un désir de mort rime avec alcool!



Si Scott avait été plutôt sympa avec son oncle profondément dépressif et qu’il ne l’avait pas fichu dehors même s’il avait bien amoché sa portée d’entrée, ça ne changeait strictement rien à l’humeur de l’écossais, pour tout dire. Le brun avait profité d’un moment en tête à tête avec lui-même pour se faire toutes les bouteilles de l’appartement. Si ça ne l’aidait aucunement à faire taire ses pensées, ça ne l’aidait pas non plus à se tenir droit et encore moins à marcher correctement. Mais tout ceci ne pouvait l’empêcher d’atteindre son but. De la bière! Plus aucune canette et même plus de whisky ou de vodka, rien, nada, niet, nothing!

C’était ce qui expliquait la présence de Charlie dans cette petite supérette au coin de la rue. Ce qui expliquait aussi pourquoi il avait les yeux vitreux et rougis. Le visage pâle le corps à moitié courbé pour éviter la chute, l’écossais avait connu de meilleurs jours, c’était indéniable. Lui si énergique, fringuant, souriant, il était une épave en ce moment, rien de moins. Son cerveau était si ramolli qu’il aurait pu lui couler des oreilles, sa tête bourdonnait et lui faisait mal, sans compté les nausées qui allaient et venaient, mais tout ça ne suffisait même pas à chasser les images qui le hantait depuis un mois. Ses enfants, sa femme. Ces corps morts jonchant ce qui fut un jour son petit nid paradisiaque, sa maison… Il n’était même pas certain d’y remettre un jour les pieds. Probable qu’il dirait simplement à ses parents de s’en débarrasser ou qu’il la donnerait à Scott pour qu’il en fasse ce qu’il voulait. Mais cette maison, non, jamais il n’y remettrait les pieds. Plutôt crever.

Une excellente idée, mais faute d’idée brillante ou même d’assez de force pour y arriver, l’écossais se contenta de payer son pack de bière et sa bouteille de whisky avant de sortir d’un pas sans grand équilibre vers la sortie de la supérette. À peine un pied dehors, son épaule buta contre celle d’un autre. Un autre spécimen très pâle, mais ça n’avait rien à voir avec la cuite du siècle.

▬ Hey, tu pourrais regarder où tu marches l’ami.

Même ivre, Charlie savait reconnaître un vampire lorsqu’il en croisait un. Ça faisait partie de sa formation de super agent secret. Si avant il n’aurait pas cherché la bagarre avec un vampire en dehors des heures de travail – surtout un qui ne semblait pas si agressif que ça – aujourd’hui était un autre soir d’une autre vie, faut-il croire.

▬ J’en ai rien à foutre d’un suceur de sang comme toi.

… Charmant, vraiment. Nous dirons seulement pour sa défense qu’il état beaucoup trop ivre pour réaliser ce qu’il faisait…

▬ Tu veux crever ou quoi?
▬ Peut-être bien!

Ou alors en était-il beaucoup trop conscient x_x
Sans doute la seconde option était-elle la plus véridique lorsque le brun se fit empoigner par le col sur une manœuvre d’intimidation qui aurait pu marcher avec un autre saoulons qui n’était pas un ex-agent des services secrets. Charlie, lui, ne démontra aucune peur, ayant même sauvé ses achats de la chute. En fait, nous sommes même prêts à affirmer que l’écossais n’avait absolument pas peur. Nous sommes même prêts à dire que son peut-être bien ressemblait beaucoup plus à un oui qu’à un non…

Bien entendu quand vous avez besoin d'une brique de lait et que vous ouvrez le frigo et que vous vous rendez compte qu'il n'y en a plus une goutte ça peut vous mettre de mauvaise humeur. De toute façon aujourd'hui, Lily était de mauvaise humeur. Déjà parce que la journée avait été une vrai catastrophe mais ensuite parce qu'elle n'avait plus de lait. Non mais franchement, imaginez un peu comment ça peut vous perturber et changer le cours de votre soirée lorsque ça pourrait être votre seul réconfortant.
Certains se seraient sans doute pris un verre d'alcool, mais la jeune femme s'employait à éviter d'en consommer ayant remarqué que ça la rendait plutôt agressive. Et agressive pour un loup garou n'est pas quelque chose de bien extraordinaire certes, mais lorsqu'on ne se contrôle pas ...

