I'm all alone and I need you now

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Un truc comme toi… des mots qui raisonnaient dans sa tête alors qu’elle errait, mains dans les poches, dans la ville sombre et glaciale de ce maudit soir d’automne. Normalement, les mots ne l’atteignaient pas, ne la touchait pas, elle n’avait qu’à ignorer l’opinion des gens, à se complaire dans sa réalité torturée et à oublier…Mais ce soir, c’était différent, cette insulte, cette accusation, elle venait de quelqu’un à qui elle tenait, et peut importe le fait qu’elle ait pris une triple dose de vi, son état mental ne suffisait pas à lui rendre le sourire. Après tout, cette drogue mettait l’accent sur les émotions, les perceptions, et en ce moment, toutes ses perceptions étaient merdiques. Alors que le souffle glacial du vent torture sa peau beaucoup trop dénudée, elle s’en fichait, rien n’avait plus d’importance…Un truc comme toi… comment avait-il osé la classer dans cette catégorie détestable, dans ce groupe minable d’être ne méritant même pas le titre d’humain. Okay elle était une loque, un vrai junky, une fille pas franchement fiable, mais s’il y avait une chose qu’elle savait faire, c’était prendre soin de la gamine de Tyson. Au nombre de fois où elle l’avait gardé, où elle avait pris soin d’elle, c’était une vraie insulte de remarquer que soudainement, il ne la jugeait pas assez bien pour ça. Elle avait surveillé cette fillette tant de fois, réduisant sa consommation au prix de douleur aigues dans ses muscles dépendants, tout pour ne pas perdre la tête ou manquer un signe… tout pour s’assurer que cette petite soit en sécurité le temps où on lui avait confié. Elle adorait cette petite comme sa propre sœur, limite, comme sa propre fille, quand on connait son amour pour les enfants… et il osait lui remettre sous le nez qu’elle ne faisait même pas ce truc comme il faut?

Les mots de l’armoire à glace lui avaient glacé le sang, elle si fière, si assurée, elle avait eu envie de pleurer, d’hurler, mais rien n’y avait fait, elle avait tout simplement sourit, insulté, garder cette fichue fierté pour s’en draper et prendre la fuite. Il n’était pas dit qu’il aurait le luxe de savoir que ses insultes toucheraient une corde sensible. Pas après tout ce qu’elle avait fait pour lui. Lui obtenir la garde de sa fille au prix d’une trahison sans nom pour son amie strip-teaseuse, accrocher une de ses proches sur la drogue pour lui offrir à LUI ce qu’il voulait tant… Allez le voir en taule aussi souvent que possible, lui filer des nouvelles, veiller sur sa fille pendant qu’il croupissait derrière les barres… Et c’était comme ça qu’il la remerciait? En décidant que soudainement, elle n’était pas assez bien pour avoir sa place dans sa vie?! Que sans prévenir, après ce qu’elle avait sacrifié, il décidait que c’était bon débarras? Pfff. Le pire, c’est que la personne à qui elle en voulait en ce moment, c’était elle-même. Bah oui… elle aurait du savoir que les gens ne sont pas bons, que personne ne vous accepte pour rien et que tout ceux qui lui ont un jour tendu la bras finiraient par la laisser tomber…Autant dire qu’elle prenait plutôt mal cette trahison et qu’elle devait se faire violence pour rentrer chez elle et ne pas se jeter d’un pont… Elle en était à marcher sur les trottoirs inégaux de la minable ville qu’elle habitait lorsque le talon de ses vertigineux escarpins se coinça entre deux pierres la faisant de un, chuter vers l’avant et de deux, bousiller ses chaussures! Ni un ni deux, à genoux sur le sol, les mains couvertes de roches et de quelques entailles causées par la chute, elle poussait un juron :

▬ … Oh shit! F*ck!! ….Raaaaah!!!

Et oui, le tempérament… Hors d’elle, furieuse contre cette ultime merdier de la soirée, elle avait balancé son sac à bout de bras en se relevant, retirant sa chaussure pour la lancer contre un mur de brique. Pourquoi ça lui arrivait à elle hein?! Pourquoi! Passant une main dans son épaisse tignasse laissée libre, elle soupira, marchant lentement, son pied contre le sol glacé pour rattraper son sac… Et c’est à cet instant précis, en regardant autour d’elle, totalement seule sur cette rue désertée, au milieu de la ville, en pleine nuit, que le pathétisme de sa situation lui revint en plein visage. Minable! Elle se faisait tragiquement honte là, à déprimer parce qu’elle avait espérer quelque chose de quelqu’un… Posant son dos contre la brique du bâtiment où sa chaussure avait atterrie, elle se laissa glisser jusqu’à ce que ses fesses touchent le sol, la tête entre les mains… Ça ne devrait pas être permis de se sentir si seule, si vulnérable, si dégoutante… cette impression de ne rien valoir, de n’avoir aucune importance… cette idée que personne ne serait dérangé même si elle mourrait de froid sur se trottoir, que personne ne se SOUCIE qu’elle soit là…

Ramenant ses genoux contre son corps, elle y posa sa tête en soupirant, sentant les larmes lui monter aux yeux… pourquoi y avait-il des gens simples, heureux, entourés, et des loser comme elle avec comme seuls amis une lignée de poudre blanche hein? Ses doigts se ressaient au tissus de son jeans alors qu’elle se recroquevillait d’avantage, ne laissant personne voir ses maudites larmes…Pourquoi ne pouvait-elle pas avoir une famille elle aussi, un endroit où rentrer, quelqu’un pour au moins faire semblant d’être heureux de la voir…Pourquoi elle n’avait pas la vie parfaite du blondie à la chemise de dious?! … Sean. Cessant une seconde de respirer, elle resta immobile, ses sanglots un peu moins intense… est-ce qu’il en aurait quelque chose à battre qu’elle se sente aussi délaissée? Est-ce qu’il aurait l’air embêté si elle lui volait de son temps, si elle réclamait sa compagnie? Ou est-ce qu’il lui ferait ce sourire idiot en parlerait de sa maudite guitare… Surtout, est-ce qu’elle avait le droit de lui dire qu’elle avait envie de le voir… pouvait-elle légitimement demander à ce qu’il ne fasse rien d’autre que la consoler…elle le connaissait à peine…

