« Où t'as vu que ton corps c'était public?! »

ft. Innocent Cooper & Hanna McConry

Une journée épuisante venait de s’achever et le soleil était déjà couché lorsqu’enfin, notre blondinette poussa un soupire de soulagement. Elle pouvait enfin aller se reposer. Mine de rien, son boulot dans une animalerie, à s’occuper d’un tas d’animaux adorables mais qui lui rappelaient trop de mauvais souvenirs était épuisante. Non pas qu’elle ait spécialement beaucoup de tâches ou qu’elles soient d’une complexité alarmantes mais…pour les dernières cinq années, elle avait quand même passé sa vie à se faire dorloter, cajoler et à n’avoir d’autres soucis que l’emplacement de son bol de nourritures. Et la voilà maintenant, forcée à compter une caisse sous l’œil vigilant de l’autre vendeur qui semblait rudement intéressé par son décolleté et son minois d’ange. D’ailleurs, lorsqu’elle s’étira sans grande retenue, roulant les épaules comme un félin après une bonne sieste, elle releva la tête pour remarquer qu’il l’observait avec insistance. Bon… ça ne la choquait pas outre mesure, elle était de 1. Insensible à toute tentative d’approche par la gente masculine et de 2. Habituée à ce genre de comportement puisqu’en tant que chatte, elle avait très souvent scruté des gens… Remarquant qu’il ne bougeait pas, elle pencha la tête comme pour l’inciter à parler. Non mais! Elle n’avait pas que cela à faire, attendre après lui, elle avait un pédophile à torturer!

▬ Et voilà! On a enfin terminé… euh dis…Hanna’…
▬ Eh? C’est quoi cette tête?
▬ Bah je me disais… tu ne voudrais pas…aller prendre un verre?
▬ Awww je suis crevée moi ~ et puis mon maître m’attend!

Comme si sa déclaration était des plus normales, elle lui fit un petit signe de main, devant ses yeux exorbités et sa tête d’ahuri et quitta la boutique. Il devait sans doute la prendre pour une masochiste fétichiste, le genre à fréquenter des conventions bien différentes d’Otakuthon mais elle s’en fichait bien! Ce soir, elle allait se rouler en boule sur le lit du pauvre Innocent – wow le jeu de mot – et lui demander de lui gratter la tête pendant qu’elle se reposait. *0* Et qui sait, elle lui aurait probablement tellement manqué qu’il serait d’accord pour lui ouvrir une cane de thon et lui faire chauffer un peu de lait! Excellent. Mais surtout, oui surtout, elle n’aurait pas à garder sur elle cet uniforme dégoutant qui pique et qui colle…Une des choses dont elle avait eu le plus de mal à se réhabituer, après sa transformation, avait été le port des fringues. C’était lourd, emmerdant, et elle aurait de loin préféré se sentir libre et nudiste. =o= Bon quand on passe d’une lycéenne douteuse à ça…. Vive l’évolution! Trottinant joyeusement dans les rues, elle se dirigea en direction de sa piaule d’adoption. Non mais… vous ne croyez quand même pas qu’elle avait un appartement à elle? Elle était irresponsable, totalement irresponsable, pour cause de vie d’animal domestique pendant trop longtemps, faire les courses, s’alimenter, payer les comptes… c’était au-delà de ses capacités et pour la peine, elle imposait son agréable présence au pauvre garçon qui avait eu le malheur de l’adopter quand elle était encore une féline.