La jeune femme marchait donc les mains dans les poches, sa veste en cuir sur les épaules avec juste un peu d'argent sur elle et son téléphone portable -au cas où ça servait toujours- et se rendait dans le centre ville pour aller acheter cette fameuse brique de lait à la supérette du coin qui restait normalement ouverte la nuit. D'ailleurs, elle trouvait ça assez dangereux comme procédé avec tous les vampires qui rodaient désormais comme si la rue leur appartenait, mais qu'importe, elle ne pouvait pas faire la loi toute seule.

Ce fut en s'approchant un peu plus qu'elle pu apercevoir au loin un homme qui semblait en bien mauvaise posture. Humant l'air, il ne lui fallut pas bien longtemps pour repérer qu'ils s'agissait d'un vampire. Elle hâta alors le pas, se pressant pour ne pas arriver trop tard et se retrouvait déjà derrière la chauve souri, elle le savait, lui dire de le lâcher ne servirait sans doute à rien puisqu'il sentirait qu'elle est un loup garou et chercherait peut être le conflit. Alors, une autre idée lui vint à l'esprit. Elle se hâte de venir à côté de l'homme imbibé et poussa -assez violemment- le vampire pour se retrouver face à l'alcoolique.

« Mon chéri, mais qu'est ce que tu es encore entrain de faire ? Je suis désolée monsieur, mon petit ami a un peu trop forcé sur la bouteille ce soir, j'espère qu'il ne vous a pas trop importuné ? »
Et comme pour faire passer un message au vampire, les yeux de la jeune femme prirent une couleur ocre avant de revenir à la normale et que le dit vampire s'en aille. "Bon gars". Elle se tourna alors vers l'homme.

« Est ce que tout va bien ? Vous savez, il ne faut pas trop les chercher ... »
La jeune femme avait bien entendu retrouvé son regard initial et le regardait à présent en faisant une petite grimace. Franchement, quelle idée de se mettre minable à ce point, en plus ça gâchait vraiment tout, il était plutôt bel homme, mais saoul comme ça il ressemblait plus à une épave. Néanmoins, elle n'était pas là pour juger, juste pour savoir s'il allait bien et si elle pouvait partir s'acheter sa brique de lait ... en espérant toutefois qu'elle ne tombe pas sur un espèce de fanatique qui voulait se faire transformer en vampire, sinon ce serait sa fête !

Charlie n’était pas certain d’avoir bien compris tout ce qui se passait. Certes, dans son état ça n’avait rien de bien surprenant, mais avait-il réellement manqué tout un épisode? Depuis quand avait-il une petite amie o.o Et là, oui, vous êtes autorisés à le trouver sombrement idiot!

Le plan était pourtant si simple et venu de nulle part. Chercher ce vampire, le pousser à commettre l’irréparable et ainsi permettre à Charlie de mettre fin au cauchemar qu’était devenue sa vie depuis quatre semaines. Mais rien ne s’était passé comme prévu. Cette blonde était apparue de nulle part, se proclamant petite amie de notre écossais et faire partir le Saint Vampire qui représentait la libération tant désirée.

▬ Ça va très bien!

… Ah ouais? Pourtant à te voir on dirait pas x_x
Évidemment, vite comme ça, il avait l’air de tout sauf d’aller bien, mais un homme suicidaire et fier reste fidèle à lui-même, non?

▬ J’avais pas besoin qu’on m’aide.

Réprimant un haut le cœur et déglutissant légèrement, Charlie faisait franchement peine à voir. Si sa femme était encore de ce monde, probable qu’elle le foutrait au coin comme on fait avec les enfants pour lui faire passer l’envie de se mettre dans un état aussi lamentable. Hélas, sa chère Hannah n’était plus là et c’était bien ça le problème qui torturait l’écossais et le rongeait de l’intérieur sans lui laisser un seul instant de répit.