Et pourtant, à peine son nom eut effleurer son esprit qu’elle revoyait son sourire niais – un point pour la pureté, nous on ne peux plus oublier le matos sous la ceinture… - et ne pouvait que constater qu’elle avait envie de se retrouver dans sa présence, même s’il était con, même s’il n’accepterait certainement pas de lui changer les idées par une partie de sport horizontal… Tendant la main vers son sac, elle chercha à atteindre son téléphone, ses doigts effleurant une sucette qu’elle n’avait toujours pas mangé… contact qui suffit à lui donner une brève impression que ça irait… Quel crétin quand même…Attrapant finalement son précieux iphone, elle hésita un long moment avant de pianoter le numéro. Sa fierté… oserait-elle la mettre de côté? Elle doutait de pouvoir prendre une voix normale, d’ailleurs, elle se recroquevilla, combiné contre l’oreille, entendant la sonnerie jusqu’à ce que finalement il décroche… Il devait être 1 am … quel être humain en aurait quelque chose à chié… et pourtant…

▬ Eh… je…. J’devrais pas t’appeler comme ça… aussi tard mais… je….. j’ai nulle part où aller… et j’ai … j’ai pas envie d’être toute seule ce soir…. Je… tu peux pas……… s’il te plait me laisse pas seule…. é.è viens me chercher…… …

… Pourquoi sa voix normalement assuré et forte sonnait si faible, si tremblante, et pourquoi ce sanglot dans la gorge, ses larmes qui lui embuaient les yeux… Mais pire que tout fut l’ultime aveux, l’écrabouillement de ses principes alors qu’elle osait admettre, pour la première fois depuis dix-huit ans, qu’elle n’était pas si forte :

▬ Sean je… j’ai ……. J’ai besoin de toi…

À peine avait-elle prononcé ces mots, les sanglots redoublèrent d’intensité… c’était comme si une ridicule partie d’elle-même savait …. Que ça ne pourrait qu’aller mieux.

Est-ce qu’un jour, ça irait mieux? Le dos contre la pierre froide, les cheveux dans le visage et ce maudit combiné contre son oreille, elle se disait que non, ça ne pourrait jamais aller mieux. Et pourtant, combien de nuits avait-elle passé comme ça, recroquevillée quelque part à simplement tenter de survivre, de se réchauffer un brin… Avant, ça n’avait pas d’importance d’attendre le levé du soleil, de savoir que personne ne viendrait la chercher…avant c’était ridiculement inutile de toute façon, d’espérer. Et puis, on aura beau dire, croire à une évolution parce qu’elle avait arrêté de dormir à même le sol, c’était être crédule. C’était pareil, le froid, la solitude, cette impression de n’être qu’une loque, elle ne l’avait pas quitté une seconde même quand elle avait trouvé des hommes à manipuler, des hommes à qui s’offrir pour avoir le gîte et le couvert. Alors pourquoi ce soir, ça importait tellement, pourquoi après tout ce temps, elle se disait qu’elle n’avait tout simplement plus envie de cette vie là. Normalement la drogue, la philosophie de ne jamais penser au lendemain, ça l’avait mené si loin… alors pourquoi c’était différent? À cause de Tyson ? Non … pas vraiment, bon d’accord, elle avait eu l’impression en s’occupant de sa gamine, qu’elle pourrait peut-être un jour, être assez bien pour avoir ses propres enfants, pour être une bonne mère, pour ne pas être celle qu’on abandonne mais celle qui a quelqu’un de qui se soucier… oui, cette idée ridicule que si c’était elle, au moins, elle ne laisserait jamais tomber sa progéniture comme on l’avait fait avec elle. Mais ça aussi, c’était impossible, ça n’arriverait jamais, alors à quoi bon penser… elle était même sidérée d’avoir eu cet espoir sans le remarquer… Avant de savoir ce qui s’était emparé d’elle, elle avait composé le numéro du blondinet, serrant le portable entre ses doigts glacés.

Comme si elle s’accrochait à lui, et d’ailleurs, au moment où elle entendit sa voix, elle put simplement respirer, ce souffle qu’elle avait retenu, cette nervosité inexpliquée… et ses sanglots redoublèrent d’ardeur alors qu’elle lui balançait en mots pas franchement facile à saisir, tout ce qu’elle avait sur le cœur. Pourquoi elle avait envie de lui dire hein? Pourquoi lui, elle faisait un si bon boulot à tout garder en dedans avant de le rencontrer! Pourquoi il était sympa, pourquoi il se souciait d’elle, ne voyait-il pas que ça ne lui faisait aucun bien? Une seconde, elle l’aurait même détesté pour être aussi attentionné, aussi dépourvu de malice et d’arrière pensée… il ne pouvait pas lui faire ça, c’était une vraie torture de remarquer que des gens comme lui existaient encore… et surtout, qu’ils répondaient à ses appels de déprimée désespérée! Une vraie connerie, elle lui en voulait de ne pas se fâcher, de ne pas la mépriser autant qu’elle se méprisait elle-même. Quel homme faible, quel crétin, à perdre son temps sur une loque comme elle… Il était trop stupide… trop prévenant et elle détestait ça. Elle détestait sa réaction, pourquoi se laissait-il avoir, en remarquait-il pas qu’elle était un cas désespéré? Les gens trop bien… elle les méprisait, ça ne faisait que lui souligner un peu plus combien elle était misérable…Et pourtant, pas de question, pas de reproche, il avait dit qu’il viendrait… Ça avait suffit à briser une couche de plus de sa forteresse d’indifférence. Il disait probablement juste ça pour s’en débarrasser, personne de sensé ne se baladerait en quête d’une droguée au milieu de la nuit quand il bossait le lendemain… Étrangement, sa voix assuré, posée, même s’il parlait de sa satané guitare, elle était heureuse de l’entendre… elle pressa un peu plus le iphone contre sa joue, comme si ça pouvait le rapprocher d’elle.