Sans la moindre gêne, et bien habituée à faire comme chez elle, elle s’était faufilée à l’arrière, grimpant jusqu’à la chambre de son « maître » comme si c’était la chose la plus normale à faire. Elle était tout sourire, sans trop savoir pourquoi d’ailleurs, son pauvre petit cœur loupait un battement en pensant qu’elle allait le voir… Étrange ce genre de sensation, les papillons dans l’estomac, la jalousie, elle avait de bien drôles d’idées depuis qu’elle était humaine à nouveau…Sans doute un effet secondaire du sort? Bref. Elle soupira en remarquant que la chambre était vide, un gros soupire, et l’instant d’après elle se laissait tomber sur le lit avec une moue boudeuse. Elle voulait manger, elle crevait de faim èoé et il n’était pas là pour s’occuper d’elle. Quel gougeât! Baillant, elle se mit à fouiller dans les tiroirs pour se venger, attrapant finalement un T-Shirt de l’absent. Bah quoi? Il lui avait ordonné plus d’une fois de ne pas se balader à poil chez lui, okay, mais elle n’avait pas à endurer cet uniforme plus longtemps! Jetant sans ménagement chaussures, bas, et toutes ses fringues sur le sol – sans exception, elle enfila le grand chandail dans lequel elle flottait et qui lui faisait limite une robe de nuit, et se roula en boule sur le lit, attendant comme un véritable chat. Une position bien mignonne certes, puisqu’elle était directement comme les félins, les oreilles en moins. Baillant une fois de plus, elle ferma les yeux, bien décidée à attendre…. Jusqu’à ce qu’une baleine – pardon une conquête – la bouscule et la tire du sommeil. En mode parano, elle se retrouva assise en trois secondes en montrait les crocs de façon ridicule vu sa taille et son apparence…« Ce n’est pas ce que tu crois, elle c’est mon... C’est mon chat. » Hochant fièrement la tête comme pour approuver Innocent, elle ne pu que lever un regard mauvais vers la fille qui avait osé le frapper! OSER LE FRAPPER! Tendant le bras comme pour le griffer, elle n’attrapa que le vide car l’intru était partis, sous le regard atterré du propriétaire des lieux. « Ça, je ne l’avais pas mérité. » L’attrapant par le bras pour le forcer à s’assoir au pied du lit, elle se frotta tendrement la tête contre son bras, tel un chaton pour demander, d’un ton mielleux :

▬ Diiiiiiis………..c’était qui ELLE !!

Et vlam, revoilà la fourbe, la démoniaque Hanna à l’œuvre. Elle le fixait d’un air mauvais, sans trop comprendre la pointe de jalousie qui naissait en elle. Elle aurait eu envie de lui arracher les yeux pour avoir osé regarder une autre fille! De lui découper la langue pour avoir fait de l’exploration anatomique! Mais elle se contentait de le fixer, furieuse, comme une fille jalouse… comme… comme un félin à qui on pique son bol de viande! Dans une chorégraphie de mouvement fluides comme seul un chat pourrait le faire, elle se retrouva à grimper sur lui, le fixant de ses prunelles bleus avec une certaine… rage. Puis, en tant que peste, son regard se fit joueur, amusé, alors qu’elle constatait l’étendu des dégâts : des vêtements défaits, des marques de rouge à lèvre…Son sourire était plus provoquant, plus… fourbe. Oh qu’elle lui ferait payer!

▬ T’as eu envie de jouer avec une autre alors? De la ramener jusqu’ici? Jusque sur MON territoire? Hmmm…. Mais là elle est partie… c’est vraiment triste… tu veux peut-être que je prenne sa place?

Et tes ongles dans ses bras pendant que tu dis ça? Vengeances avons-nous dis!

« Naméo! La fermes tu m'appartiens !»

ft. Innocent Cooper & Hanna McConry

La jalousie… était-ce possible pour une fille comme elle, sage, sans histoire, sans réel soucis à savoir si elle allait être en couple plus tard ou si son petit ami lui serait fidèle, une fille qui avait été aussi lâchement trahie et transformée en chat et qui depuis embrassait l’indépendance et la solitude avec joie, puisse avoir ce pincement au cœur à ne serait-ce que surprendre son maître avec une autre femme? En pleine exploration buccale? Certainement pas! Et pour cela, elle tentait de faire taire ce sentiment ridicule qui n’avait pas sa place. Elle n’était pas dans ce genre de relation avec Innocent après tout… il était… Au fond elle ignorait bien quel genre de relation elle avait avec lui depuis qu’elle avait retrouvé l’usage de ses deux jambes, elle ne s’était jamais barré de se le demander. Pour elle, ça avait toujours été clair qu’il serait là pour la nourrir, pour veiller sur elle pour… un peu comme un grand frère? Qui sait… est-ce qu’on regarde un grand frère avec des yeux remplis d’admiration, de passion de…non. Inutile de mettre un mot là-dessus, elle le savait très certainement, dès la minute où elle l’avait aperçu, dans la pénombre, passer ses mains sur cette autre poufiasse, qu’il n’avait jamais et ne serait jamais un grand frère. Elle le savait aussi certainement qu’elle aurait aimé être cette fille, pas parce qu’elle adorait qu’il déplace ses mèches de cheveux pendant qu’elle s’allongeait, comme une féline… non, parce qu’elle aurait aimé lui donner ce genre d’envie, tout simplement. RAAH! Que c’était compliqué! Tout ce dont elle pouvait témoigner pour les temps présent, c’était de la fureur que la vision avait fait naître en elle, de la désagréable sensation que cette fille avait posé ses mains sur quelque chose qui lui appartenait à elle, et qu’elle devait se lancer dans la compétition si elle ne voulait pas le voir fuir avec une autre idiote. Grimpant sur ses genoux, elle avait enfoncé ses ongles dans sa peau, le fixant avec un air grave. « C’était une fille, tout simplement. Hanna, enlève tes ongles de mon bras s’il te plait. » Retirer ses ongles? Et pourquoi pas… non?

