient visiblement pas rentrer). La seule chose que Erin osait encore espérer, c'était que le type ne se mette pas à hurler et à crier à l'aide. Si elle pouvait éviter de revivre la scène du bar de l'autre jour, elle ne s'en porterait que mieux. C'est à ce moment-là qu'une voix dans son dos lui demanda si elle voulait de la réglisse. Elle fronça les sourcils, se demandant s'il s'agissait d'une blague ; un espèce de code entre dealers qui sait ? Après tout, elle n'avait jamais trempé là-dedans mais c'était tout à fait possible. Cette pensée la ramena aussitôt à la fois où un saigneur l'avait prise pour cible et elle ne put s'empêcher de se crisper légèrement alors que l'homme à la guitare poursuivait... jusqu'à lui demander si elle allait bien. Surprise par cette question, Erin se tourna vers lui, oubliant tout à fait ses crocs sortis et ses doutes sur les intentions du blond.

Elle le fixa quelques secondes, sans dire un mot. Il était bien trop propre pour un SDF, déjà. Et puis, il ne ressemblait pas non plus à un dealer ; elle l'imaginait encore moins être capable de la saigner de sang froid. Mais bon, les gens sont souvent surprenants. Alors, par mesure de sécurité, elle n'avança pas plus et hocha de la tête en répondant simplement :

"Oui ça va."

Elle chercha vaguement quoi dire, assez mal à l'aise. Le regard fuyant, elle vit la guitare et pensa avoir trouvé une porte de sortie (de quoi engager une conversation à peu près correcte pour passer l'éponge sur ses remords soudains). Elle désigna l'instrument d'un geste de la tête en lançant :

"Tu joues de la guitare ?"

Oui, excellente observation. Pas de quoi casser trois pattes à un canard, on est bien d'accord. Encore moins de quoi faire la conversation (à moins qu'il soit intarissable au sujet de sa guitare). Alors, en désespoir de cause, elle ajouta :

"J'ai entendu, c'était... sympa."

Elle le fixa, incertaine. Est-ce qu'il avait senti son hésitation à lâcher le dernier mot ? La dernière chose qu'elle voulait, c'était le vexer. Enfin, ça et qu'il appelle les secours en expliquant qu'elle avait voulu le tuer. Il ne manquerait plus qu'elle s'attire les foudres des Autorités. Quoique si cela arrivait, Eliot ne pourrait pas rester indifférent. Enfin, elle n'était plus sure de rien quand il s'agissait de son créateur. Pour montrer sa bonne foi à l'inconnu, elle finit par s'avancer d'un pas en lui adressant un léger sourire (enfin, avec les crocs, pas sûr qu'il soit bien interprété). Ce n'est qu'à ce moment-là que l'odeur de réglisse lui arriva au nez. Etrange, elle aurait cru que les sucreries en tout genre lui manqueraient mais la simple odeur de bonbon lui donnait la nausée. Elle s'entendit alors expliquer :

"Je n'aime pas la réglisse."

Enfin, elle ne dirait pas non à du sang inondé de réglisse, cela dit.

Reniflant un peu à cause de la brise fraiche, l’irlandais s’afférait à vider ses poches dans l’idée de trouver quelque chose qui pourrait faire plaisir à la rouquine qui ne semblait pas tout à fait dans son assiette. Naïf petit blondie – ou grand en fait, un mètre quatre-vingt n’est pas si petit – qui ne se doutait pas une seconde d’avoir à faire à un vampire. Pourquoi s’en serait-il douter de toute manière et même avec ses crocs devant lui pourquoi en faire tout un plat? Si déjà Sean avait une personnalité qui encourageait fortement l’acceptation de tout et n’importe quoi, il va sans dire qu’il était plutôt sensible à la différence. Étant lui-même un jeune homme pas comme les autres – et on ne parle pas uniquement de sa personnalité pour le moins… particulière x_x – il n’allait certainement pas fuir en courant devant un vampire. Oui, en temps normal, il aurait dû quand même, mais il faut croire que l’instinct de survie s’était développé différemment chez-lui. Ce constat n’étonnera sans doute personne =.=
Son bâton de réglisse en main, donc, le pyromane en herbe attendait patiemment une réponse, sa petite mine d’être dénué de toute intention malveillante bien ancrée sur son visage pacifique. Comme dans bien des situations – pour ne pas dire toutes – le blond ne cherchait qu’à être gentil. Ce n’était pas de sa faute s’il détestait voir les gens malheureux >.<