Serrée sur elle-même, elle n’avait qu’une envie : le voir. Son sourire niais, son air, même le fait qu’il n’avait rien en tête, elle voulait bien y croire… mais elle n’avait pas vraiment la sensation qu’il était sincère. L’écouter au bout du fil, c’est une chose, venir la retrouver? Une autre. Le temps passait et pourtant, cette douleur qui lui broyant les entrailles, cette sensation de vide, de douleur aigue au niveau du cœur ne passait pas… De toute façon, elle n’avait pas vraiment pensé qu’il se pointerait… et pourtant, en ce moment, elle aurait vraiment pu pleurer toutes les larmes de son corps dans ses bras, juste parce que… pour rien au monde en fait… peut-être parce qu’il voyait autre chose chez elle que ces emmerdes…mais après, il ne savait pas. Alors c’était facile pour lui de voir que le bien… Lorsqu’elle allait abandonner, raccrocher et se tirer une ligne de coke pour oublier cette pensée stupide qu’un prince charmant existait, elle entendit une voix masculine et de dious, lui dire la plus grande connerie du monde : « Tu savais qu’être assis trop longtemps sur du froid ça donne des hémorroïdes? » … Relevant son minois vers lui, sans se soucier pour une fois de ses yeux rougis, des larmes qui coulaient encore, elle lui tira une tête surprise… comme si elle voyait un fantôme.

▬ … j’men fiche…avec un peu de chance, j’vais en crever… on peut mourir à rester assis trop longtemps dehors?

La voix était faible, monotone. Comme quelqu’un qui a trop pleuré. Et pourtant, elle releva ses yeux noisettes vers cette main tendue et, soupirant comme une condamnée à mort, elle s’en saisit en hésitant, se redressant sur ses pieds, en équilibre précaire à cause du talons vertigineux d’un côté et du pied nu de l’autre. Super pour marcher comme ça… Sans parler qu’elle avait balancé sa chaussure on ne sait trop où et qu’elle était fichue. « Viens, on va rentrer. » … Rentrer, clignant des yeux, elle le fixait vraiment comme un revenant soudainement. Elle qui avait si longtemps espéré qu’on vienne la chercher, que son clan se pointe, que quelqu’un lui dise que ça irait, qu’elle avait quelque part où aller… Stupidement, elle ne lâcha pas sa main, la serrant de ses petits doigts glacés comme si c’était la seule bouée qui lui restait. Et c’était probablement le cas, sa main chaude, masculine, elle n’avait pas envie de la laisser pour tout l’or du monde. Moue boudeuse – fallait quand même garder contenance malgré les larmes, elle lança un :

▬ … j’ai pas envie… je… euh………..hmm…

Les larmes redoublèrent d’intensité, elle regardait le sol, une seconde elle tenait sa main … et…Et la seconde d’après? La seconde d’après elle se sentait stupide, tragiquement, ridiculement et misérablement méprisable parce qu’elle avait, sans vraiment savoir pourquoi, lâché cette main et noué ses bras fins autour du torse du jeune homme, enfouissant sa tête de brunette au creux de son épaule. Elle le détestait pour être venu jusque là, pour ne rien avoir demandé, elle le trouvait horrible d’être aussi bon alors qu’elle ne le méritait pas. Et ça la mettait hors d’elle qu’il puisse s’acharner. Il méritait tellement mieux, il devrait se trouver une fille sympa, sans problème et y investir son temps, pourquoi une abrutie comme elle, bonne qu’à attirer des ennuis! Les épaules secouée de sanglots – ouai les vils avaient repris de plus belle – elle se cramponnait à lui, si délicate, si fragile en cet instant. Elle qui détestait être vulnérable… elle allait être servie! Et pourtant, malgré l’horrible mal être qui l’habitait depuis des années, juste se nicher contre lui, sans rien espérer, sans raison, sans motif, ça avait suffit à briser la dernière couche de cette armure d’indifférence. Au diable l’égo en ce moment, cette odeur de bière, ses cheveux blonds de surfeur qui lui taquinaient la joue, ce bloc d’homme qu’elle serrait comme si c’était la dernière chose qu’elle ferait, ça valait bien l’anéantissement de toutes ses réticences. Elle aurait tout le loisir de se détester après… Mais après quatre ans sans larmes, après une vie à se montrer fière, elle avait bien le droit non? Parce que… de toute façon elle ne pensait à rien, ni à ses problèmes de consommation, ni à son boulot, ni à ses erreurs… comme ça, contre lui, ça allait juste … bien. Et donc, dans une tentative ratée de conserver un brin de fierté, elle maugréa sur un ton boudeur vraiment trop adorable :

▬ Regardes pas è.é !!! j’ai juste un truc dans l’œil!