Son regard s’était posé sur la chemise détachée du pauvre loup, sur ses cheveux en bataille et son air s’était crispé dans une adorable moue mi-timide mi-jalouse. Elle le fixait comme si elle n’arrivait pas à trouver la réaction appropriée. Et cette odeur, le parfum bon marché de cette idiote qui lui collait à la peau à SON Innocent. Plissant le nez comme un félin, elle n’était pas prête à le laisser s’en sortir, même pas s’il usait ses tentatives d’amadouer la peste avec du lait. « Tu ne veux pas un bon verre de lait chaud à la place ? » Ça serait tellement plus simple, dire oui, oublier tout… mais elle n’en avait pas envie. Elle avait légèrement relâché sa poigne, uniquement pour replacer ses cheveux comme si elle coiffait un mannequin avant un défilé, tentant de retirer chaque dégât fait par cette fille. Elle devait se faire violence pour ne pas lui mettre une claque, quelque chose en elle hurlait et s’effondrait. RAH! Ce qu’elle détestait se sentir ainsi et ne pas savoir pourquoi. Tout était tellement confus dans sa tête depuis qu’elle avait repris forme humaine. Ne devait-on pas faire se genre de chose uniquement avec quelqu’un dont on était amoureux? Alors Innocent… il était amoureux de la fille qui venait de prendre la fuite? Tant de question qui resterait sans réponse alors qu’il parlait, tentant pour la énième fois de la faire changer d’avis. « Puis elle c’est rien, tu sais bien que je t’adore Kitty, la preuve si tu me lâche je vais aller te préparer une bonne canne de thon ! » Déjà, elle n’écoutait que d’une oreille et commença à lever le ton contre lui. Il avait osé la pousser sur le lit et elle s’était assise, attentive mais toujours aussi furax :

▬ N’essais pas de m’amadouer! Je vois clair dans ton jeu, tu veux me faire oublier que cette trainée a touché à MON maître! Mais je ne suis pas dure je……….*0* Du thon?

Sauf qu’évidement, son estomac la perdra. Hey! On aimerait bien vous y voir nous, elle a quand même vécu comme animal domestique, c’est normal qu’elle n’ait pas le même sens des priorités que la race humaine en général. N’attendant pas qu’il change d’avis, elle le poussa vers la porte, ne se souciait guerre de sa tenue peux décente. Il lui donnerait son poisson où elle jure qu’elle se ferait les griffes sur sa literie… Prenant à nouveau place sur le lit, elle afficha un sourire en pensant au goûté qui arrivait et profita de l’absence d’Innocent pour fouiller dans la table de chevet et en sortir…NON?! Des capotes? Ah si seulement, dans un instant, il reviendrait et la supplierait de sortir des préservatifs et de l’abuser… tout sauf… les petites fioles rouges, une dizaine, qu’elle avait fièrement posé sur le lit comme un butin, s’allongeant de ton son long en l’attendant. Une vraie minette fière de sa chasse, qui rapporte un trophée à son maître. Lorsqu’il remonta enfin, la précieuse boite de thon en main, elle lui arracha limite des mains et la serra contre elle, telle un golum avec l’anneau unique. C’est qu’elle n’avait pas mangé de la journée… il avait encore la responsabilité de la nourrir quoi…

▬ Donnes! Pshhhhhhhh! Au fait, j’ai une surprise pour toi! Normalement je dois le cacher mais… cadeau!

Tendant le bras, elle désigna le morbide petits tas de fioles de jus de vampire qui trônait sur le lit du loup-garou. Je vous l’avais dit… son second nom, c’est emmerdes!

▬ Tadaaaaaaaaam!