▬ Tout était parfaitement…

Un autre haut le cœur plus tard, Charlie se pencha vers l’avant, laissant son pack de bière et son whisky sur le sol. Mains sur les genoux, c’était visiblement pour bientôt, mais pas encore tout a fait.

▬ … sous contrôle.

Et le moment fatidique arriva. Celui où le brun renvoya tout le contenu de son estomac sur la parcelle de pelouse qui bordait le trottoir. Dieu merci, comme il n’avait rien mangé de la journée, ça se résumait à de l’alcool, mais le spectacle n’était pas franchement magnifique pour autant.
Il fallut un long instant à l’écossais pour se remettre de ses vomissures, crachant ultimement pour tenter de se défaire de ce goût amer et pâteux qui lui restait en bouche. Il savait qu’il était pathétique, mais à quoi bon lutté? Il préférait être dans cet état que d’avoir le cerveau parfaitement énergique pour se remémorer encore et encore cette scène qui le poursuivrait jusqu’à sa mort.

▬ Nom de dieu, qu’est-ce qui faut pas faire pour crever ici.

Ayant plutôt marmonné sur ce coup-là, il ne s’attendait pas à ce que la blonde ait compris ses paroles. Reprenant son alcool, le grand brun clopina lentement sur le trottoir dans l’intention de se remettre en route vers l’appartement de son neveu. Boire jusqu’à la fin, c’était ça le plan? Il semblerait bien que oui!

Lily n'aurait peut être pas du intervenir comme ça mais elle n'avait pas pu s'en empêcher, c'était sans doute son côté louve trop protectrice qui était ressortie, et surtout sa haine contre les vampires. Même si cet homme semblait drôlement imbibé, elle ne pouvait pas le laisser comme ça se faire tuer juste parce qu'étant trop saoul il avait provoqué un vampire. Elle ne comprenait pas les envies suicidaires de l'homme en face d'elle et franchement elle se disait que pour en arriver là il avait sans doute du en baver. Néanmoins, ce n'était pas pour ça qu'elle allait rester là et assister à un réel suicide !

« C'est clair que on voit que vous pétez la forme et c'est sur et certain que vous n'avez en aucun cas besoin d'aide ... Il n'y a rien d'anormal au fait que l'on provoque un vampire pour se faire assassiner. J'avoue, tout va bien ! »
Elle était ironique dans ses réponses et pas franchement adorable. Autant elle pouvait être sympathique, autant là sa façon de faire l'agaçait quelque peu. Elle ne comprenait pas pourquoi il voulait tant mettre fin à ses jours, parce que provoquer délibérément un vampire c'était dans le seul but de se faire tuer. A moins que ce n'était un fanatique qui voulait se faire transformer ... aller savoir. Un haut le coeur de la part de l'homme, et Lily afficha une mine dégoutée, ce qu'il pouvait empester l'alcool c'était juste ignoble pour ses narines et d'autant plus avec son odorat super développé.

« Oh oui, et ça se voit ! »
Elle ne put continuer à lui parler qu'il se mit à rendre tout l'alcool qu'il avait pu ingurgiter. Heureusement que la demoiselle avait l'estomac bien accroché, sinon c'est certain qu'elle l'aurait suivi et qu'à son tour elle aurait vomi tout ce qu'elle avait pu engloutir dans la journée ... et ce n'était pas des tonnes d'alcool mais plutôt pas mal de friandises ayant eu une folle envie de sucre durant toute la journée. Le voir comme ça lui faisait vraiment de la peine, et pourtant, elle ne le connaissait ni d'Adam, ni d'Eve. Mais ne vous méprenez pas, elle n'était pas au point de ressentir de la pitié pour lui, la pitié c'est pour les faibles, lui avait les traits d'un homme meurtri.

« Allez venez, je vais vous raccompagner chez vous et vous n'avez pas le choix, inutile de refuser je suis bien plus forte que vous, il me suffirait de souffler sur vous pour que vous tombiez comme un sac de patates ! »
La jeune femme tentait d'user de l'humour pour parvenir à ses fins, mais il était bien évident que même s'il était sobre, elle aurait bien plus de force que lui ayant des capacités physiques beaucoup plus développé qu'un simple humain. Elle le regarda alors en souriant se faisant un peu plus douce avant de tendre sa main.