Sugar s’en voudrait dès qu’elle serait en état de penser, qu’est-ce qu’elle faisait à se nicher contre le premier abruti venu et à pleurer toutes les larmes de son corps sans la moindre gêne hein?! Étrangement, dès l’instant où elle avait noué ses bras autour de Sean, ça avait semblé tellement simple de s’abandonner, tellement naturel… et ça faisait un bien fou. Il ne demandait rien, ça la surprenait certes, mais elle n’allait pas s’en plaindre… et si elle avait voulu résister, être fière, ne pas se montrer faible, alors tout aurait de toute façon été abdiqué comme tentative dès l’instant où ses bras se resserrèrent autour d’elle. Son minois s’enfouit un peu plus contre l’épaule du musicien alors qu’elle continuait de mouiller son pauvre chandail…On imagine pas les traces de mascara quand il le retirerait… Tout cela pour dire que cette chaleur qui l’entourait, elle n’y prenait pas garde, c’était certes étrange, mais elle se sentait tellement bien. Comme si pour la première fois, on lui offrait la possibilité d’être vulnérable, de se faire protéger, comme s’il n’y avait aucun mal à s’avouer dépassée et à demander une dose de réconfort… Serrant ses doigts fins après le tissus du chandail de la blondie, ses bras toujours dans son dos, elle avait reniflé et bredouillé une tentative de sauvetage de son égo… ratée bien évidement. Mais au moins, la réplique innocente du surfer suffit à lui tirer une moue boudeuse, signe que ça allait un peu mieux… « Pfff, arrête hein, je sais que c’est ma présence qui t’émeu. Si seulement elle pouvait rester dans ses bras un peu plus, alors tout irait bien. C’était à peu près le seul endroit où elle se sentait à sa place, où elle n’avait pas l’impression qu’on la prenait pour une moins que rien… Mais ne pas trop s’y habituer, elle avait eu cette impression avec la gamin de Tyson aussi… Le frappant sans grande force sur le bras, elle protesta :

▬ … pfff n’importe quoi, qui serait ému par toi hein!

Bah… si elle a de la répartie c’est qu’elle s’en remet un peu. Et sans ligne de coke. Bon après, croire qu’elle pourrait s’en passer c’était ridicule, mais pour une fois, elle avait passé sa déprime avec autre chose que des artifices. C’était déjà ça! Relâchant un peu sa prise, elle lui avait fait fasse, essuyant ses vilaines larmes d’un regard de manche – fallait bien tenter, quoi que c’était pas ça qui les arrêtait… Et cet abruti qui osait lui filer des surnoms ridicules – et mignons – et protester sur son absence de soulier. « La prochaine fois que tu sors te promener avec juste une chaussure, évite les talons, c’est pas bon pour la posture =/ Baissant les yeux vers son pied nu et son équilibre précaire, elle soupira. L’envie de retrouver son escarpin était tout sauf grandissant. De toute façon, il était bousillé. Et puis… pourquoi manquer une occasion de faire sa gamine. Étrangement, avec Sean, c’était tellement plus facile de faire l’enfant, de ne pas se la jouer femme indépendante et vieille, de faire tout simplement ses dix-huit ans et d’être elle-même. Pas que ça arrêtait la douleur du coup de poignard par son presque père… mais ça réussissait à lui changer les idées. Moue #3243 à l’appuie, elle posa une main sur sa hanche, inclina la tête, les yeux toujours humides et lança :

▬ … C’est parce que j’ai pris la fuite é.è mais contrairement à Cendrillon moi aucun prince m’a pourchassé…

Pendant qu’elle baissait sa garde, un fourbe décida de la prendre sur son dos, aussi motivé et déterminé que le cheval dans Raiponce – oui elle était certaine qu’il aurait pu la traquer en sentant le sol en cas de problème – elle ne put que pousser un petit cri de surprise et serrer ses bras bien fortement autour du cou du garçon, sans l’étrangler, pour ne pas perdre l’équilibre. Et enfouir sa tête contre celle du blond en poussant un petit soupire, fermant les yeux… pourquoi elle se sentait tellement bien là… presque calme. Sanglotant beaucoup moins intensément, elle avait laissé le sosie de raiponce la porter jusqu’à son antre! Un plan fourbe quand on y pense, il avait réussi à la déposer sur son lit, à tamiser l’éclairage comme n’importe quel pervers et elle n’avait rien vu, bien collée contre son dos pendant tout le trajet. Elle écoutait ses conneries, sans rien dire, un maigre sourire aux lèvres… Si elle pouvait ne plus bouger, figer ces instant, tout serait tellement parfait…Finalement déposée sur le lit, elle du faire face au Sean en mode accuser le matelas.« Au fait, si c’était juste pour le confort du lit, fallait le dire hein. C’est vrai qu’il est bien ce matelas <3 C’était tellement apaisant de voir qu’elle n’avait pas à s’expliquer, à donner de raison, que ça pouvait tout simplement être une connerie du moment, fondre en larme… qu’il ne demandait rien. C’était possible même, de ne rien attendre? Un petit sourire timide, comme si elle avait oublié comme sourire apparu sur son minois :

▬ … C’est Garry qui m’a dit que c’était le meilleur matelas. J’ai fais qu’écouter ses sages conseils… Ce n’est quand même pas ma faute si tu as tout de suite vu clair dans mon jeu!

Prenant place sur le lit pendant qu’un maniaque lui retirait son soulier – le prince ne devait-il pas lui remettre normalement ? Ouai bah… Sean et prince… de toute façon, elle fronça les sourcils alors qu’il tapotait un rythme sur son mollet… Hmmm… Pourquoi ce n’était pas désagréable, pourquoi ces petites étincelles qui la parcouraient alors qu’elle soupirait en se laissant tomber sur l’oreiller… Elle était bien là, enfin presque… Dans ses affaires à lui, proche mais en même temps, pas dégoutée par la proximité… « Bon, oublie pas de te brosser les dents et de bien te laver derrière les oreilles. Wowowowo! Pourquoi il se relevait soudainement hein! Pourquoi la plaquer là? Il avait été plus utile que n’importe quelle drogue en une demi-heure, elle n’avait aucun envie à ce qu’il prenne la porte. Observant le T-Shirt, et le fait qu’il partait encore tel que promis – encore! « Je serai pas loin, je vais squatter la chambre d’amis… le divan l’autre jour m’a maltraité =/ elle poussa un soupire et se releva, hésitante… Avait-elle le droit de le retenir? Et pourtant….