« Tu sais moi, je me damnerais pour toi ~ »

ft. Innocent Cooper & Hanna McConry

Une partie d’elle-même refusait de comprendre, d’assimiler qu’il puisse avoir envie de ne serait-ce que d’approcher une autre femelle. Après tout, c’était improbable que cette ridicule envie de le posséder tout entier ne soit pas réciproque…non? Hors de question qu’elle soit la seule idiote aussi jalouse, aussi ridiculement attachée, parce qu’elle serait plus que pathétique si c’était le cas et c’était une faiblesse qu’elle n’était pas prête à s’accorder. Après tout… elle et les hommes, ça faisait deux. D’aussi loin qu’elle se souvienne, il n’y avait eu que Jason, toujours et encore lui, les autres elle les voyait à peine. Alors comment pouvait-elle avoir le même genre de pincement au cœur, le même genre d’envie de glisser sa main dans la sienne et simplement de profiter de sa présence. N’avait-elle pas assimilé la leçon de la façon dure? Les gens vous trahissent, les gens vous abandonnent et ce, même quand ils jurent avoir pour vous de l’affection. Ne s’était-elle pas promis de ne plus jamais sombrer dans cet enfer de naïveté qui l’avait tant blessé la première fois. Sans parler du cœur brisé, elle avait quand même loupé cinq bonnes années et désormais, sa famille, ses amis, tout lui avait été arraché. Ses parents la pensaient morte et elle avait perdu la moindre bribe de ce qui lui avait un jour appartenu. Elle venait tout juste de se relever de ce choc, elle n’allait quand même pas risquer le peu qui lui restait… non? La logique dirait non… mais la façon dont elle enfonçait ses ongles dans sa peau, le regard qu’elle lui jetait, jaloux, furieux, et quelque part, brillant de cette petite angoisse qu’il se lasse d’elle maintenant qu’elle n’avait plus d’oreilles pointues disait tout le contraire. Finalement dégagée de lui, elle l’observait alors qu’il lui faisait remarquer qu’elle n’avait plus rien d’un félin. « Mais Kitty, tu n’es plus un chat. » Son petit poing s’était resserré sur la douillette alors qu’elle le dévisageait. Notre boucle d’or avait toujours eu du mal à dissimuler ses émotions, c’était inutile sous forme animal après tout. La voix un peu plus tremblante qu’elle ne l’aurait voulu, elle avait lancé :

▬ Et alors hein? T’es quand même à moi toute seule! Juste à moi et rien qu’à moi! Et puis j’ai un nom hein! C’est Hanna! T’as intérêt à t’en souvenir même si t’as pas envie de localiser mes amygdales à moi!

C’était quoi cette note blondy? Raaaah! Mais fichez nous la paix, on ne l’assumera jamais qu’on a rien contre une exploration touristique avec Innocent! Heureusement pour sa peau, il avait filé à la cuisine cherché de quoi calmer la tornade qui menaçait de démolir sa chambre et de lui arracher la tête! C’est qu’elle détestait ces vagues qui la possédaient sans prévenir, ce genre de chamboulements émotifs qui lui revenaient sans qu’elle ait souvenir de les avoir un jour contrôlé. C’était tellement nouveau, tellement étrange après toutes ses années, de le voir comme autre chose qu’une banque alimentaire. Avant, c’était tout normal de se blottir contre lui, de grimper sur ses genoux… ce sentiment de sécurité, de calme, ça n’avait pas passé, mais c’était comme si, retrouver sa vie avec deux jambes et des boucles l’empêchait de le regarder avec la même innocence qu’avant. Il devait bien le remarquer aussi non? Il n’y avait qu’à voir les regards traumatisés qu’il lui avait tiré quand elle avait fait comme à son habitude et erré sans fringues dans la maison. Sortant de quoi – elle le croyait du moins – le calmer, elle avait jeté des fioles sur le lit et, tel un félin qui rapporte fièrement sa chasse à son maître, elle attendait. Enfin… assez pour voir son regard changer, passer de limite doux en la voyant s’emparer de la cane de thon, à angoissé… furieux? Glups. Laissant tomber son butin, elle s’était approché de lui, à plat sur le lit, relevant son minois pour l’observer d’en bas. En un vieux réflexe, elle avait chassé une de ses mèches sombres de la main, comme un chat qui voudrait jouer. La moue déçue, elle écoutait : « Pourquoi est-ce qu’il y a ça dans ma chambre? Tu n’en consomme pas au moins ? Kitty, dis-moi que tu n’y as pas gouté. » Pourquoi tant de panique? Elle ne comprenait rien mais… disons que la situation générale lui filait une boulle d’anxiété dans l’estomac. Un peu comme quand Sio’ a la brillant idée de lui prélever des bouts de peau…

▬ Bah non! Ça a une odeur dégoutante… morte! J’aime pas du tout, faudrait être un malade ou un vampire pour aimer ça! Mais… enfin… ça vaut cher il parait… alors je me suis dis… que tu pourrais le vendre pour payer ma nourriture? Et puis… après… je pourrais rester ici… avec toi?