« Lily-Rose. »

Spoiler:

Alors, mourir dans un faussé, la gueule ouverte et bon à nourrir les corbeaux, c’était ça le plan? Plus ou moins. En tout cas, ça semblait plus tentant que de poursuivre le schéma de vie qui se répétait sans cesse depuis un mois. Bien sûr, les plus futés d’entre vous diront que la solution était simplement d’arrêter de boire, mais si seulement c’était si facile. Le problème de l’écossais n’était pas d’être dépendant à l’alcool – il ne l’était d’ailleurs pas en fait – non, l’alcool était le seul moyen qu’il avait trouvé pour pouvoir continuer à se regarder dans un miroir sans avoir envie de se défigurer avec une lame. Être ivre mort vingt-quatre heures sur vingt-quatre n’était pas une tentative d’autodestruction dans les règles de l’art comme on pouvait le voir si souvent. Bien au contraire, boire du matin jusqu’au soir et du soir jusqu’au matin était actuellement la seule chose qui gardait Charlie en vie. En n’étant même pas capable d’aligner un pied devant l’autre correctement, ça lui évitait d’avoir la force de se pendre, de se jeter sous un bus, de sauter d’un building ou même de s’ouvrir les veines. Dans ce cas bien précis, l’alcool n’était pas le meurtrier, mais bien le sauveur. Tordu, nous le savons, mais ça ne l’était peut-être pas tant que ça lorsqu’on connaissait un peu l’énergumène.

Évidemment, cette petite blonde ne le connaissait pas du tout. Elle ne pouvait pas savoir qu’être aussi pathétique était la chose qui le maintenait en vie et elle ne pouvait pas non plus savoir pourquoi il avait besoin d’être dans cet état avancé d’ivresse. Tout ce qu’elle pouvait savoir, c’était qu’elle se récoltait un type ivre mort qui n’était pas franchement sympathique et visiblement suicidaire. Ça ne donnait pas trop envie de rester à ses côtés et pourtant, elle ne partit pas après lui avoir offert son petit coup de main. Elle devait probablement avoir peur qu’il s’écroule à un coin de rue ou un truc comme ça. Tssss, la pitié. Tellement inutile et détestable. Le grand brun était parfaitement conscient de ce qui se passait autour de lui et il n’avait, par conséquent, pas besoin qu’on le prenne pour un enfant. C’était quoi la prochaine étape? Lui tenir la main pour traverser la rue? =.=

▬ Prend un flingue et troue-moi la cervelle, on y gagnera tous les deux du temps.

Se prenant d’ailleurs la tête pour lutter contre la migraine horrible qui avait suivit le joli épisode de « vidons notre estomac sur la pelouse », l’écossais se mit à avancer à pas lents et absolument pas droits, serrant maladroitement son alcool précédemment achetée contre lui. Face à la main tendue, le bonhomme ne fit qu’un vague geste qui se perdait entre le salut militaire et le repoussement le plus élémentaire. Vous n’y comprenez rien? C’est pas grave, c’était plutôt le résultat auquel Lily avait droit.
S’il passait pour mal poli? Totalement. S’il risquait de se faire planter là? Pourquoi pas, ça lui ferait des vacances! S’il allait mourir? Peut-être, n’était-ce pas le principal objectif de cette nuit?

▬ Écoute, je veux pas te faire de la peine trésor, mais y’a de fortes chances que je me souvienne même plus de t’avoir vue demain, alors j’en ai pas grand-chose à faire de comment tu t’appelles.

Ouep, dire que juste répondre « Charlie » aurait été beaucoup mieux considéré au niveau relationnel et surtout vachement moins long à dire! Mais si on enlève le fait que le bonhomme se méritait une paire de claques pour s’être conduit aussi mal envers une lady – quel outrage à son sang d’écossais quand même o.o – on pouvait quand même lui donner un point ou deux pour la franchise.