▬ … Sean! ……..

Elle avait attrapé le bas de sa chemise, les joues rougies, les yeux encore humides de larmes et regardait le sol… elle n’allait pas devenir SI pathétique non? … et bien... oui.

▬ … je… euh… s’il te plait… me laisses pas toute seule…

Et tirer sur sa chemise pour ne pas le laisser fuir, c’est une brillante idée? Probablement aussi stupide que sa demande…Elle se sentait si mal, si coupable d’en demander autant de lui… Lui si gentil, si prévenant, et il fallait qu’elle en abuse…Mais juste cette nuit, pour une fois, elle avait envie de savoir que quelqu’un était là. Même si le quelqu’un était un type qu’elle connaissait à peine… au moins lui, il l’appelait Sugar, lui, il ne voyait pas se femme ou un morceau de viande…lui… il était là à sa façon.. pour elle.

▬ … Je… j’sais bien que c’est ridicule de demander ça à un homme… enfin c’est même plutôt chiant et j’me fais l’effet d’une fille coincée mais… tu veux pas juste… juste…é.è me laisser dormir dans tes bras ce soir?

Quelle femme rêverait d’être trainée sur les épaules d’une blondinet, jusqu’à la demeure de ses parents et ce, en pleine nuit hein? Les demoiselles normalement, elles veulent un mec avec une bagnole, un chez lui, quelque chose de plus mature et surtout de plus tape à l’œil d’un bon vieux tour de la ville cramponnée à ses épaules…Les filles normales oui, mais Saphira elle, elle c’était largement contentée de la balade, se nichant contre lui, le minois enfouie contre ses cheveux blond, tentant de retrouver un semblant de contenance. Ça semblait tellement facile d’oublier ses soucis, ses problèmes, toutes les conneries qu’elle avait fait et qui lui reviendrait au visage dès qu’elle ouvrirait les yeux, tellement aisé de ne songer qu’au moment présent et à s’imaginer que ça pourrait demeurer aussi paisible, aussi parfait, quand le soleil se lèverait. C’était quoi son problème n’empêche… il débarquait de nulle part, avec sa guitare – où était-elle d’ailleurs en ce moment, qu’il l’ait laissé à la maison surprenait la brunette – et il arrivait à lui redonner ce ridicule sentiment que ça n’allait pas si mal… Se laissant bercer par le rythme de ses pas, elle en avait presque sourit… rentrer à la maison, elle avait attendu tellement longtemps mais personne n’était venu, pour la première fois en trois ans, elle avait quelque part où aller et pas uniquement pour retirer ses fringues! C’était tellement surréel. Tellement, que même une fois sur le lit, dans la pénombre, elle n’y croyait pas… Comment pouvait-il être aussi généreux, venir la sauver comme une princesse alors qu’elle avait tout de la femme de joie! Prétendant que le matelas était l’unique responsable de sa présence, là ,elle avait même accusé la guitare. « Han ce traître! Il avait un l’air louche ce matin, mais je savais pas pourquoi è.é » … Si elle n’avait pas été aussi lessivée et aussi crevée, elle aurait probablement sourit, mais pour la peine, elle se contenta d’hausser les épaules. Ce type devait avoir une déviance quelconque vu la façon dont il interagissait avec les objets inanimés!

▬ … Tu sais que c’est une gu….. non rien laisses tomber.

Oui voilà, secouer la tête était la seule et unique solution dans les cas comme ça. Parce qu’elle aurait beau rédiger une thèse sur le fait que son meilleur ami était un instrument de musique, elle ne pourrait pas lui faire entendre raison. Ah Sugar, c’est probablement ton premier pas vers l’âge adulte : abandonner ce que tu ne peux contrôler. Parlant de contrôle, elle était assise sur le lit lorsqu’il annonçait qu’il partait. Vraiment? Si elle ne c’était pas fait repoussé assez spécifiquement la dernière fois, elle aurait rit devant sa tentative d’être un homme correct. Ceux qui avaient abusés de ses états d’esprit plus fragile pour la mettre à leur main étaient pourtant nombreux…Mais pas Sean, il était probablement gay ou puceau certes… mais reste qu’il ne voulait réellement rien. Elle devrait mener une enquête sur ce spécimen… Pourtant, dès qu’il s’était éloigné, elle l’avait rattrapé, sans pouvoir s’arrêter… Elle n’avait aucune envie de le voir partir… Après tout… Il suffisait qu’il s’éloigne pour que le froid glacial qui la démolissait revienne, pour que l’angoisse la prenne au ventre et pour que les larmes lui remontent aux yeux. « Y’a pas de monstre dans le placard, don’t worry, j’ai mis des pièges.» … Bah on aurait fait plus perspicace, ne comprenait-il pas qu’elle voulait le voir rester… là, avec elle, qu’elle avait envie de sa présence?

▬ T’as pensé à ta pauvre mère?! Imagine un instant qu’elle se blesse en tentant d’atteindre un truc dans le placard!! Dès demain tu vas me retirer ces pièces à monstre è.é !!