Forcément ,elle ne faisait pas de cadeaux sans raison… Mais dans son cerveau qui refusait d’assimiler le fait que c’était sa taille le problème, elle c’était dit que si elle rapportait de quoi faire vivre son maître, un fruit de chasse ou de l’argent, il n’y aurait aucun problème pour elle à vivre au pied de son lit et à se nicher contre lui pendant son sommeil… Ouai, le hic était tout autre mais, encore là, explications il fallait pour qu’elle capte! Saisissait une fiole pour l’agiter devant ses yeux, sourcils froncés, elle tenta de se remémorer. Il avait l’air sérieux, mieux valait ne pas mentir… Y goûter… Bah… juste une fois… avec Sio’ mais… c’était une piqure!

▬ À bien y repenser… l’autre jour…. Elle m’en a peut-être injecté rien qu’un peu… mais alors vraiment pas beaucoup hein…

Elle? Bah, hors de question de le dire ! Elle avait juré anonymat à sa tortionnaire et amie, pas question de la dévoiler. Profitant de la mine angoissée du brunet – on est fourbe où on ne l’est pas – la demoiselle s’était approché, posant sa tête sur ses genoux, allongée sur le dos sur le lit, attendant un quelconque signe, inconsciente au plus haut point de la gravité de la situation.

▬ C’est grave dis? Je vais devoir aller chez le vétérinaire é.è ?? J’ai pas envie moi! J’veux pas y aller je vais bien!

Pourquoi tout était toujours compliqué avec les hommes hein? Ne pouvait-elle pas simplement les regarder comme des extra-terrestre et ne pas se torturer l’esprit comme ça? Une chose est certaine, elle aurait aimé. Se sentir aussi possessive, aussi jalouse de tout ce qui approchait son maître était un tempérament tout à faire normal quand elle était encore une boule de poil… mais maintenant, c’était juste ridicule, elle se sentait méprisable d’avoir envie de torde le cou de toutes les greluches qui l’approchaient et c’était une sensation qu’elle ne s’expliquait pas. Pendant qu’il filait à la cuisine cherché de quoi se faire pardonner, elle s’était torturé l’esprit en soupirant. Elle ne pourrait pas dire sans mentir que l’idée d’être plus qu’une amie avec Innocent ne lui avait jamais traversé l’esprit… mais de là à dire qu’elle voulait que tout changer? Non… c’était sécurisant de la façon dont les choses se déroulaient pour l’instant… Elle préférait ne pas trop creuser, c’était la meilleure façon pour être déçue. Et de toute façon, elle avait regardé les bimbos choisies par Innocent pour autre chose que leur QI, elle ne collait pas vraiment au profil… Assise sur le lit, elle avait attendu qu’il revienne pour dévorer son gouté et lui offrir le résultat de sa « chasse ». Elle qui s’attendait à une réaction pleine de bonheur et de surprise, elle ne se mérita que le choc. Son pauvre maître semblait être devenu un spectre devant les fioles. C’est tout juste s’il n’avait pas fait une crise cardiaque… Mais fidèle à lui-même, il avait prit un ton doux pour la réprimander. Une partie d’elle-même se demandait s’il avait souvenir de ses attaques sournoises de chat griffés. Peut-être avait-il toujours peur qu’elle s’en prenne à lui comme la boule de poil hargneuse qu’elle avait été? « Hors de question qu’on participe au trafic de ça, c’est trop dangereux. Puis Hanna ce n’est pas l’argent le problème tu le sais bien... »… Les yeux ronds, son petit nez plissé sous l’effet de la concentration, elle le fixait avec un air septique.

▬ Dangereux? Tu veux rire… c’est qu’une fiole avec un liquide dégoutant à l’intérieur. Ça sens super mauvais… je vois pas en quoi un machin rouge peut être risqué… et puis, si c’est pas l’argent le problème… c’est quoi? é.è Tu ne m’aimes plus comme avant? Tu veux adopter un autre chat?