Penchant un peu la tête sur le côté, observant les crocs de la rouquine qui lui affirmait que tout allait bien, Sean avait une petite lueur curieuse qui trainait dans ses yeux clairs. C’était la première fois qu’il se retrouvait face à un vampire. Ça n’avait pas l’air si terrifiant que ça. Mais ça ne donnait pas non plus forcément envie de se jeter à ses pieds pour se faire sucer le sang ou supplier pour devenir soi-même vampire. Et ça n’étonnera encore personne si nous disons que l’irlandais ne voyait absolument pas pourquoi les gens faisaient toute une histoire de ces vampires. Lui, en tout cas, n’en faisait pas toute une histoire et ne souhaitait sûrement pas devenir un mort vivant. Et dire adieu au soleil? Pouwah jamais! De toute manière, en vingt-cinq ans, il n’avait pas su apprendre à contrôler ses dons de sorcier, imaginez un peu si on ajoute l’état de vampire à tout ça! Est-ce que ça se pouvait de toute façon? Est-ce qu’il demeurerait sorcier une fois vampirisé? Haussant les épaules pour lui-même, le musicien se dit qu’il n’avait pas besoin de connaître la réponse à ça. Vivre dans l’ignorance le connaissait bien et celle-ci ne l’empêcherait aucunement de poursuivre sa vie!
S’il jouait de la guitare? Alors là, la demoiselle immortelle n’aurait pas pu mieux tomber. Lancer Sean sur le sujet de la vénérable musique était à la fois une bonne et une très mauvaise idée. Bonne parce que ça donnait tout de suite un large sourire béat au blond, mauvaise parce qu’il pouvait ensuite vous saouler pendant des heures et des heures.

▬ Ouais *0* Tu veux que je te joue un truc?

Refourrant ses friandises dans les poches de sa veste magnifiquement verte, le bonhomme s’empara de Garry, prêt à jouer la mélodie de son choix. Sean n’avait peut-être pas beaucoup de passions – comptons ici musique, surf et sucreries – mais il pouvait au moins avoir le crédit d’être excellent dans celles-ci.
Et à l’entente de la rouquine qui soulignait ne pas aimer la réglisse, blondie boy hocha de la tête en se mordillant un peu la lèvre, un air navré trainant soudainement sur son visage. Évidemment, les vampires ne mangeaient pas de réglisse. Et il en était navré? Absolument oui! Une éternité sans bonbons, un véritable enfer!!

▬ Bha moi je deviendrai jamais vampire si c’est pour ne plus pouvoir manger de sucreries!

… Sean, tu sais que dans les faits tu n’aurais pas vraiment ton mot à dire? =.=
Han ils demandent pas la permission avant? O.o
Non, pas vraiment x_x
Mais quels impolis ces vampires è.é
… =.=

▬ Qu’est-ce que vous mangez d’ailleurs? Juste du sang? … pas très varié comme menu =/

Était-ce vraiment Sean en train de taper la causette 101 à un vampire? Oui, il semblerait bien que oui! Mais encore une fois… Est-ce que ça surprenait vraiment quelqu’un? Sean pouvait parler avec des objets inanimés selon la situation et avoir l’air dans une grande conversation. Alors pourquoi pas avec un vampire? Ces êtres sont peut-être morts, mais contrairement à une roche… ils répondent au moins =.=