… T’es au moins consciente qu’à lui faire la morale comme ça, vous avez l’air d’un vieux couple de un, et que c’est plutôt malvenu comme tu ne le connais pas trop… Roh et alors! Elle faisait assez mauviette en étant effrayée de rester seule hein! Pas besoin en prime de faire celle qui avait peur des monstres! En temps normal, c’est la dernière chose qu’elle aurait dite, le dernier aveu à franchir ses lèvres et encore, au prix de grand efforts… mais pas ce soir, ce soir, elle n’en avait rien à foutre de sa fierté à deux balles, parce que son égo ne valait pas son sentiment de perdition le plus total… Alors oui, elle avait ouvert a bouche, d’un ton mignon, pour lui demander de rester… « Tu survivras deux minutes, le temps que je passe sous la douche?» Naméo! Pas besoin de se faire materner non plus hein! S’emparant du chandail qu’il lui avait prêté, elle hocha vigoureusement la tête, espérant que sa fierté aurait raison de ce sentiment grandissant d’inconfort à mesure qu’il disparaissait dans la salle de bain. N’importe quel autre soir, elle aurait décidé de s’y faufiler, d’abuser de lui… parce que tous les hommes veulent des récompenses… mais pas ce soir. Soupirant, elle avait retiré ses fringues, les avait abandonné en boulle dans un coin de la chambre, avait enfilé le T-Shirt et c’était assise au bord du lit. Et voilà, vilaine larmes qui revenaient…

Finalement, ça faisait toujours aussi mal et le retour à la réalité était de plus en plus désagréable… Elle se hissa donc sur la pointe des pieds et explora la chambre… Elle était d’un naturel curieux et puis, avec le bruit de la douche, elle pouvait faire un brin de bruit… Et c’est alors qu’elle commis l’irréparable, elle s’approcha de la guitare qu’il trainait partout, celle à la personnalité propre… Garry. Et sans demander sa permission – il se douchait hein, pour son alibi – elle la souleva délicatement, comme pour tenter de trouver ce qu’il pouvait bien voir chez ce truc en bois. Délicatement, elle avait laissé ses doigts glisser sur le bois, sur les cordes, faisant bien attention de ne pas déclencher un son. Puis elle l’avait ramené avec elle vers le lit, se glissant sous les draps et serrant l’instrument contre elle avait mille précautions. Comme une gamine avec sa peluche…S’il aimait tant ce machin, peut-être que ça la rassurerait? Alors qu’elle était en plein sommeil en cuillère avec Garry, le blondinet sorti de la salle de bain. « Ça va, toujours en vie? » elle l’avait ramené avec elle vers le lit, se glissant sous les draps et serrant l’instrument contre elle avait avec pas grand-chose sur le dos et un mouvement de crinière digne d’une pub pour cheveux! Ce qu’elle ne manqua pas de lui faire remarquer, toujours blottie contre l’instrument paisible.

▬ Tu sais que tu pourrais faire des pub de L’Oréal? … et puis pour la survie, malheureusement… mais j’ai du lutter et me consoler avec Garry…

… Âme sensible s’abstenir! Elle avait relevé son minois vers lui, rougit comme une idiote de fille timide – aie, elle fatiguait, mais devant un corps si parfait, ne lui en voulons pas… et puis sans le pantalon moulant habituel, elle pouvait confirmer la rumeur de la gauche… Oui et donc, avec un petit sourire timide, une moue à croque, elle lui fit la grande demande, celle que tout homme rêve d’entendre!

▬ Garry… il peut dormir avec nous ?

Oh mon dieu! Avait-elle prononcé ses paroles, celles qui avaient autant de force qu’une demande en mariage? Quelle femme sensée demanderait à avoir la guitare dans le lit pour le viol… pas de viol… pas encore vous voulez dire è.é !!! Elle n’attendit pas le réponse avant de se nicher contre lui, collant son dos contre le torse du blondie boy, étrangement sereine, un bras toujours passé autour de Garry…

▬ Je dois vraiment te faire l’effet d’un boulet… je suis désolée é.è c’est promis après, je ne pleurerai plus jamais et plus jamais je t’embêterai…

Et cette petite voix vulnérable, tu veux le tuer? Bah… elle n’y pouvait rien! Ces yeux c’était encore embués alors que, bien collée contre lui, elle avait demandé :

▬ Dis… tu me serres un peu?

Une attaque sournoise de mode vieux couple, c’est tout ce qui avait été nécessaire pour que le blond prenne la fuite vers la salle de bain. Stratagème efficace dont elle prendrait note pour le futur, lorsque leurs gamins blonds seraient dans leur phase je refuse de prendre un bain. Mouhahahah! Oui non… ne cherchons pas pourquoi elle c’était imaginé avec des gosses avec ce spécimen d’homme, nous répondrons cela : aucune femme n’est immunisée à l’envie de devenir mère de famille devant un blond à la voix de dious ! Déterminée à passer le temps, et à combler ce ridicule besoin de proximité qui avait grimpé en elle dès qu’il avait quitté la pièce, elle c’était emparée de la guitare sainte et l’avait serré contre elle en soupirant. Comment pouvait-elle être aussi vulnérable et avoir l’impression que c’était légitime, qu’elle n’embêtait pas? Ne devrait-elle pas s’en vouloir de ne pas pouvoir se relever toute seule? Caressant du bout des doigts l’instrument, elle avait été tirée de ses réflexions maussades par le futur modèle de L’Oréal! D’ailleurs, elle lui avait fait remarqué, détaillant au passage ce que la serviette ne masquait pas, ne se doutant pas une seule seconde qu’elle mettait le doigt sur le rêve ultime d’une blondie. « Je sais *0* j’ai failli être pris pour une pub l’an dernier, mais ils ont préféré prendre un type aux cheveux noirs à la place è.é » … Devant tant d’enthousiasme, quelqu’un de normal aurait commencé à rire, aurait souligné sa naïveté, tout sauf comprendre cet air outré devant la préférence pour les cheveux sombres…Mais Sugar avait tout d’une fille équilibré, à quelques points près… Serrant les poings, elle releva son minois vers le blond et protesta :

▬ HAN! Aux cheveux noirs! Pas possible, pas le moche qui a sans doute du faire chuter les ventes de shampooing?! Malheur! Han!! Je sais! Je demanderai au coiffeur de plateau – à mon boulot – de te faire un brushing d’enfer pour ta prochaine audition *0* !!.