Ça avait sonné un peu plus agressif qu’elle l’avait voulu et elle avait finalement soupiré. Ne pouvait-il pas comprendre que l’idée même de devoir se trouver une autre place ou vivre l’angoissait au plus haut point? Elle avait du mal à tenir un chiffre de huit heures dans un boulot tout simple, comment pouvait-il lui demander de se trouver un appartement, de payer des factures…Elle en était tout simplement incapable. C’était trop de réalité, trop vite! Son minois avait une seconde affiché de la pure panique alors qu’elle changeait de sujet, avouant qu’elle avait déjà testé le jus de vampire. Horrible expérience qui – elle l’ignorait encore –aurait gâché sa vie à tout jamais de pas un message douteux sur une boite vocale. =.= Autant se suicider maintenant. Loin d’être dupe pourtant, le loup demanda aussitôt : « C’est qui ‘elle’ ? » Aie. De base, Hanna et le mensonge, ça fait deux, il n’y a pas plus honnête qu’elle et, même quand elle tente de cacher les choses, pire menteuse. Pour la peine, elle tortilla une mèche de cheveux, fuyait le regard de son maître et gardait le silence. Il fallait penser à un moyen de ne pas nommer son amie. Après tout… elle avait promis. Mais avait-elle déjà réussi à garder un secret? À cacher un truc? Surement pas à Innocent, c’était son tout puissant donneur de canne de thon et surtout, elle avait oublié comment être une humaine fourbe… elle était sage… et même en essayant. D’une voix pas trop assuré, elle avait commencé :

▬ C’est… personne. J’ai promis de pas le dire… je ne peux pas le dire… je ne veux pas le dire… Sio’ elle va me punir si j’te le dis……je……MERDE!

Aie aie aie. Elle serait dans de beaux draps quand elle verrait la rouquine pour la prochaine fois. Mais à quoi bon s’en formaliser à l’avance hein? Nerveusement, elle c’était mordu la lèvre en évitant tout contact avec Innocent. Au mieux, il ne poserait pas plus de question en voyant combien ça la mettait dans un état pas possible de penser avoir trahis la confiance de sa bien-aimée doctoresse. Heureusement pour elle, la conversation avait dévié sur le vétérinaire. « Ne t’en fais pas, tu n’iras pas voir le vétérinaire. » Soupire, soulagement, elle préférait de loi parler de ce maniaque que de ses problèmes à tenir sa langue… Langue… ouai. À croire qu’Innocent avait retenu plus de leur discussion qu’elle aurait aimé! « Par contre, il ne faut plus que tu y touches et surtout que tu n’en ramène plus chez moi. C’est mauvais ce truc, sans compter que c’est dangereux. Puis... comme ça tu as envie que je localise tes amygdales ? » … Hanna, ne dénote pas, ignore… ne rougis surtout pas!

▬ …Tu sais c’est pas si dangereux que ça. L’autre jour, quand on a fait le test, j’ai été obligée de me couper le doigt. Et puis ça l’a soigné tout seul, pouf! *0* !!! Et puis mon amie, elle pense qu’elle va sauver les gens avec ça. C’est bien alors no---------amygdales ?! O_O

…
Trop tard. Dès le moment où il avait pris cet air moqueur, alors qu’elle était allongée sur le lit, la tête sur ses genoux, les yeux clos un moment en profitant des caresses, elle avait écarquillé les yeux en rougissant furieusement. Maudites joues qui n’écoutaient personne! Troublée, elle s’agita un peu ,sans se relever pour autant :

▬ Je…je……..eh… mais je sais elles sont où …mes amygdales è////é !!!! Je disais ça comme ça……….c’est pas comme si j’avais envie que tu m’embrasses… je… j’suis pas une fille de joie moi! Pfff!

Ouai, même pour te rattraper… c’est nul. Bah on aimerait bien vous y voir! Dans un élan de timidité – et également avec un besoin pressant de s’excuser à Sio’ et de ne plus jamais parler de jus de vampire, elle se redressa et attrapa son sac qui trainait sur le sol.

▬ Mais bon, comme j’te dérange…. J’vais rentrer alors. è.é J’ai un autre maître qui me laissera surement son lit!

… Et tu te barres comme ça?
Ouai. Ne surtout pas le laisser voir qu’il était important! Les chats, c’est indépendant!