Si au départ Erin avait cru à une sorte de piège, plus elle entendait ce type parler, plus elle doutait que cette théorie soit vraie. Ou alors, c'était vraiment un excellent acteur qui, en plus de cela, ne craignait pas pour sa vie. Après tout, elle aurait pu lui sauter à la gorge une bonne vingtaine de fois déjà. Mais ça, il ne semblait pas s'en rendre compte, trop occupé qu'il était avec ses bonbons et sa guitare. La vampire l'observa bouger encore quelques secondes et décida qu'il ne représentait pas un danger ; du moins, pour le moment. Elle s'approcha donc légèrement du banc. Quand il parla des sucreries, elle sourit faiblement. Humaine, la rouquine aurait pu facilement donner une centaine de raisons pour lesquelles elle ne voudrait jamais devenir une vampire (raisons qu'elle invoquait à chaque fois qu'on voyait des adorateurs de ces créatures à la télévision), et pourtant... Quoiqu'il en soit, les bonbons ne seraient pas arrivé en première position. Elle haussa les épaules quand il parla du sang et répondit :

"On s'y fait..."

La première fois qu'elle avait bu du sang artificiel, Erin avait bien cru vomir immédiatement. Mais la nourriture humaine la dégoûtait encore plus et la seule fois où elle avait essayé d'en manger, elle avait été malade pendant trois jours. A présent, elle ne s'imaginait pas se nourrir d'autre chose que de sang. Instinctivement, ses yeux dévièrent vers la carotide du jeune humain. Si elle se concentrait, elle pourrait entendre son coeur battre. Elle détourna cependant rapidement les yeux : à quoi bon se torturer ? La vampire grimaça légèrement et reprit sur la nourriture :

"Et puis, il y a tout ce qu'il faut dans le sang. Ou du moins, pour nous... Et c'est toujours plus nourrissant que des bonbons !"

Pour l'instant, elle n'était pas lasse du sang ; mais qui sait, peut-être qu'un jour, elle rêverait d'autre chose ? Un jour, ses instincts se tairont peut-être et elle n'aura plus le sentiment d'être une bête qui ne cherche qu'à se nourrir. Elle n'avait jamais rencontré de vampire dans ce cas-là, aussi vieux soit-il. Ce n'était donc pas près d'arriver, en fait. Et quand bien même, est-ce que l'éternité ne serait pas ennuyeuse à mourir si elle devait se comporter comme une sainte ? Son créateur ne serait pas d'accord avec cela, mais bien d'autres vampires acquiesceraient. A croire qu'elle était tombée sur le vampire le plus barbant de tous...

Finalement, Erin se rappela qu'elle avait pris la décision de ne plus penser à Eliot, et elle se concentra à nouveau sur le type à la guitare. Elle sourit et s'approcha encore pour s'asseoir à ses côtés sur le banc. Elle lui demanda :

"Mais si tu ne veux pas être une cible ambulante pour vampire assoiffé, pourquoi est-ce que tu es seul ici en pleine nuit ?"

Elle avait presque envie d'ajouter un "tes parents ne t'ont pas dit que c'était dangereux de se promener seul la nuit ?" mais ça serait certainement déplacé. Ou ridicule, au choix. Au lieu de cela, elle continua :

"Tu as de la chance d'être tombé sur moi, n'importe quel autre vampire n'aurait pas hésité à t'attaquer et à faire de toi son repas..."

Oui, enfin, c'était aussi son plan, à la base. Mais ça, on ne va pas le dire, histoire de ne pas passer pour une hypocrite finie...

"Bref, qu'est-ce que tu fais là en fait ?"

Bah oui, quelle drôle d'idée de se mettre dehors pour jouer de la guitare, surtout dans un endroit avec si peu de passage.

Sujet: Re: Avoir l’air bon est dangereux pour la santé