Et tu l’encourage sur cette pente parce que..? L’inspiration du moment…Resserrant un peu plus Garry contre elle, elle avait préféré ne pas s’enfoncer d’avantage sur son histoire de boulot. Parce que okay, dire qu’elle était actrice, c’était classe mais admettre qu’elle jouait dans les films pour adulte… une toute autre chose. D’ailleurs, en parlant de film pour adulte, elle manqua de s’étouffer lorsque le blond réagit à sa proposition de partager le lit avec Garry par un blasphème : « Je te pensais pas adepte du threesome… » Une quinte de toux plus tard, elle le fixait avec les yeux exorbité, tapotant son propre torse comme pour encaisser des mots qu’elle ne pensait jamais entendre. Et pendant qu’elle vivait son traumatisme, il continuait sur sa lancée, comme si rien n’était déplacé… « Et je sais que c’est triste, mais Garry… il est guitarophile… t’es pas trop son type de prédilection =/» Gay… il devait être gay pour l’avoir repoussé l’autre soir, parce qu’avec un tel vocabulaire, difficile de croire qu’il soit puceau… à moins que? Oui bon… peut-être qu’il était sans expérience et qu’il avait tout simplement appris ce genre de vocabulaire en écoutant des films pour adultes?! Oh mon dieu! Cette théorie était encore plus troublante, si ça se trouve, il savait qui elle était depuis le tout début, depuis la première seconde et c’était précisément pour cela qu’il n’avait rien voulu… Arg! Oui, elle se cassait la tête, toujours est-il que devant l’air beaucoup trop innocent du blond, elle pris une moue boudeuse en lança, tout bas :

▬ … je pensais pas que tu connaissais ce mot.

Sans qu’elle puisse se prendre la tête plus longtemps, il avait niché sa tête dans le cou de la demoiselle, la serrant un peu plus contre lui, ce qui étrangement, suffit à détendre sa pauvre petite personne en pleine crise de larme. Ses doigts avaient quittés Garry un moment pour venir se poser sur les mains du blondinet, se callant un peu plus contre lui, avec un petit sourire en coin, osant quand même s’excuser pour ses larmes. « Dis pas ça. De toute, les filles ça pleure tout le temps. » … Si elle aurait pris les nerfs à n’importe quel autre moment, elle se contenta de fermer les yeux, de soupirer un bon coup et de profiter de la proximité du musicien. Pourquoi avait-elle tellement besoin de lui? Elle c’était bien débrouillée, toutes ses années sans son John Smith non? « Et pis ça me dérange pas, tu sens bon. » … Pourquoi était-il si gentil? Pourquoi la rassurer comme ça? Elle aurait presque préféré qu’il se mette en colère, au moins, ce genre de réaction, elle y était habituée. C’était d’ailleurs troublant qu’il l’accepte même quand elle était aussi…méprisable. Et puis d’ailleurs, dans un soupire, elle se justifia :

▬ Pas moi. C’est bien la première fois que je pleure comme ça… en… en toute une vie! Ou alors depuis très très très TRÈS longtemps!

Fermant les yeux, laissant le rythme du coeur blondie la bercer vers le sommeil, elle était tout simplement …bien. Si le monde avait pu s’arrêter à ce moment là, nul doute que son univers aurait été parfait… d’ailleurs, avec un petit sourire amusé, les larmes ayant temporairement arrêté, elle se moqua d’une petite voix :

▬ Au fait… je vais réviser ma décision pour être ta femme indienne…

Avant qu’elle le demande en mariage pourtant, il s’était redressé, bien déterminé à lui montrer son magnifique achat…Un chappeur? « Awwww… la lumière… Je me suis installé un truc trop classe, regarde ça *0* La classe hein ~» Jamais elle n’avait vu un truc aussi ridicule, une pire décision de dépense… en même temps, au fric qu’elle flambait en drogue… Elle se contenta de secouer la tête et de se recoucher, si près, doutant que son cœur puisse battre plus rapidement…Mais HAN! Le fourbe à la voix de dious n’avait pas si son dernier mot, avant qu’elle puisse tomber dans le sommeil, tout oublier et rester détachée de lui, ne pas être totalement accro, il avait commencé à chanter tout bas…Pour elle? Qui sait… ça suffisait à calmer ses angoisses, à affoler sa pompe à sang… Et sans qu’elle ne sache trop pourquoi, elle avait pivoté un peu, pour lui faire face :

▬ Sean…

Un petit sourire timide dans l’obscurité, une main qui glisse jusqu’à ses mèches blondes et, dans un soupire un :

▬ Merci.

Le remercier? Elle était dingue? Sugar, reconnaissante? Oh vous n’avez pas tout vu! Avant qu’on puisse la faire enfermer, ou sans qu’elle puisse se contrôler, elle avait très délicatement poser ses mains sur les joues du jeune homme, approchant son minois de lui pour poser sur ses lèvres un baiser doux, trop doux, rien d’agressant comme le premier soir, pas de tentative de viol… non… juste un baiser presque tendre… sans qu’elle ne sache trop pourquoi. Simplement parce qu’elle avait envie d’être près de lui, plus que tout le reste…

C’était possible de dormir aussi profondément et sans crainte d’être dérangée? Et bien, nous répondrons à cette question par l’affirmative, parce que toute femme qui se respecte ne pourrait que trouver le sommeil contre un chevalier blond! Bon, peut-être pas le sommeil, car les pensées impures seraient omniprésentes, mais comme Saphira avait eu une rude nuit, le tendre baiser et les bras autour de sa petite silhouette frêle suffirent à la plonger dans les bras de Morphée sans qu’elle ne le remarque. Avait-elle rêvé tout ça? Non parce qu’en dix-huit ans, personne ne l’avait jamais aussi simplement enlacé, sans rien demander en retour…ça devait être un rêve, une stupide illusion qui la rendrait bien nostalgique au réveil, voilà, rien de plus. C’est d’ailleurs pour cette raison que, lorsque son pauvre petit corps commença à s’éveiller, elle se força à garder les yeux fermés, à profiter de ses bras autour d’elle, de ce torse qu’elle avait pris comme oreiller et qui se soulevait au rythme des respirations d’un illustre inconnu. Si elle rêvait, alors elle préférait ne pas s’éveiller tout de suite, profité de cette chaleur qui se rependait dans son corps. Ça ne lui arrivait pas souvent, voir jamais, d’ouvrir les yeux avec la certitude que ça serait une bonne journée…Normalement, c’était toujours pareil, un genre de déception de ne pas avoir quitté cette terre…mais pas ce matin là, étrangement. Elle c’était nichée un peu plus près de cette source de chaleur, se fichant bien que ça appartienne à un bridé ou un vieillard en ce moment, l’important c’était l’effet apaisait sur sa petite personne.

Mais comme toutes les bonnes choses ont une fin, un maudit cadran la sorti de ce petit cocon de bonheur et elle sentir l’étreinte se défaire. Luttant pour conserver l’impression, elle ne daigna pas ouvrir les yeux, pas une seule seconde, attendant, comme si elle voulait dormir encore, profiter encore… Et ça valait la peine de tenter un retour au sommeil car l’instant d’après, elle sentait à nouveau ses bras la serrer et…..« Bien dormie ma princesse indienne? » Minute… On lui parlait pendant son sommeil? Bon c’était possible mais, pourquoi un frisson avait parcouru son échine, pourquoi elle avait eu l’impression de VRAIMENT sentir un souffle contre son oreille? L’idée qu’elle soit encore avec un crétin au petit matin – rien de nouveau dans son monde – la frappa et elle daigna chialer, comme une gamine, en se recroquevillant un peu plus entre les draps. Il faudrait bien ouvrir les yeux et constater quelle connerie elle avait pu faire la vieille en étant totalement défoncée. Après un sosie d’Elvis durant un voyage à Vegas, rien ne pourrait plus la surprendre…. Se redressant un peu, elle se plaignit d’une petite voix, avec une moue trop adorable :

▬ … Hmmm…. J’ai pas envie de me lever… je…

… T’es tellement choquée que t’en oublis tes mots? Non c’est pas ça c’est plutôt…Même avec un seul œil ouvert, son compagnon de couchette était canon…. Avec la barbe et le look de surfer …….attendez … mais c’était un surfer! Un Sean des îles mêmes ! O.O! MAMAMAMIA! … Se pourrait-il qu’elle ait pris sa virginité sans en avoir le moindre souvenir? Dévisageant le jeune homme, elle eut cette ridicule image du baiser, si doux, trop doux, et ses doigts sur ses propres lèvres, comme pour tenter de savoir si elle avait imaginé ça ou pas… Et puis, à voir la tête qu’il avait, le fait qu’il était là… juste trop mignon, et qu’il avait encore un bras autour de sa petite personne même si elle c’était relevé en vitesse, elle fit le truc le plus improbable pour une star triple x! Qu’est-ce? Dites nous tout! Et bien… elle rougit, oui voilà, soudainement gênée de se retrouver dans le lit d’un mec qui avait peut-être trop d’importance… timide à l’idée qu’il la déteste pour sa faiblesse, ridicule à l’idée d’avoir pleurer dans ses bras… et pourtant, avec un sourire stupide aux lèvres parce que son cœur avait manqué un battement en le remarquant à ses côtés au réveil. Reprenant pourtant ses esprits une seconde plus tard, elle avait soulevé la couverture, pour confirmer que fringues il y avait…

▬ WOWOWOWOW. O.O Pourquoi j’suis dans ton lit?! Je…

… Dormir? Ils avaient juste dormis? Ce mec était impuissant…. Ou alors il était plus fourbe et brillant qu’elle ne l’aurait cru et il lui avait remis ses fringues pendant qu’elle dormait, pour se donner l’illusion du bon gars! Ouai c’était ça, nul doute, aucun homme ne pouvait résister à son corps et …. En était-elle certaine? Elle reposa son regard sur le professeur de musique avec toujours cette ridicule envie de sourire et cette pompe à sang au battement irrégulier. Elle, attachée à lui? Pffff, et puis quoi encore! En bonne disciple de fourberie qu’elle était, elle avait croisé ses bras, prenant une mine boudeuse en lançant, mi moqueuse :

▬ è.é c’est vraiment très impoli de dormir avec une femme et de ne même pas l’inviter à sortir…

… Et tu roules les yeux parce que? Pour rien!
Comme si elle était totalement chez elle, elle c’était levée et avait fouillé dans les tiroirs du jeune homme, lui balançant des fringues comme toute bonne femme au foyer ferait :

▬ Enfile ça, tu vas être en retard au boulot!

Et puis, profitant que la conversation tirait à sa fin vu l’urgence qu’il avait d’aller chanter pour des mioches, elle en profita, usant d’un moment de faiblesse pour proposer, comme si c’était l’idée la plus altruiste du siècle :

▬ J’vois pas d’autre solution. Pour sauver mon honneur et mes chances de me marier un jour… on vas devoir avoir un rencard. Et à Halloween, parce que j’ai envie de fêter Halloween!